Tenue en échec au Vélodrome pour son premier match de la compétition, l'Angleterre peut regretter son manque de réalisme de maîtrise globale. Il n'empêche, malgré le résultat, les Anglais ont laissé entrevoir de belles promesses pour la suite où la présence d'un vrai tueur de surface pourrait être utile. Une Angleterre enthousiaste, une Russie réaliste Le Vélodrome n'était plus habitué à un tel niveau de jeu. Pendant quatre-vingt-dix minutes, l'Angleterre a récité une partition pleine d'entrain et de mouvement. Disposés en 4-3-3 avec Wayne Rooney au milieu, les hommes de Roy Hodgson ont développé un jeu alléchant durant la première période. Des redoublements de passes, des débordements et des centres dangereux ont ainsi animé 45 premières minutes où la Russie n'a fait que suivre le ballon. La verticalité des passes de Rooney et la projection de Dele Alli ont permis aux Three Lions de prendre le contrôle au milieu pour ne jamais le laisser. Les Russes ont bien tenté de montrer le bout de leur nez au retour des vestiaires mais les Anglais ont vite repris le contrôle sans jamais réussir à convertir leur occasion. Tout l'inverse de la Russie qui a converti son seul tir cadré de la seconde période. Le hold-up parfait.
Rooney et Lallana dans le ton, Kane effacé Son passage au milieu de terrain était l'un des enjeux de ce match et Wayne Rooney a répondu présent. Métronome du jeu anglais, il a souvent été à l'origine des décalages de son équipe par ses ouvertures intelligentes. A noter aussi l'excellente première période d'Adam Lallana, toujours dans les bons coups et à l'origine des actions les plus dangereuses. Très intelligent tactiquement en sentinelle, Eric Dier s'est même fendu d'un maître coup franc pour ouvrir le score. En revanche, si l'Angleterre ne ramène qu'un point du Vélodrome, elle peut en vouloir à Harry Kane etRaheem Sterling, auteurs de prestations décevantes. L'attaquant de Tottenham ne s'est jamais mis en position de frappe tandis que le feu-follet de Manchester City a multiplié les mauvais choix. Côté russe, difficile de ressortir des individualités tant l'équipe de Leonid Slutsky a souffert tout au long du match et n'a jamais pu placer d'offensives dangereuses. Si Artem Dzyuba s'est bien battu avec les rares ballons qu'il a touché, les coéquipiers d'Ignachevitch peuvent remercier Igor Akinfeev de les avoir laissés dans le match en retardant un maximum l'échéance.
Ce qui aurait pu tout changer : Si les Anglais avaient su maîtriser... L'Angleterre méritait de gagner ce match. Mais, à force de rater leurs occasions, les Anglais ont permis aux Russes de revenir. Après le but de Dier, intervenu à la 76e minute, il a manqué de la lucidité à une sélection encore très jeune (25,8 de moyenne d'âge, deuxième nation la plus jeune de cette édition 2016). Avec la qualité technique de leur milieu et l'entrée de Jack Wilshere, les Three Lions avaient le talent pour garder la possession et s'éviter une fin de match catastrophe.
L'Angleterre a-t-elle trouvé la bonne formule ? Si le résultat n'est pas à la hauteur des espérances côté anglais, Roy Hodgson a de sérieuses bases de travail pour la suite de la compétition. Avec son 4-3-3 qui se mue en 3-4-3 en phase offensive, le sélectionneur anglais a trouvé le système tactique adéquat où Rooney et Alli peuvent laisser libre court à leur imagination. Surtout, la présence de cinq joueurs de Tottenham dans le onze de départ permet à cette équipe de s'appuyer sur les automatismes déjà existants en club. Lorsque l'on se souvient que l'Allemagne ou l'Espagne ont gagné leurs titres récents en s'appuyant sur une colonie de joueurs venant du même club, on se dit que le sélectionneur british a flairé le bon filon. Reste que quelques changements sont peut-être nécessaires pour les Anglais où l'absence de Jamie Vardy pose des questions tant son profil de buteur aurait fait du bien à une sélection anglaise pas assez tueuse. Un chouïa de maîtrise en plus et cette équipe pourrait enfin en finir avec sa réputation de loser magnifique.
