LafargeHolcim a essuyé une contraction sensible de sa rentabilité au premier trimestre, tant en chiffres absolus qu'à périmètre constant. Le mastodonte des matériaux de construction a vu son excédent d'exploitation (Ebitda) ajusté notamment des frais de fusion fondre de 21,5%, ou 17,0% sur une base comparable, à 824 millions de francs suisse (moi CHF), détaille jeudi le rapport d'activités. Les ventes des activités poursuivies ont stagné à 6,06 mrd CHF et reculé de 5,5% dans l'absolu. Ajustée des gains de cessions pour 432 mio CHF avant impôts tirés de la cession d'actifs au concurrent Cemex ainsi que d'une participation dans le thaïlandais Siam City Cement, la perte nette a atteint 47 mio CHF. Le chiffre d'affaires affiché s'inscrit dans le bas de la fourchette des projections des analystes, qui articulaient en moyenne 6,21 mrd CHF. L'Ebitda retraité manque le coche pour plus de 100 mio CHF. "Aucun patron ne souhaite annoncer un recul de 21% de la rentabilité opérationnelle en comparaison trimestrielle" a reconnu le directeur général (CEO) Eric Olsen en conférence de presse. Le chef de l'exécutif a toutefois assuré que le premier partiel n'était pas représentatif de l'ensemble de l'exercice et avait été marqué par de nombreux effets exceptionnels. En volume, les ventes de ciment ont grappillé 1,4% à 56,6 mio tonnes et celles de béton prêt à l'emploi 1,7% à 12,6 mio tonnes. Celles de granulats en revanche se sont érodées de 1,4% à 51,6 mio tonnes. Les prix se sont dans l'ensemble étoffés de 1,2%, voie de 2,1% en excluant l'Inde.
Recul presque généralisé En Asie-Pacifique, le chiffre d'affaires s'est étiolé de 3% à 2,15 mrd CHF et l'Ebitda ajusté a chuté de 18,9% à 344 mio CHF. LafargeHolcim évoque une demande robuste en Inde, assortie toutefois d'une baisse sensible des prix sur le sous-continent. En Europe, la Russie et l'Azerbaïdjan ont pesé sur la performance. Le chiffre d'affaires réalisé sur le vieux continent s'est contracté de 3,6% à 1,50 mrd CHF et l'Ebitda ajusté a plongé de 26,4% à 119 mio CHF. La zone Moyen-Orient et Afrique a enregistré des ventes en baisse de 9,9% à 1,05 mrd CHF. L'Ebitda ajusté a été élagué de 29,8% à 256 mio CHF. La contribution de l'Amérique latine aux revenus s'est effritée de 15,7% à 682 mio CHF et l'Ebitda ajusté a reculé de 17,6% à 210 mio CHF. Le Nord du continent a généré un chiffre d'affaires de 866 mio CHF, en hausse de 11,6%. Après une perte opérationnelle de 26 mio CHF sur la même période l'an dernier, l'Ebitda ajusté s'est inscrit dans le vert pour 3 mio CHF. Pour l'année en cours, la direction du groupe helvético-hexagonal fusionné en milieu d'année dernière anticipe des synergies additionnelles devisées à 450 mio CHF, un abaissement de l'endettement net autour de 13 mrd CHF - contre 18 mrd CHF fin mars - ainsi que la finalisation des désinvestissements pour 3,5 mrd CHF. La demande de béton, ciment et autres granulats doit toujours progresser de 2 à 4%. En termes opérationnels, l'excédent d'exploitation doit enfler de près de 10% et LafargeHolcim fait miroiter une rémunération des actionnaires progressive. Les objectifs à l'horizon 2018, comprenant une croissance annuelle de 2% sur la période 2016-18, un flux trésorerie disponible cumulé d'au moins 10 mrd CHF et un Ebitda ajusté de 8 mrd CHF, sont confirmés.
Analystes déçus, investisseurs aussi Les commentaires d'analystes sont acerbes pour la plupart. Helvea Baader tire ainsi à boulets rouge sur l'héritage de Lafarge, responsable selon le courtier genevois d'une importante destruction de valeur pour les anciens actionnaires d'Holcim. Les propos rassurants de la direction ne sauraient être pris pour argent comptant et la recommandation "sell" est confirmée, de même que l'objectif de cours de 40 CHF. La direction se démène comme elle peut en interne, mais fait face à un marché du ciment saturé, estime le gestionnaire d'actifs et de fortune irlandais Davy, qui campe sur la recommandation "underperform". L'entame d'année s'est avérée encore plus mauvaise que redouté, résume Vontobel. La banque privée évoque un impact négatif énorme de la faiblesse des prix sur la rentabilité. Le programme de cession doit aussi être mené à bien afin de renforcer le bilan du groupe. La recommandation "hold" est reconduite, assortie d'un objectif de cours de 49,00 CHF. Pour peu que les perspectives brossées par la direction s'avèrent crédibles, les projections des analystes pourraient être relevées pour la première fois depuis la fusion, imagine Deutsche Bank. L'établissement allemand demeure convaincu que le levier opérationnel de LafargeHolcim, les mesures de restructuration et la rémunération des actionnaires demeurent sous-estimés. La recommandation "buy" reste de mise, comme l'objectif de cours de 69 CHF.