Au terme d'un des meilleurs matches de cet Euro, la Croatie est finalement venue à bout de l'Espagne à l'issue du temps réglementaire (2-1). Sergio Ramos avait lui manqué un penalty pour donner un avantage aux siens quelques minutes plus tôt. Ce succès permet aux Croates de prendre la première place du groupe D et de s'ouvrir une partie de tableau très dégagée pour la suite. On s'attendait à un des gros chocs de ce premier tour, on a eu le droit en plus à une sensation. La Croatie s'est imposée 2-1 face aux doubles champions d'Europe espagnols, mardi soir à Bordeaux, grâce à un but de Perisic en fin de match (87e). La Croatie était pourtant privée de son leader technique Luka Modric, de son buteur Mario Mandzukic, et n'a pu compter que sur un Ivan Rakitic moyen. L'Espagne, elle bien au complet, a eu - comme toujours - la maîtrise du ballon, mais il en fallait plus pour dominer une équipe au damier qui a joué crânement sa chance. Les Croates peuvent également remercier leur gardien Danijel Subasic, qui a écarté un penalty de Sergio Ramos à la 72e. Avec ce succès retentissant, la Croatie en profite pour passer devant l'Espagne et terminer première du groupe D. Ce qui est loin d'être anodin puisque les Croates se sont ainsi ouvert une partie de tableau sur le papier très dégagée. Contrairement à la Roja, qui a maintenant rendez-vous avec l'Italie en 8e de finale. De la qualité de jeu, de l'intensité, des décisions arbitrales contestables pour un scénario sous tension : la Croatie et l'Espagne ont livré un des plus beaux matches de ce premier tour. La Roja avait pourtant pris les devants très vite sur un mouvement typiquement espagnol. Une attaque rapide, après une superbe séquence de passes et de prises d'intervalles, un caviar de Silva, un ballon devant le but de Fabregas et Morata en chasseur bien placé pour reprendre juste devant le but (7e). La sélection de Del Bosque a offert par moments le jeu irrésistible de ses plus belles heures (six joueurs à plus de 90% de passes réussies après une demi-heure).
La défense espagnole n'est plus imperméable Elle a aussi montré des sautes de concentration coupables, qui ont rappelé le match amical contre la Géorgie (0-1) juste avant cet Euro. L'Espagne a fait preuve d'errances défensives rares. La trop grande décontraction de Piqué à la 4e minute était un premier signe sans conséquence. De Gea a ensuite failli offrir un but gag à Rakitic qui a vu son lob mourir sur la transversale après une sortie hasardeuse du portier de Manchester United. Trop tendre sur son intervention défensive, c'est finalement Sergio Ramos qui a laissé filer Kalinic pour l'égalisation d'une reprise aérienne (45e) que n'aurait pas renié Zlatan Ibrahimovic. Le premier but encaissé par la Roja depuis son premier match de l'Euro 2012 contre l'Italie (1-1, but de Di Natale). En seconde période, l'Espagne, trop facile, est aussi retombée dans ses mauvais travers. A force d'enchaîner les transmissions sans véritablement accélérer, elle s'est mise en situation de se faire surprendre par une équipe croate dominée mais joueuse. Les Espagnols ont pourtant eu de quoi se mettre à l'abri sur un penalty litigieux provoqué par David Silva. Et Sergio Ramos, en bon capitaine, a choisi de le frapper, au détriment de ses coéquipiers à vocation offensive. Mal lui en a pris. Subasic s'est avancé allégrement sans réaction du corps arbitral pour détourner la tentative plein centre du défenseur du Real Madrid. Le tournant du match.
Perisic envoie l'Espagne défier l'Italie Le tournant du match puisque, un quart d'heure plus tard, la Croatie a finalement été récompensée de son intelligence tactique sur un contre conclu par Perisic, sur une frappe du gauche légèrement contrée par Piqué qui est venue se loger dans l'angle mal fermé par De Gea contre son poteau droit (87e). Le duo Perisic - Kalinic (1 but, 1 passes décisive chacun) aura donc le dernier mot. Ce dernier, suppléant de Mandzukic ce mardi, s'est démultiplié offensivement, judicieux dans l'orientation du jeu et pressant sur l'arrière-garde adverse. Avec cette victoire de prestige, la Croatie s'ouvre une partie de tableau nettement dégagée. L'Espagne, elle, va désormais devoir rebondir, et démontrer que le traumatisme de la dernière Coupe du Monde est bien chassé. Pour cela, il faudra passer sur le corps de l'Italie, pour un remake de la finale du dernier Euro.
