Dans un marché pétrolier qui a lentement mais sûrement remonté la pente depuis ses plus bas du début d'année, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait à nouveau opter pour le statu quo lors de sa réunion semestrielle aujourd'hui à Vienne. Ainsi, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis Suhail al-Mazroui s'est-il dit optimiste concernant l'évolution des prix du pétrole mardi à son arrivée dans la capitale autrichienne, estimant que le baril devrait atteindre un prix juste à la fois pour les consommateurs et pour les producteurs d'ici la fin de l'année. Cette année est l'année de la correction pour le pétrole, a-t-il insisté. Avec un baril de pétrole qui avoisine désormais les 50 dollars le baril, et alors que la plupart des organismes internationaux du secteur s'accordent à prédire un rééquilibrage du marché d'ici à la fin de l'année, la probabilité que l'Opep infléchisse sa position par rapport à sa réunion de décembre est jugée hautement improbable par la plupart des observateurs. Loin d'avoir préparé le terrain à un quelconque changement de stratégie du cartel, l'incapacité des grands producteurs de brut à s'entendre sur une limitation de leur production à la mi-avril à Doha est considérée par beaucoup comme le signe de l'absence d'une réelle volonté de réduire la surabondance mondiale d'offre, à l'heure où le marché semble bien parti pour s'en charger lui-même. Les règles du marché, qui sont la demande et l'offre, fonctionnent et je pense que c'est l'essence de cette politique de l'Opep, a ajouté M. al-Mazroui, tout en refusant de donner la moindre indication sur l'issue à attendre de la réunion de jeudi. De son côté, le ministre nigérian du Pétrole Emmanuel Ibe Kachikwu a également constaté mardi à son arrivée à Vienne que le marché allait bien et que les prix montaient. Après que les réunions de Doha (en février et en avril) ont échoué à parvenir à un accord sur un gel de la production, il est peu probable que cette réunion ordinaire de l'Opep produise un résultat différent, surtout au moment où l'Iran continue de répéter qu'il n'a aucune intention de plafonner sa production de pétrole ou ses exportations, commente Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
Retour en force de l'Iran La rivalité opposant Téhéran, de retour sur le marché pétrolier à la faveur de la levée des sanctions occidentales, à l'Arabie saoudite, poids lourd du cartel, a largement contribué à l'impasse des négociations menées depuis le début de l'année sur un éventuel gel de la production au niveau mondial, alors que Ryad a toujours indiqué qu'il n'y consentirait pas unilatéralement. Fidèle à son objectif de regagner aussi vite que possible le terrain perdu depuis 2012, l'Iran vient d'annoncer qu'il comptait exporter, à partir de cet été, 2,2 millions de barils de pétrole par jour, retrouvant ainsi son niveau d'exportation d'avant les sanctions. Et pour Helima Croft, qui dirige la division matières premières de RBC Capital Markets, rien n'indique que l'Arabie saoudite soit prête de son côté à se désengager de la guerre d'usure pour le maintien de ses parts de marché engagée fin 2014, d'autant que le tout-puissant vice-prince héritier semble particulièrement concentré sur son effort de réforme économique de grande ampleur et pas particulièrement affecté par l'environnement de prix actuel. De façon générale, la croyance est que le marché va finir par se rééquilibrer à un moment donné, ce qui ne devrait guère encourager l'Opep à prendre une quelconque initiative, alors que les prix sont redevenus plutôt confortables pour la plupart des producteurs du cartel, abonde Alexander Poegl, analyste principal chez JBC Energy. Le cartel de 13 pays, qui produit environ un tiers du brut mondial, a pompé quelque 32,3 millions de barils par jour (mbj) au premier trimestre 2016, tandis que la production saoudienne a atteint à elle seule 10,13 mbj de janvier à avril, en hausse de 3,5% sur un an. Dans ce contexte, la chose la plus excitante à attendre (de ce sommet) est que la délégation saoudienne sera différente de la dernière fois, après le limogeage début mai du vétéran Ali al-Nouaïmi. Mais là encore, d'aucuns pensent que ce remaniement ministériel ne devrait foncièrement rien changer à la politique énergétique saoudienne, si ce n'est sur le plan de la communication, devenue, avec le nouveau ministre de l'Energie Khaled al-Faleh, plus directe qu'elle ne l'était du temps d'al-Nouaïmi, selon M. Poegl.
