Le quorum de 50% de participation au référendum sur l'avenir des plateformes pétrolières offshore en Italie n'a pas été atteint avant-hier, ôtant une épine du pied du chef du gouvernement, Matteo Renzi, qui avait appelé à l'abstention. Une heure et demi après la clôture des bureaux de vote avant-hier soir, les chiffres quasi-définitifs du ministère de l'Intérieur faisaient état d'une participation d'environ 32%. Obtenu par les régions où se concentrent ces plateformes offshore, ce référendum portait sur la durée d'exploitation par des compagnies pétrolières de gisements situés à moins de 12 milles (22 km) des plages italiennes, dans des zones où la faune et la flore marine sont protégées. Ces dernières semaines, un véritable front du oui à une limitation dans le temps de ces concessions s'était forgé, allant des frondeurs du Parti démocrate de M. Renzi à une partie de l'opposition de droite et au mouvement 5 Etoiles de l'ex-comique Beppe Grillo. Estimant qu'il s'agissait d'une instrumentalisation, le chef du gouvernement avait appelé à s'abstenir. Ceux qui voulaient régler des comptes à tout prix ont perdu. Ceux qui ont gagné sont les 11.000 personnes qui risquaient leur emploi, a déclaré M. Renzi peu après la clôture des urnes. Malgré les quelques soucis ayant commencé à gripper la belle machine renzienne une croissance moins forte que prévue, des ministres sous le feu des projecteurs judiciaires, les électeurs semblent donc continuer à lui faire confiance pour redresser et réformer le pays, comme il l'avait promis à son entrée en fonction en février 2014. D'autres échéances plus délicates s'annoncent cependant dans les prochains mois: des municipales partielles en juin et surtout le référendum d'octobre sur la réforme constitutionnelle, cheval de bataille de M. Renzi qui a déjà promis d'abandonner la vie politique en cas d'échec. La perspective ne semble pourtant pas l'inquiéter: dans son discours dimanche soir, il a insisté sur le fait que les mécontents du gouvernement pourraient s'exprimer lors des élections législatives prévues en 2018. Le pays le plus vert La consultation de dimanche portait sur une nouvelle loi entrée en vigueur en janvier pour permettre aux compagnies pétrolières, essentiellement le groupe énergétique Eni, d'exploiter les gisements jusqu'à leur épuisement. Il existe actuellement 92 plateformes à moins de 12 milles de côtes italiennes, et les sociétés les exploitant bénéficiaient de concessions arrivant à échéance en 2018 pour la première et en 2034 pour la dernière. Selon le quotidien la Stampa, elles extraient chaque année 2,7 milliards de mètres cubes de gaz (soit 60% de la production italienne) et 4 millions de barils de pétrole (73% de la production nationale). Voter oui signifiait abroger la loi et revenir à une exploitation limitée à la durée prévue par chaque concession. Voter non signifiait confirmer la modification, au grand dam des défenseurs de l'environnement. De nombreux commentateurs avaient estimé que la formulation de la question, qui impose de voter oui pour manifester son opposition, risquait de dérouter bien des électeurs et de favoriser l'abstention massive. Dans son blog, Beppe Grillo a ainsi accusé M. Renzi d'être du côté des pétroliers, de défendre le système et les intérêts des lobbies, des banquiers et des bureaucrates européens. Dans son discours dimanche soir, le chef du gouvernement s'est dit prêt à poursuivre le débat de manière constructive sur la politique énergétique, assurant qu'il comptait faire de l'Italie le pays le plus vert d'Europe. Il a aussi fustigé les régions, à l'origine de ce référendum qui aura coûté 300 millions d'euros, en répétant que beaucoup ne se préoccupaient pas de l'épuration des eaux usées, le principal problème de la mer, alors que les fonds européens nécessaires sont disponibles.