Salah Abdeslam, suspect clé des attentats du 13 novembre à Paris, est arrivé mercredi matin en France en provenance de Belgique. Il est attendu par les juges antiterroristes qui doivent le mettre en examen. Il se dit "soucieux de s'expliquer". Abdeslam "a été remis ce matin aux autorités françaises" en exécution du mandat d'arrêt européen délivré à son encontre le 19 mars 2016 par la France, a annoncé le parquet fédéral belge dans un communiqué. Selon des sources proches du dossier, il a été transféré par voie aérienne sous escorte du GIGN. "Le mandat d'arrêt lui a été notifié après son arrivée à 09h05 sur le territoire national", a de son côté indiqué le parquet de Paris dans un communiqué. "Le parquet va requérir son placement en détention provisoire", ajoute-t-il. "Le jour où un juge décidera son incarcération, nous prendrons toutes les mesures nécessaires", avait assuré début avril le ministre français de la Justice Jean-Jacques Urvoas. "Il sera probablement à l'isolement sous surveillance constante, tout simplement parce qu'il faut qu'il puisse aller au procès". Représenté jusqu'ici par l'avocat belge Sven Mary, Salah Abdeslam sera défendu en France par le ténor du barreau de Lille, Frank Berton. Celui-ci a déclaré que son client est "soucieux de s'expliquer" et de collaborer avec la justice française. "Son état d'esprit, c'est celui d'un garçon effondré bien évidemment en raison du drame qui s'est déroulé en France et qui a envie de parler à la justice française", a déclaré l'avocat à BFM TV. Salah Abdeslam est le seul protagoniste direct des tueries du 13 novembre à avoir été arrêté vivant après la mort de neuf assaillants, en kamikazes comme son frère Brahim ou abattus par les forces de l'ordre comme son ami d'enfance Abdelhamid Abaaoud. S'il assure qu'il n'était pas au courant des attentats du 22 mars à Bruxelles (32 morts), il est en tout cas lié aux trois hommes qui se sont fait exploser ce jour-là et qui ont, eux aussi, un lien avec les attentats du 13 novembre. Agé de 26 ans, né à Bruxelles mais de nationalité française, Salah Abdeslam avait été arrêté le 18 mars à Molenbeek, commune de la capitale belge où il a grandi, après quatre mois de cavale. Proche du Belge Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l'organisateur des attentats du 13 novembre et avec lequel il avait été emprisonné pour vol, Salah Abdeslam est au coeur des préparatifs des tueries. C'est lui qui a loué deux des trois véhicules utilisés au soir des massacres, dont la Polo noire retrouvée devant la salle de concerts du Bataclan. C'est lui aussi qui a loué une planque à Alfortville (région parisienne), d'où sont partis certains des tueurs. Lui, encore, qui a acheté des déclencheurs à distance. Autre certitude, Salah Abdeslam a conduit en voiture les trois kamikazes qui se sont fait exploser aux abords du stade de France. La suite est plus floue. En fin de soirée, il a garé le véhicule dans le XVIIIe arrondissement, évoqué par l'organisation Etat islamique dans sa revendication et pourtant épargné. Devait-il à son tour y mener une attaque ? Au final, Salah Abdeslam a abandonné une ceinture explosive à Montrouge, à l'autre extrémité de la capitale, avant d'être emmené au petit matin par deux amis venus le chercher depuis Bruxelles. Contrôlé ou repéré avec des protagonistes dans différents pays européens dans les mois ayant précédé les attaques, il est également soupçonné d'avoir participé, en amont, à la constitution des commandos. Lors de son premier interrogatoire en Belgique, il a semblé vouloir minimiser son rôle, assurant avoir fait machine arrière alors qu'il aurait été missionné pour se faire sauter au Stade de France. Une position réaffirmée par son frère qui l'a vu en prison.