Le ministre émirati de l'Energie "optimiste" Le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis Suhail al-Mazroui s'est dit "optimiste" concernant l'évolution des prix du pétrole à son arrivée à Vienne, estimant que le baril devrait atteindre un "prix juste" d'ici la fin de l'année . "Nous sommes optimistes pour la réunion" de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) jeudi, a souligné le ministre, jugeant que "le marché s'est corrigé à la hausse depuis le début de l'année", comme il le prédisait. "Cette année est l'année de la correction" pour le pétrole, a-t-il précisé. Les cours du brut, qui sont passés brièvement jeudi au-dessus des 50 dollars le baril pour la première fois depuis l'automne, et évoluent depuis légèrement en-dessous de ce seuil, ont gagné quelque 80% depuis leurs plus bas de janvier et février, où ils avaient chuté jusqu'à 26-27 dollars le baril. "Les règles du marché, qui sont la demande et l'offre, fonctionnent et je pense que c'est l'essence de cette politique" de l'Opep, a ajouté M. al-Mazroui. Le ministre émirati de l'Energie a également souligné qu'il fallait attendre que le marché se rééquilibre de lui-même et atteigne un "prix juste" à la fois pour les consommateurs et pour les producteurs, sans toutefois préciser lequel. "Je ne peux pas prédire (ce) prix, nous devons donner du temps au marché et il se corrigera de lui-même", a insisté le ministre, tout en refusant de donner la moindre indication sur l'issue à attendre de la réunion du cartel jeudi. "Je ne peux pas décider pour la réunion", a-t-il conclu. De son côté, le ministre nigérian du Pétrole Emmanuel Ibe Kachikwu a également constaté mardi à son arrivée dans la capitale autrichienne que le marché allait "bien" et que "les prix montaient". Les treize pays membres de l'Opep, qui pompent environ un tiers du brut mondial, devraient à nouveau opter pour le statu quo lors de leur réunion semestrielle cette semaine à Vienne. Avec un baril de pétrole qui avoisine désormais les 50 dollars le baril, et alors que la plupart des organismes internationaux du secteur s'accordent à prédire un rééquilibrage du marché d'ici à la fin de l'année, la probabilité que l'Opep infléchisse sa position par rapport à sa réunion de décembre est en effet jugée hautement improbable par la plupart des observateurs.
Marché prudent Les cours du pétrole étaient en baisse hier matin en Asie dans un marché prudent à la veille de la réunion semestrielle de l'Opep. Vers 03H45 GMT, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet perdait 31 cents à 48,79 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en août et dont c'était le premier jour comme contrat de référence, cédait 39 cents à 49,50 dollars. Des indicateurs publiés mercredi ont montré que l'activité manufacturière avait légèrement progressé en mai en Chine, signe de stabilisation de la deuxième économie mondiale. Mais le marché est attentif avant le grand rendez-vous de la semaine, avec la réunion jeudi de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne. Ces événements réunissant les grands producteurs d'or noir sont toujours scrutés avec attention, même si peu d'experts tablent sur un accord pour geler les niveaux de production, après l'échec en avril des discussions sur le sujet. Les investisseurs tentent de ne pas s'engager sur de nouvelles positions à cause des risques, a déclaré Bernard Aw, analyste chez IG Markets. Avec un baril de pétrole qui avoisine désormais les 50 dollars le baril, et alors que la plupart des organismes internationaux du secteur s'accordent à prédire un rééquilibrage du marché d'ici à la fin de l'année, la probabilité que l'Opep infléchisse sa position par rapport à sa réunion de décembre est jugée hautement improbable. La rivalité opposant Téhéran, de retour sur le marché pétrolier à la faveur de la levée des sanctions, à l'Arabie saoudite, poids lourd du cartel, a largement contribué à l'impasse des négociations sur un éventuel gel mondial de la production. La veille à la clôture, le WTI a cédé 23 cents par rapport au cours de vendredi, après un weekend prolongé d'un jour, à 49,10 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le Brent a reculé de 7 cents par rapport à lundi, à 49,69 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Le marché a peur de finir au-dessus des 50 dollars, a déclaré Phil Flynn, de Price Futures Group. Ce seuil a été franchi à la hausse pour la première fois de l'année jeudi. Mardi, une poignée de nouvelles tentatives ont rapidement tourné court. Un peu d'inquiétude avant la réunion de l'Opep et un dollar plus fort ont poussé les investisseurs à prendre des bénéfices, a précisé M. Flynn. D'autres analystes ont estimé que des déclarations du ministre émirati du pétrole avaient poussé les cours à la baisse. Filmé lors de son arrivée à Vienne, Suhail al-Mazroui s'est dit à la fois optimiste sur l'issue de la réunion de l'Opep jeudi et satisfait de voir le marché se repositionner en hausse. La réunion de l'Opep pousse plutôt les cours à la baisse, soit parce que les participants ne vont arriver à rien, soit parce qu'il se dit que le nouveau ministre saoudien du Pétrole pourrait vouloir marquer son autorité et peut-être annoncer une hausse de la production, a déclaré pour sa part Bob Yawger, chez Mizuho Securities. En outre, les cours de l'essence sont en baisse, ce qui est inhabituel alors que vient de s'ouvrir la saison des déplacements estivaux en voiture, et pèse sur les cours du pétrole, a ajouté M. Yawger. Pour ce qui est du dollar, il a bénéficié d'un bon indicateur sur la consommation aux Etats-Unis, ce qui l'a conduit à monter face à un panier de devises, même si sa valeur par rapport à l'euro était stable. En effet tout renforcement du dollar rend les achats plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises car les échanges sont libellés en billets verts. Enfin, facteur supplémentaire de baisse, l'exploitation de sables bitumineux, suspendue en raison des incendies qui ont ravagé la ville canadienne de Fort McMurray, est sur le point d'être normalisée, selon la compagnie Suncor. Toutefois d'autres perturbations de la production ont empêché les cours de chuter trop bas. La poursuite des troubles au Nigeria, où environ la moitié de la production pétrolière est paralysée, et le risque d'un conflit social dans le secteur en Norvège ont notamment soutenu les cours, selon M. Yawger. Les analystes de Commerzbank ont noté qu'au total les troubles au Nigeria ont probablement réduit la production globale de l'Opep en mai. Mais ailleurs dans le cartel, l'Iran a probablement encore augmenté sa production. Et la question est de savoir si d'autres poids lourds de l'Opep comme l'Arabie saoudite et l'Irak en ont fait autant, ont-ils précisé.