La Turquie se donne le droit de rêver La Turquie a battu la République tchèque (2-0) ce mardi soir au stade Bollaert de Lens. Une victoire qui pourrait ouvrir une possible qualification, via une place de meilleure 3e, aux Turcs. La Turquie peut encore y croire. En s'imposant contre la République tchèque ce mardi à Lens (0-2) grâce à des buts de Yilmaz et Tufan, les hommes de Fatih Terim ont récupéré la 3e place du groupe D à leur adversaire du soir. Ils doivent désormais attendre les résultats des deux derniers groupes, mercredi, pour savoir s'ils accèdent aux huitièmes de finale. Les Tchèques sont eux éliminés. Au coup d'envoi, la donne était simple pour les deux pays : ils devaient s'imposer pour encore croire à la qualification pour les huitièmes de finale. Du coup, la République tchèque et la Turquie ont offert à Lens une rencontre plaisante et riche en occasions. Titularisé pour la première fois dans cet Euro à la place de Calhanoglu, Emre Mor a fait très mal à la défense tchèque. Percutant, provocateur balle aux pieds, le futur joueur de Dortmund s'est montré décisif. Servi par Turan côté droit, il a profité de l'espace pour s'appliquer et adresser un centre parfait aux six mètres pour Yilmaz qui a trompé Cech d'une volée du droit (0-1, 10e).
Les Turcs ont leurs chances Privée de son capitaine Rosicky, blessé, la République tchèque a réagi. Mais la tête de Sivok a trouvé le poteau (16e) et la jolie frappe de Plasil les gants de Babacan (38e). Les Turcs ont subi en première période et affiché un réalisme implacable. Ils n'ont touché qu'un seul ballon dans la surface adverse : le but de Yilmaz. La Turquie a assuré sa 3e place en seconde période. Après un cafouillage, Tufan a déclenché une frappe dans la lucarne gauche d'un Cech impuissant (0-2, 65e). Le gardien d'Arsenal fut très proche de craquer à nouveau sur des tentatives de Mor (58e) et Sahan (83e). Moribonde après deux défaites contre la Croatie (0-1) et l'Espagne (0-3), la Turquie peut encore rêver à une qualification pour les huitièmes de finale. C'est le charme de cet Euro à 24 équipes.
L'Allemagne n'a mis qu'un but à l'Irlande du Nord L'Allemagne s'est imposée contre l'Irlande du Nord (1-0) mardi en fin d'après-midi au Parc des Princes. Les Allemands, qui ont manqué d'efficacité mais auraient mérité une victoire bien plus large, profitent du succès de la Pologne dans le même temps contre l'Ukraine sur le même score pour conserver, à la différence de buts, la première place du groupe C. L'Allemagne a assuré l'essentiel. La sélection de Joachim Löw s'est qualifiée en terminant première du groupe C. Mais la décision s'est faite à la différence de buts (+3 pour l'Allemagne, +2 pour la Pologne). Opposée à l'Irlande du Nord mardi, au Parc des Princes, la Mannschaft s'est imposée (1-0). Elle a même largement dominé la partie, se créant un nombre important d'occasions, sans toutefois jamais réussir à faire le break. Ce qui aurait pu coûter cher aux partenaires de Manuel Neuer qui ont dû jeter un œil au résultat de l'autre rencontre de la poule pour connaître leur position finale. Mais si la Pologne a elle aussi pris trois points, elle n'a pu inscrire qu'un unique but (1-0).
