Le marché algérien de l'agroalimentaire, évalué par les spécialistes à 5,4 milliards de dollars, mobilise près de 22% du budget des ménages algériens. Ce marché reste porteur compte tenu de l'ampleur des besoins de consommation sous tendue par la dynamique et la structure démographique de l'Algérie. Le marché des produits agroalimentaires, en Algérie, se caractérise néanmoins par des carences importantes dans les domaines de la transformation, de la conservation, de la valorisation et de la distribution des produits agroalimentaires. L'industrie agroalimentaire algérienne connaît, depuis la fin des années 90, de profonds bouleversements qui ne manqueront pas de s'amplifier dans les mois à venir avec l'ouverture économique. Fortement dominé, dans un passé récent, par les capitaux publics, le marché de l'agroalimentaire connaît actuellement une tendance à l'émergence de l'industrie privée qui est en passe de surclasser le secteur public, dont les parts de marché ne cessent de se contracter. Ce mouvement de privatisation de l'agroalimentaire algérien est attesté par l'émergence de groupes industriels dynamiques. A titre d'exemple, le groupe Cevital a réalisé à Bejaia (300 Km à l'est d'Alger) l'une des plus importantes entreprises privées d'Algérie avec 300 millions de dollars d'investissements, en réussissant à développer un pôle industriel agroalimentaire relié aux oléagineux (huiles végétales), au sucre et à l'importation et la transformation des produits de base. Le groupe industriel SIM dispose, quant à lui, de 6 filiales produisant quotidiennement 1600 tonnes de semoule et de farine et détenant des parts de marchés estimées à 15 % dans les pâtes alimentaires. Le groupe Blanky, l'un des leaders dans le secteur de l'agroalimentaire, compte aussi se lancer dans de grands projets, notamment celui de la distribution des produits agricoles et agroalimentaires. La TBC (Tobacco Ben Chikou corporation), une des entreprises pionnières dans le secteur des tabacs en Algérie, vient d'afficher sa volonté de monter un projet industriel de fabrication des produits tabagiques en Algérie, en partenariat avec des entreprises anglaises et canadiennes. Mais au-delà de l'émergence spectaculaire de ces groupes privés, le paysage des industries alimentaires en Algérie reste marqué par la coexistence d'entreprises nationales publiques, de petites et moyennes entreprises et d'entreprises artisanales. Le secteur public agroalimentaire se distingue par la prépondérance d'entreprises d'envergure nationale, le nombre des PME y est insignifiant. Ces entreprises cumulent des handicapes hérités de la période de l'économie administrée (endettement récurrent, pléthore des effectifs, faiblesse de la productivité) qui se traduisent par une baisse tendancielle de leurs parts de marché et de leurs activités. Ces entreprises continuent à jouer un rôle important dans les politiques de régulation de certains marchés des produits de large consommation à l'instar du lait pasteurisé (GIPLAIT), de la semoule et des farines de panification (ERIAD), des huiles (ENCG) et des produits avicoles (ONAB). Ces entreprises connaissent, depuis l'année 2001, de profondes restructurations dans le cadre de la valorisation des capitaux marchands de l'Etat. Elles sont, en outre, engagées dans un processus de mise à niveau de leurs structures qui vise à améliorer leur compétitivité.