L'Albanie a eu du coeur, mais la Suisse avait son vécu pour elle Dans le deuxième match du groupe A, la Suisse s'est imposée 1-0 face à l'Albanie samedi à Lens, grâce à un but de Fabian Schär en début de rencontre. La Nati entame son Euro du bon pied et pourra quasiment assurer sa qualification pour les huitièmes de finale en cas de victoire face à la Roumanie. L'Albanie rêvait d'une autre entrée dans le grand monde. Mais sa première sortie a ressemblé de près comme de loin à un cauchemar. Les coéquipiers du capitaine Cana, resté 36 minutes sur le pré, se sont inclinés face à la Suisse qui, sans être implacable, a su profiter des lacunes et de l'inexpérience albanaises (1-0). La Nati, comme les Bleus, démarrent l'Euro avec trois points et prennent, déjà, une petite option sur les huitièmes de finale. Pour les Albanais, rien n'est perdu, évidemment. Mais les hommes de Gianni De Biasi ont vécu une après-midi douloureuse du côté de Lens. Elle a commencé par une toile de Berisha, impeccable par ailleurs. Sur un corner de Shaqiri, Schär a profité d'une sortie catastrophique du portier de la Lazio (1-0, 5e). Le premier et dernier but d'une partie que les Helvètes n'ont pas su tuer alors que leur adversaire avait un genou à terre.
Pour Cana, c'est râpé Lorik Cana rêvait de retrouver Marseille et d'y défier les Bleus, mercredi au Stade Vélodrome. C'est d'ores et déjà râpé. Parce que le capitaine de la sélection a été expulsé à la 36e minute de jeu. La faute à la main la plus improbable de l'année qui avait succédé à une intervention très musclée de l'ancien Olympien sur Dzemaili (15e). Réduits à dix, les Rouges ont constamment marché sur un fil. Mais sont restés en équilibre, tant bien que mal, gâchant même deux face-à-face devant Sommer. Le portier suisse a été magistral face à Sadiku (30e) puis devant Gashi (87e). De l'autre côté du terrain, Berisha n'a pas été en reste en maintenant un maigre espoir albanais, notamment sur un face-à-face brillamment remporté face à Seferovic (66e). Plus tôt, il avait été suppléé par son poteau sur un coup franc de Dzemaili (38e). Mais cela n'a pas suffi aux dix Albanais qui aurait même pu se retrouver à neuf si l'arbitre s'était montré moins magnanime sur un "combo tirage de short - tacle par derrière" de Kace sur Behrami (63e). Au final, cela n'a pas changé l'histoire de ce match, juste maintenu un semblant de suspense qui s'est éteint au coup de sifflet final. Les Albanais ont maintenant quatre jours pour se remettre de cette difficile première. Ce ne sera pas de trop.
Les Gallois n'ont pas raté leurs grands débuts Pour sa toute première phase finale du Championnat d'Europe, le pays de Galles ne s'est pas manqué. Les coéquipiers de Gareth Bale se sont imposés 2-1 à Bordeaux face à la Slovaquie, pour s'installer provisoirement aux commandes du groupe B. Les huitièmes de finale sont déjà en vue. Le pays de Galles pouvait difficilement rêver d'une plus belle première. Les Dragons ont retrouvé l'ambiance d'un grand tournoi international après des années attentes. Depuis la Coupe du monde 1958, ils n'y avaient plus goûté. Et ils n'avaient même jamais disputé un Euro. Ils ont marqué le coup en s'imposant contre la Slovaquie (2-1), dans cette rencontre entre les deux outsiders du groupe B dont les favoris sont l'Angleterre et la Russie. Idéal dans la perspective de rejoindre les huitièmes de finale de cet Euro 2016, disputé à 24. Pour empocher ces trois points, le pays de Galles a pu compter sur ses deux leaders, Gareth Bale et Aaron Ramsey. En bon chef de file, Bale a vite su montrer le chemin à suivre. Dès la 10e minute, le milieu de terrain du Real Madrid a inscrit un joli but sur coup franc, en profitant de la mauvaise anticipation du gardien slovaque Matúš Kozá?ik (1-0, 10e). Ramsey s'est lui démultiplié. Certes un peu chanceux sur l'action, le Gunner a en plus été présent sur le deuxième but des Gallois, inscrit par Hal Robson-Kanu (2-1, 10e).
La Slovaquie a failli réussir le coup parfait Le pays de Galles, qui n'a pas impressionné non plus, a cependant failli rater ce coup parfait. Après l'ouverture du score de Bale, les Dragons n'ont en effet pas vraiment tremblé face à des Slovaques peu inspirés pour construire le jeu et incapables de changer de rythme pendant de très longues minutes. Mais sur l'une des rares accélérations slovaques initiée par le très en vue Robert Mak, Ondrej Duda, entré en jeu quelques secondes plus tôt, a égalisé sur le premier tir cadré de son équipe (1-1, 61e). Le coaching de Jan Kozak a failli être gagnant. Mais Chris Coleman, le sélectionneur gallois, a répondu à son homologue en lançant Hal Robson-Kanu, également buteur peu de temps après son entrée en jeu. La Slovaquie, plus incisive après l'égalisation, peut avoir des regrets. Marek Hamsik, qui a raté d'un rien l'ouverture du score (3e), et ses coéquipiers n'ont pas montré leur meilleur visage. Le pays de Galles a su en profiter pour débuter cet Euro du bon pied et s'offrir un premier succès historique.