Le manque d'efficacité, un mal récurrent Si l'Allemagne a su se montrer dangereuse lors de ses deux premiers matches, son inefficacité devant le but a été régulièrement pointée du doigt. Contre les Nord-Irlandais, Mario Gomez, aligné en pointe pour la première fois depuis le début de la compétition, a ouvert le score avant la demi-heure de jeu à l'issue d'une superbe action collective (1-0, 29e). Une réalisation qui aurait pu être le point de départ d'un véritable festival. Mais la Mannschaft a une nouvelle fois gâché un nombre colossal d'opportunités. De Thomas Müller, qui a notamment trouvé à deux reprises les montants adverses (27e, 34e), à Mario Götze (12e, 52e) en passant par Mesut Özil (11e, 90e), tous ont manqué de précision dans le dernier geste. Les Allemands pourront se rassurer en se disant qu'en face, Michael McGovern, le gardien nord-irlandais, a réalisé une prestation époustouflante. Ils pourront aussi se raccrocher au fait que leurs adversaires ne sont jamais parvenus à inquiéter Manuel Neuer. Mais cette incapacité à tuer les rencontres reste un caillou dans la chaussure de Joachim Löw et des champions du monde. Si lors des huitièmes de finale, face au troisième du groupe A, B ou F, une prestation similaire à celle du jour pourrait suffire, il faudra impérativement corriger le tir pour viser le titre.
La Pologne fait un beau deuxième La Pologne s'est imposée dans la douleur contre l'Ukraine, déjà éliminée, ce mardi en fin d'après-midi au Stade Vélodrome de Marseille (1-0). Un succès par la plus petite des marges qui ne suffit pas aux Polonais pour dépasser l'Allemagne. Ils terminent donc à la 2e place du groupe C. La Pologne se savait déjà pratiquement en huitièmes de finale et a assuré le strict minimum face à un adversaire déjà éliminé. Elle s'impose au terme d'un match où elle a abandonné l'initiative du jeu à son adversaire, qui a dominé de façon stérile toute la partie. Après une mi-temps sans but, Jakub B?aszczykowski, entré à la pause, a inscrit le seul but de la rencontre d'une jolie frappe en lucarne (54e). Les Polonais terminent deuxièmes du groupe C et affronteront la Suisse samedi en huitième de finale tandis que l'Ukraine quitte la compétition sans avoir obtenu le moindre point ni marqué le moindre but. Les hommes de Mykhailo Fomenko, qui rend son tablier de sélectionneur à l'issue de cette troisième défaite du tournoi - la cinquième d'affilée à l'Euro -, auraient certainement pu jouer encore deux heures de plus sans faire trembler les filets. Même face à une Pologne pas vraiment disposée à se faire violence, ils n'ont pas su trouver les solutions et faire quelque chose de leur possession de balle (63%). Les chiffres sont cruels : 549 passes réalisées, soit plus de deux fois le total adverse (277), 19 tirs (dont cinq cadrés), tout ça pour rien. Symbole de cette inefficacité, Andriy Yarmolenko a vendangé trois grosses occasions (9e, 17e, 63e).
Blaszczykowski entre dans l'histoire Alors que la Pologne gérait tranquillement un score nul et vierge qui lui convenait bien, Jakub Blaszczykowski l'a sortie de son rythme de sénateur. Remplaçant au coup d'envoi, le joueur prêté par Dortmund à la Fiorentina n'a pas mis bien longtemps à se distinguer. Son enchaînement rateau-enroulé du gauche dans la lucarne opposée a scotché Pyatov et mis un coup de grâce à cette Ukraine au potentiel offensif limité. Un éclair à valeur historique puisque Blaszczykowski devient le premier Polonais a marquer sur deux championnats d'Europe différents. Robert Lewandowski devra, lui, patienter encore un peu avant d'ouvrir son compteur personnel dans cette édition 2016. Son association avec Milik n'a fait des étincelles que durant les cinq premières minutes de la partie, où il a offert à son partenaire un duel qu'il perdu face à Pyatov (2e) avant de se louper de près quelques secondes plus tard, à la reprise d'un bon centre de l'attaquant de l'Ajax (3e). Pas grave, la Pologne n'avait pas vraiment besoin d'un bon rendement de ses deux fers de lance pour rester invaincue. Ce sera certainement différent en huitième face à la Nati.