Le gouvernement, dans le cadre de tensions budgétaires afin de prendre les mesures nécessaires de redressement national a besoin d'être informé et éclairé objectivement. Dans ce cadre, s'agissant en cette conjoncture difficile de rassembler et non de diviser devant tenir un discours de vérité, de ne faire le procès de personne, ne devant privilégier que les intérêts supérieurs du pays, l'objet de cette brève contribution est de se poser la question suivante: quels sont les résultats provisoires de l'opération lancée par le FCE, en avril 2016, action louable, mais loin des attentes, de l'emprunt obligataire? 1.- L'emprunt obligataire lancé par l'Etat algérien en avril 2016, a fixé un taux d'intérêt variable de 5 à 5,75%. Aucune somme limite n'est fixée pour cet emprunt obligataire étatique, le gouvernement espérant drainer une fraction du capital argent de la sphère informelle. Le bilan à juin 2016 donne un montant de près de 251 milliards de dinars, au cours actuel 2,10 milliards de dollars depuis son lancement selon l'APS, la quasi-majorité de ces souscriptions ayant été enregistrée au niveau des agences bancaires et des compagnies d'assurances, alors que les trésoreries des wilayas ont collecté une part infime de 1%, alors que le déficit de la balance de paiement y compris les services, sera supérieur à 30 milliards de dollars fin 2016 au cours du pétrole actuel. 2.-Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui déclare pour son organisation un chiffre d'affaire global, pour tous ses membres, de 30 milliards de dollars en 2015, en rappelant que pour avoir une appréciation objective, qu'il faille déclarer le profit net de l'ensemble des opérateurs de l'organisation devant soustraire les coûts, seul indicateur économique significatif, a réussi à récolter des engagements de souscription à l'emprunt obligataire national pour un montant de 150 milliards de dinars, soit au cours actuel 1,25 milliards de dollars. Espérons donc que cette action ne sera que provisoire et que la mobilisation sera plus importante prochainement, car ce montant, s'il n'est pas encore gonflé, couvre à peine une rubrique d'importation d'un produit stratégique, montrant également que l'Algérie, il ne faut pas être utopique, dépendra encore longtemps des hydrocarbures, le tissu productif hors rente, étant à créer afin de réaliser une économie véritablement diversifiée. 3.-Quel est le pourcentage des membres du FCE entendu les opérateurs privés et non publics qui ont souscrit à cette opération ? 4.-Que représente ce montant par rapport au déficit de la balance de paiement fin 2016 ? 5.-Ce montant ne fait-il pas double emploi avec le montant de 2, 10 milliards de dollars annoncé par l'APS ? Pour ce qui est des promesses de souscription du FCE, les montants rapportés par la presse donnent notamment celui l'UGTA pour 25 milliards de DA (ce montant provient -il ses adhérents, seule action significative) et les banques publiques et les institutions de l'Etat ont souscrit pour leur part et pour leur compte pour 45 milliards de DA, soit 40% du total ? 6.-Véritable paradoxe où l'argent du secteur d'Etat circule entre les mêmes organismes alors que l'objectif de l'emprunt obligataire était autre, rente qui seront supportés par les générations futures, pour le cas des organismes publics, dont les entreprises publiques ont été assainies à plus de 60 milliards de dollars par les pouvoirs publics entre 1971/2015, le placement leur rapportera, selon que le taux est de 5 ou 5,75%, une rente annuelle entre 225 à 259 milliards de centimes et pour l'UGTA qui vit en majorité sur les subventions de l'Etat , les intérêts lui rapporteront s entre 144 et 125 milliards de centimes annuellement, soit une rente variant entre 1,2 et 1 milliard de centimes par mois de quoi faire pâlir le salaire mensuel du président de la république, du premier ministre, de tout ministre ou de tout haut fonctionnaire de l'Etat. 7.-.Ce montant ne résulte-t-il a pas du retrait auprès des banques pour les placer à un taux plus avantageux au risque les assécher, un transfert de la sphère réelle vers la sphère réelle alors que l'objectif était autre ? 8.-Lié à la question précédente quel est la part des fonds propres des souscripteurs entendu toujours les opérateurs privés ? 9.-Les informations rapportées par la presse nationale que sur les 800 entreprises inscrites, seules 380 d'entre elles ont pris part et que le nombre de souscripteurs par engagement est de 267 sont-ils confirmées par le FCE, étant entendu que c'est encore un engagement et non une souscription réelle ? Le secteur privé du FCE a représenté 60% du total en promesses, soit 900 millions de dollars. Tenant compte de l'apport de dix à quinze opérateurs privés y compris les opérateurs de téléphones mobiles/ assurances, l'on aurait plus de 80% sur ces 60%. 10.- Les souscriptions à l'emprunt obligataire sont acceptées comme garantie au crédit bancaire, dans ce cadre ne risque t- on pas de se retrouver dans une opération spéculatrice accroissant le déficit du trésor public cet emprunt servant à souscrire de nouveaux prêts via des banques à 2/3% , tout en bénéficiant d'intérêt de 5 à 5,75% , banques dès lors qui faute de liquidités demanderont à la banque d'Algérie de recourir à l'émission monétaire accroissant le déficit qui risque de dépasser 30 milliards de dollars fin 2016 ? Aussi relevant de la sécurité nationale, s'impose la vigilance 11-. J'avais rappelé dans maintes contributions mai/juin 2016) afin que l'emprunt obligataire puisse avoir un succès que : - premièrement, le taux d'intérêt doit être supérieur au taux d'inflation. Sinon, les ménages se réfugieront dans l'achat de devises fortes, de l'or ou de l'immobilier afin de préserver le pouvoir d'achat de leur épargne ; -deuxièmement, il y a lieu d'éviter le dérapage accéléré du dinar qui a indirectement un impact à la fois sur les coûts de