Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a exclu à ce stade un rétablissement des relations avec les Etats-Unis, en jugeant jeudi que les conditions américaines, en particulier sur le nucléaire, sont inacceptables pour l'Iran.Sans exclure qu'un tel rétablissement puisse survenir à terme, il a jugé que ses avantages seraient négligeables sans garanties de sécurité contre toute attaque américaine. "Les conditions posées par le gouvernement américain sont telles qu'il serait dommageable maintenant pour nous de rétablir des relations", a dit la plus haute autorité de l'Etat, dans un discours dans la ville de Yazd (centre), cité par la télévision. Les Etats-Unis ont posé comme condition à l'établissement d'un dialogue direct avec l'Iran la suspension par le régime de son programme d'enrichissement d'uranium, ce que Téhéran refuse obstinément. Le guide suprême a expliqué que l'enrichissement d'uranium, dont les Occidentaux craignent qu'il puisse être détourné à des fins militaires, devait permettre l'autosuffisance de l'Iran pour l'alimentation en combustible de ses futures centrales nucléaires. Il a évoqué le risque que le pays soit soumis à des pressions extérieures en la matière. "Si la livraison de combustible à l'Iran cessait un jour ou était soumise à des conditions, la nation ne devrait-elle pas se soumettre?", a-t-il demandé. Le pays ne compte qu'une centrale en construction, Bouchehr, d'une capacité de 1.000 mégawatts et alimentée en combustible par la Russie, qui devrait entrer en service à la fin 2008. Le guide suprême a clairement indiqué qu'il était opposé à toute concession sur le sujet de l'enrichissement, en reprenant les critiques du président Mahmoud Ahmadinejad envers ceux prônant une telle approche. "Certains défient le régime et le gouvernement sur ce point, et en accord avec l'ennemi, cherchent à créer du désespoir", a dit le guide, qui a vu l'enrichissement d'uranium comme "une réalisation renforçant la confiance nationale". Des hommes politiques réformateurs et conservateurs pragmatiques ont mis en garde récemment contre les risques pesant sur l'Iran à cause de son intransigeance sur le dossier nucléaire. Les Etats-Unis se sont toujours refusés jusqu'ici à exclure l'usage de la force pour contraindre l'Iran à geler son programme nucléaire. Mais le rétablissement des relations diplomatiques, rompues après la révolution islamique de 1979, supposerait le règlement de nombreuses autres questions. Si Washington accuse Téhéran de soutenir le terrorisme, et de représenter une menace pour la stabilité du Proche-Orient, l'Iran soupçonne pour sa part les Etats-Unis de chercher in fine un renversement d son régime. "L'hostilité (américaine) s'exerce contre les principes de la nation iranienne et elle est présente depuis le début de la révolution" islamique de 1979, a dit le guide suprême. Pour autant, même si "la rupture des liens avec les Etats-Unis est l'un des fondements de la politique" de l'Iran, a-t-il rappelé, "nous n'avons jamais dit que ces liens doivent être rompus pour toujours". D'ailleurs, "le jour où cette relation sera bénéfique pour le peuple iranien, je serais le premier à l'approuver", a-t-il assuré. A ce sujet, le guide suprême a évoqué, de façon indirecte, la question de garanties américaines pour la sécurité de l'Iran, en parlant du risque toujours présent d'une attaque américaine contre son pays. Le rétablissement des relations avec Washington "ne réduira pas le danger des Etats-Unis" pour l'Iran, a dit l'ayatollah Khamenei, en en voulant pour preuve le fait que les Américains "ont attaqué l'Irak alors qu'ils avaient une relation avec lui". De nombreux experts jugent que des garanties de sécurité américaines sont une condition primordiale de Téhéran au rétablissement de ses relations avec Washington.