Les créations d'emplois aux Etats-Unis en avril ont fortement déçu, même si le taux de chômage est resté inchangé à 5%, témoignant d'une croissance toujours faible à l'entame du 2e trimestre après un début d'année déjà médiocre. L'économie a créé 160 000 emplois le mois dernier, contre 208.000 en mars, a indiqué le département du Travail vendredi, un chiffre bien en deçà des attentes des analystes qui tablaient sur 207 000 nouvelles embauches. Le taux de chômage est resté à 5% comme en mars, ce qui correspond à 7,9 millions de sans-emploi. Cela reste proche de son seuil le plus bas en huit ans, 4,9%, atteint en février. Mais il a pu rester à ce niveau, pour de mauvaises raisons. En effet, le taux de participation à l'emploi, qui compte ceux qui ont un emploi ou en cherchent activement un, a reculé à 62,8% alors qu'il était en augmentation depuis trois mois. Ainsi quelque 360 000 personnes ont renoncé à chercher du travail et ne sont donc pas comptabilisées comme chômeurs. Le nombre d'emplois à temps partiel faute de trouver mieux est toujours très élevé en avril (6 millions) et n'a guère évolué depuis novembre. En outre, les créations d'emplois des mois de février et de mars ont été révisées en baisse de 19 000. Ces chiffres décevants "confirment que le ralentissement du rythme de croissance au premier trimestre pourrait persister au second", a estimé Chris Williamson, de Markit. L'expansion de l'économie américaine a marqué le pas de janvier à mars, n'affichant que 0,5% en rythme annuel. Tandis que la Réserve fédérale (Fed) prévoit une croissance annuelle de 2,2% pour l'ensemble de l'année, certains commencent à douter que l'expansion parvienne à atteindre les 2%. L'économiste de Markit relève que les embauches ont diminué "après des commandes décevantes et une incertitude accrue liée aux perspectives économiques et politiques", alors que la campagne à l'investiture des candidats à l'élection présidentielle bat son plein. Le président Obama a réagi vendredi en insistant sur le fait que le secteur privé aux Etats-Unis américaine avait créé des emplois chaque mois depuis plus de six ans. "Mais l'économie mondiale ne progresse pas aussi vite qu'elle le devrait", a-t-il lancé. "Nous manquons encore de croissance dans des endroits comme l'Europe, le Japon et la Chine", a-t-il affirmé, ajoutant qu'aux Etats-Unis il fallait "investir dans les infrastructures, les routes, les ponts, les écoles, pour créer de nouveaux emplois". En avril, plusieurs secteurs ont débauché. Les effectifs du secteur minier, dont le pétrole, ont continué, comme depuis plus d'un an, leur hémorragie (-8 000). La production de biens a aussi été dans le rouge (-3 000) de même que le commerce de détail pour la première fois en un an (-3 100). Le gouvernement a également détruit des emplois (-11 000).
Une hausse des taux au lieu de deux Si ce ralentissement du marché de l'emploi était confirmé en mai, la Réserve fédérale fera sans doute une croix sur le projet de relever les taux directeurs dès sa réunion des 14 et 15 juin. Pour les économistes de Barclays Research, les chiffres de vendredi laissent présager "une seule hausse des taux en 2016, en septembre, au lieu de deux prévues" par les membres de la Fed. "Nous croyons aussi que les membres du Comité monétaire de la Banque centrale (FOMC) préféreraient attendre de voir l'issue du referendum britannique (sur le "Brexit") avant d'agir à nouveau sur les taux", écrivent-ils dans une note. Mais le rapport du ministère du Travail présente aussi des signes rassurants. La moyenne hebdomadaire travaillée a augmenté (34,5 heures) et le salaire horaire moyen a progressé de 0,3% sur le mois et de 2,5% sur un an. "Ce n'est pas fantastique mais c'est suffisant pour que la Fed trouve des raisons d'agir" à la hausse sur les taux, a commenté David Lebovitz, analyste pour JP Morgan Investments. "La hausse des salaires en avril pourrait être un indice avant-coureur du fait que le marché du travail est en train de se resserrer", ce qui peut nourrir l'inflation, ajoute Nariman Behravesh, économiste en chef d'IHS.
Croissance sous le seuil de 2% Le rythme de croissance annuelle de l'économie américaine a ralenti au-dessous de 2%, a affirmé un responsable de la Réserve fédérale (Fed) qui apparaît hésitant sur les choix monétaires à venir. James Bullard, président de l'antenne régionale de la Fed de Saint Louis (Missouri) et membre votant du Comité monétaire (FOMC), juge que la croissance économique aux Etats-Unis "est en-dessous du rythme de 2%". La Fed prévoit toujours une expansion de 2,2% en 2016 mais le premier trimestre a accusé un ralentissement de la croissance du Produit intérieur brut (PIB) à 0,5% en rythme annualisé. A propos de la politique monétaire, M. Bullard a noté, dans un discours en Californie, la divergence entre l'opinion médiane du Comité monétaire de la Banque centrale qui table sur une "normalisation lente" des taux d'intérêt avec des hausses graduelles et les attentes des marchés financiers qui n'envisagent "quasiment pas de normalisation". Selon lui, si l'on en croit la santé du marché du travail, la légère remontée de l'inflation et l'apaisement des risques mondiaux, "les projections médianes du Comité monétaire sont plus près de la vérité". Mais dans le même temps, ajoute M. Bullard, si l'on regarde la croissance ralentie et les attentes d'inflation des marchés financiers, ceux-ci sont plus proches de la vérité en pensant que la courbe d'ascension des taux d'intérêt sera "bien plus légère". En mars, la majorité des membres du Comité monétaire avaient estimé que les taux d'intérêt se situeront à 0,9% fin 2016, ce niveau correspondant à deux hausses des taux de 0,25 point de base. Les taux directeurs sont actuellement fixés entre 0,25% et 0,50%, après la modeste hausse historique intervenue en décembre dernier après sept ans de taux à zéro.
Bond des crédits à la consommation Les crédits à la consommation aux Etats-Unis ont fait un bond spectaculaire en mars, affichant la plus forte hausse depuis novembre 2001, selon les chiffres publiés vendredi par la Réserve fédérale (Fed). L'encours total des crédits à la consommation a atteint en mars 3 592,3 milliards de dollars, en hausse de 10% en rythme annuel, portée par une vive augmentation des encours sur les cartes de crédit. Cela représente en mars 29,6 milliards de dollars de nouveaux crédits sur le mois. Les analystes tablaient sur une hausse de 18 milliards. En mars, les Américains ont puisé fortement dans leurs cartes de crédits alors qu'ils avaient été beaucoup plus modérés les deux mois précédents. Les crédits renouvelables ont grimpé de 14,16%, avec 11 milliards de dollars de nouveaux crédits dits "revolving". C'est la plus forte hausse depuis juillet 2000, a précisé un porte-parole de la Réserve fédérale. L'encours total de ces crédits renouvelables est passé à 951,6 milliards de dollars, retrouvant le niveau d'août 2009 lorsqu'en pleine récession, les Américains avaient eu massivement recours à ces crédits revolving. Les prêts classiques quant à eux, qui comprennent notamment les crédits automobiles et les prêts étudiants et qui constituent les deux tiers des crédits à la consommation, ont montré également une hausse accélérée. Ils ont progressé de 8,50%, représentant 18,5 milliards de dollars de nouveaux crédits pour un encours total de 2 640,7 milliards de dollars.