production des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% et sur le pouvoir d'achat des ménages dont les besoins dépendent à 70% de l'extérieur, un dinar dévalué de 30% du fait des taxes fiscales arrivant aux consommateurs avec une augmentation de plus de 50% ; -troisièmement, pour plus de transparence, la création d'un fonds d'investissement où serait canalisé cet emprunt afin d 'éviter que ce capital argent aille combler le déficit budgétaire et par là atténuer l'épuisement du fonds de régulation des recettes; - quatrièmement comme synthèse des actions, de véritables réformes micro-économiques et institutionnelles où l'on doit éviter tant illusion mécanique des années 1970,( nous sommes à l'aube de la quatrième révolution industrielle), le juridisme faire des lois à tout problème, que monétaire. L'Algérie a connu plusieurs codes d'investissements, différentes organisations depuis l'indépendance politique et des dévaluations 5 dinars un dollars vers les années 1970/1980 à plus de 110 dollars un dollar en juin 2016,alors que toute dévaluation du dinar aurait dû entraîner une dynamisation des exportations hors hydrocarbures et l'Algérie est toujours mono-exportatrice à 97/98% d'hydrocarbures avec les dérivés montrant que le dépassement passe par de profondes réformes associant toutes les composantes de la société. 12.-Un emprunt national est supporté par les générations futures qui supporteront les coûts, en cas où les profits engendrés ne pourront pas rembourser le principal et les intérêts. Reconnaissons qu'en 2016, pour des raisons historiques et un environnement contraignant des affaires, que le secteur privé opérant dans la sphère réelle en Algérie a des moyens financier limités, d'où le résultat provisoire mitigé. 13.-Les plus grosses fortunes ne seraient-elles pas au niveau de la sphère informelle en n'oubliant pas les importantes fortunes à l'étranger (achat de biens ou dépôts dans des paradis fiscaux), avec une intermédiation financière informelle à des taux d'usure ? D'où la moralité sans faille si l'on veut mobiliser la société et l'importance de l'application des circulaires du premier Ministre adressées à toutes les institutions pour combattre ce fléau d'évasion fiscale et de transferts illicites de capitaux 14-Le gouvernement doit en tirer les leçons pour ne pas se tromper de stratégie, la confiance et toujours la confiance renvoyant au mode de gouvernance, sans laquelle aucune opération ne peut réussir par un nouveau système de communication fondé sur la transparence, en cas où de genre d'opérations se renouvelleraient sous les mêmes modalités de transfert de capital argent de la sphère réelle vers la sphère réelle (tautologie donc sans impacts) et chercher d'autres sources de financement que chez le secteur privé composant le FCE. -Les économies les plus sures se trouveraient dans la rationalisation ciblée du budget de fonctionnement et de l'équipement des différents appareils de l'Etat. -Revoir le fonctionnement des entreprises publiques dont Sonatrach afin de réduire leurs coûts et améliorer leur gestion et réformer le système domanial et fiscal actuel désuet en étant conscient que l'impôt peut tuer l'impôt, existant d'autres niches où le capital argent de la sphère informelle pourrait être drainé, renvoyant à une nette volonté politique de libéralisation maîtrisée -Une gestion plus active de la rente et des réserves de change actuelle avec un endettement extérieur ciblé contracté à moyen et long terme, qui ne concerne que les segments à valeur ajoutée afin d'atténuer le puisement des réserves de change qui tiennent la crédibilité internationale de l'Algérie et la valeur du dinar -à terme, il s'agira de lever toutes les contraintes dont le terrorisme bureaucratique, afin de permettre l'épanouissement des énergies créatrices pour créer de la valeur interne. En résumé, la nouvelle politique économique, notion plus appropriée que modèle de croissance, ne saurait se limiter à des extrapolations technico-économiques, fonction des hypothèses et des méthodes de calcul souvent aléatoires, pouvant être remis en cause par des événements exogènes, parfois difficilement prévisibles : par exemple, des tensions sociales avec des augmentations brusque de salaires, l'impact de la crise de 2008, ou du Brixit anglais sur la croissance de l'économie mondiale. Par ailleurs toute politique économique ne peut réussir sans un retour à la confiance, étant forcément être mise en œuvre par des acteurs politiques, économiques et sociaux notamment les acteurs acquis à l'esprit des réformes qui trouveront des résistances naturelles face aux tenants de la rente. L'Algérie doit donc s'adapter aux nouvelles mutations géostratégiques politiques, militaires, sécuritaires, sociales et économiques au sein d'un monde en perpétuel mutation. Ayons une vision positive car la société algérienne est appelée à connaître des recompositions sociales très importantes entre 2016/2025, différentes des anciennes alliances bureaucratiques rentières qui ont atteint leurs limites. Et ces nouvelles mutations auront comme soubassement les enjeux économiques, en fait le nerf de tout pouvoir et seront influencées par des facteurs externes et internes, devant éviter de plaquer des modes d'organisation importés, tenant compte de notre anthropologie culturelle. L'Algérie peut être un acteur de prospérité et de stabilité au niveau de la région euro-méditerranéenne et africaine, conditionné par une nouvelle gouvernance tenant compte du nouveau monde en perpétuel mutation Elle peut en cas de non développement être aussi un acteur de déstabilisation de toute la région méditerranéenne et africaine. Continuer dans l'actuelle voie, sans savoir écouter croyant détenir seul le monopole du nationalisme et de la vérité, conduira le pays vers d'inévitables tensions sociales et droit au FMI, ce qu'aucun algérien aimant son pays, ne souhaite.