Les dirigeants de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) seraient tentés d'augmenter "sous peu" leur soutien à l'économie américaine en cas de persistance du ralentissement économique, selon le compte-rendu de leur dernière réunion publié, mercredi soir. Lors du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), les 31 juillet et 1er août, "bon nombre de (dirigeants de la Réserve fédérale) ont estimé qu'un nouvel assouplissement monétaire pourrait être justifié sous peu à moins que les renseignements reçus n'indiquent un renforcement appréciable et durable du rythme de la reprise économique", selon les minutes de cette réunion. "Un certain nombre" de participants, ajoute ce document, ont estimé à cette occasion qu'"un assouplissement supplémentaire pourrait contribuer à promouvoir une amélioration plus rapide de la conjoncture du marché du travail". Le compte-rendu de la séance précise néanmoins que "plusieurs membres ont noté le bénéfice qu'il y aurait à accumuler des renseignements supplémentaires" pour déterminer au mieux les perspectives de l'économie nationale. Depuis plusieurs mois, les responsables de la Fed soulignent que leur tâche est compliquée par l'incertitude entourant l'évolution de la crise en Europe, l'avenir de la politique budgétaire américaine et encore la trajectoire à venir de l'économie chinoise. Le 1er août, le FOMC avait finalement décidé de maintenir son cap de politique monétaire tout en indiquant être déterminé à prendre "des mesures supplémentaires" afin de soutenir la reprise économique entamée trois ans plus tôt. Selon les minutes, les dirigeants de la Fed sont convenus de continuer de "peser avec soin les bénéfices et les coûts potentiels de différents instruments" auxquels ils pourraient recourir (nouveaux achats de titres sur les marchés, prolongation de leur engagement conditionnel à maintenir un taux directeur quasi nul...) avant de décider quoi que ce soit. En attendant Bernanke La Fed pratique depuis la fin de 2008 une politique ultra-accommodante consistant à maintenir son taux directeur proche de zéro et à peser sur les taux à long terme par des opérations d'achat et de vente de titres financiers sur les marchés. L'économie américaine a nettement ralenti depuis le début de l'année, au point que le taux de croissance officiel des Etats-Unis est tombé à 1,5% au deuxième trimestre, son niveau le plus faible depuis l'été 2010. Néanmoins, les données économiques publiées depuis la dernière réunion du FOMC laissent penser que la situation s'est globalement améliorée en juillet. La Fed a pour double mission d'assurer le plein-emploi et la stabilité des prix, mais les minutes montrent que dans l'ensemble l'inflation n'inquiète pas les membres du FOMC, à la différence de la perspective d'une baisse très lente du chômage dans les mois, voire années à venir. Notant que bien des choses peuvent encore évoluer d'ici à la prochaine réunion du Comité (12-13 septembre), plusieurs analystes attendent de voir ce que dira le président de la Fed, Ben Bernanke, le 31 août lors de son traditionnel discours de rentrée à Jackson Hole, dans le Wyoming (ouest des Etats-Unis) pour se faire une idée plus claire de la politique à venir de la Réserve fédérale. Bullard opposé à un nouvel assouplissement monétaire La situation économique des Etats-Unis ne justifie pas que la banque centrale américaine (Fed) prenne de nouvelles mesures de soutien à la croissance, a estimé, avant-hier, un des dirigeants de la Réserve fédérale, James Bullard. "Si nous revenons au deuxième semestre, comme je crois que cela va se passer, à 2% de croissance, peut-être un peu plus, et que le chômage baisse jusqu'à la fin de l'année, ce ne sera pas un résultat formidable, mais pour moi, ce sera suffisant pour que nous ne changions rien" à la politique de la Fed, a déclaré M. Bullard dans un entretien à la chaîne américaine CNBC. Président de l'antenne de la Fed à Saint-Louis, dans le Missouri (Centre des Etats-Unis), M. Bullard a tenu ces propos au lendemain de la publication des minutes de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, les 31 juillet et 1er août. Ce document a pu donner l'impression que la Réserve fédérale était prête à assouplir rapidement sa politique monétaire. "Je pense réellement que les minutes sont un peu dépassées parce que nous avons eu un léger mieux dans les données depuis" le dernier FOMC, a néanmoins déclaré M. Bullard faisant référence à la série d'indicateurs publiés depuis le début du mois et témoignant dans l'ensemble d'une amélioration de l'économie américaine. Selon les minutes, "bon nombre" de dirigeants de la Fed ont estimé lors de leur dernière rencontre "qu'un nouvel assouplissement monétaire pourrait être justifié sous peu à moins que les renseignements reçus n'indiquent un renforcement appréciable et durable du rythme de la reprise économique". Mais pour M. Bullard, la tonalité générale de la discussion était plutôt: "bon sang, les choses ne sont pas aussi bonnes que nous le pensions et si la croissance continue de ralentir, il faudra que nous fassions quelque chose". La Fed pratique depuis la fin de 2008 une politique ultra-accommodante passant par le maintien d'un taux directeur quasi nul et des opérations d'achat et de vente de titres financiers sur les marchés afin de peser sur les taux à long terme. La croissance économique est tombée officiellement à 1,5% au deuxième semestre aux Etats-Unis, où le taux de chômage, reparti en légère hausse en mai, atteignait 8,3% en juillet.