Les cours du pétrole ont timidement rebondi vendredi à la clôture à New York, dans un marché encouragé par d'excellents chiffres sur l'emploi américain mais perplexe devant l'augmentation du nombre de puits en activité dans le pays. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en août, qui avait lâché près de 5% la veille, a gagné juste 27 cents à 45,41 dollars sur le New York Mercantile Exchange. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a gagné 36 cents à 46,76 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Aujourd'hui l'élément principal c'est les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis, a commenté Phil Flynn, chez Price Futures Group. Avec 287 000 embauches nettes en juin, l'économie américaine affiche une performance très supérieure aux attentes, qui fait presque oublier la stagnation du marché de l'emploi en mai. Cela est de bon augure pour la demande, dont le niveau élevé actuel (aux Etats-Unis) va probablement se maintenir parce que l'économie ne va pas aussi mal qu'on le craignait chez le premier consommateur mondial d'or noir, a précisé M. Flynn. Mais il a aussi noté que ce bon chiffre avait poussé à la hausse le dollar, en raison des conséquences supposées sur la politique monétaire, et que cela joue comme un vent contraire pour les cours. En effet le brut s'échange en dollars, et toute hausse du billet vert pénalise les acheteurs munis d'autres devises. Par ailleurs la société de services pétroliers Baker Hughes a annoncé qu'il y avait cette semaine 10 puits de pétrole en activité de plus que la semaine dernière, une deuxième hausse en deux semaines. C'est un mauvais point pour les investisseurs espérant que la production américaine baisse encore, dans l'espoir que les excédents, qui plombent le marché depuis deux ans, finissent par se tasser. Mais comme le ministère de l'Energie américain avait annoncé jeudi une très forte baisse hebdomadaire de la production américaine (-194.000 barils par jour), les investisseurs n'ont pas semblé trop s'en inquiéter, M. Flynn évoquant une stabilisation dans le décompte des puits. Le marché est ballotté parce qu'il a du mal à voir si tout cela pousse à la hausse ou à la baisse, a-t-il dit. Pour Tim Evans, chez Citi, le marché semble surtout gouverné par des considérations techniques. Seul le temps dira si des investisseurs pariant sur la hausse du brut sont encore prêts à acheter à tout accès de faiblesse des cours, ou si ces reculs vont déboucher sur une correction, faisait-il valoir dans une note. Dans l'immédiat, ajoutait-il, une hausse de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole prolonge les excédents d'offre par rapport à la demande, ce qui tend à justifier une baisse des cours. De fait, même au Nigeria, premier exportateur africain d'or noir, la production pétrolière réussit à se maintenir en dépit d'attaques rebelles dans la principale région d'extraction. Selon les analystes de PVM, le ministre nigérian du Pétrole a révélé que la production pétrolière du pays se situait actuellement autour de 1,9 million de barils par jour, relativement proche des 2,2 millions prévus dans le budget 2016 du pays. En Asie, les cours du pétrole rebondissaient vendredi en Asie sous l'effet d'achats à bon compte, après avoir plongé sur fond d'inquiétudes renouvelées quant à l'excès d'offre. Vers 03H35 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août gagnait 50 cents, à 45,64 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en septembre, s'appréciait de 60 cents, à 47 dollars. Les investisseurs se précipitaient sur les bonnes affaires après la baisse conséquente des cours, a constaté Bernard Aw, analyste chez IG Markets. Mais les fondamentaux - surabondance et demande poussive - perdurent, a-t-il prévenu. Les cours sont également soutenus par une nouvelle revendication par les rebelles nigérians d'une attaque contre des infrastructures pétrolières.