Les cours du pétrole repartaient à la baisse hier matin en Asie, les inquiétudes quant à l'excès d'offre reprenant le dessus après des informations sur une augmentation des stocks de brut américains. Les cours reculaient aussi sous l'effet de prises de bénéfices après la franche augmentation de la veille. Vers 03h40 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août cédait 27 cents, à 46,53 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en septembre, reculait de 36 cents, à 48,11 dollars. Les cours avaient nettement rebondi mardi grâce à des rapports jugés engageants de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et du département américain de l'Energie (DoE). Mais l'American Petroleum Institute a estimé que les stocks de brut avaient augmenté de 2,2 millions de barils la semaine dernière aux Etats-Unis, contrecarrant les espoirs de rééquilibrage du marché. Le DoE devait publier hier les chiffres officiels sur l'état des stocks, qui sont un indicateur de la demande chez le plus gros consommateur de brut mondial. Quand les stocks grimpent, c'est une pression à la baisse car en termes saisonniers, les stocks ont tendance à décliner jusqu'à la mi-août au moins, a déclaré à l'agence Bloomberg News Hong Sung Ki, analyste chez Samsung Futures. L'été est traditionnellement l'époque des grands déplacements en voiture aux Etats-Unis. Bien sûr, il faut attendre de voir s'il s'agit d'une hausse unique, a-t-il ajouté. Depuis le vote britannique pour sortir de l'Union européenne le 23 juin, les cours sont particulièrement volatils. Après des plus bas de 13 ans en février, en deçà du seuil de 30 dollars, les prix ont fluctué entre 44 et 52 dollars au cours du mois écoulé.
Des rapports encourageants Les cours du pétrole ont fortement monté mardi grâce à des rapports jugés engageants de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et du département américain de l'Energie (DoE). Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en août, qui avait perdu quelque quatre dollars depuis le début du mois, a rebondi de 2,04 dollars à 46,80 dollars sur le New York Mercantile Exchange. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, lui-aussi récemment déprimé, a avancé de 2,22 dollars à 48,47 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). C'est en partie lié à l'optimisme à court terme manifesté par l'Opep dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier, a estimé James Williams, de WTRG Economics. Le cartel a estimé que le rééquilibrage du marché de l'or noir se poursuivrait en 2017, avec une demande mondiale qui continuera à croître face à une production toujours déclinante dans les pays extérieurs à l'Opep. Ils estiment que pour le trimestre en cours, en dehors de l'Opep, la consommation sera suffisamment élevée et l'offre suffisamment basse pour aller dans le sens de ce rééquilibrage, a remarqué M. Williams. Ces prévisions viennent soulager des investisseurs qui semblaient regagnés depuis le début juillet par des préoccupations sur le niveau toujours élevé de l'offre, alors que les cours avaient auparavant profité de problèmes divers de production dans le monde. Même s'il faut reconnaître qu'un rééquilibrage en 2017 marquerait un net progrès après deux années de surabondance, il faut noter que dans un tel scénario, il faudrait attendre 2018 avant de voir les réserves mondiales baisser, a relativisé dans une note Tim Evans, de Citi. Plus précisément, il prévenait que l'hypothèse d'un rééquilibrage ne se basait que sur l'idée d'une nette hausse de la demande, et non d'une résorption de l'offre, d'autant que l'Opep a encore fait état d'une hausse de sa propre production en juin.
Le dollar faible aide Qui plus est, la Libye a annoncé voici deux ou trois jours qu'elle allait se remettre à exporter après des perturbations liés à la guerre civile, a rapporté M. Williams. En revanche, toujours au sein du cartel, il se faisait l'écho d'annonces selon lesquelles l'offre de l'Irak, deuxième producteur de l'Opep, avait nettement baissé ces dernières semaines, ce qui risque de persister face à des perturbations sur des oléoducs. L'attitude du cartel est particulièrement surveillée car il contribue depuis près de deux ans à déprimer les cours en s'abstenant de réduire sa production, principalement à l'instigation de son membre dominant, l'Arabie saoudite. Après le rapport de l'Opep, les investisseurs ont digéré une publication semblable du département de l'Energie (DoE), logiquement plutôt centrée sur la production américaine. Je n'ai rien noté de particulièrement bon ou mauvais dedans, a reconnu M. Williams. L'impression générale n'était pas très différente de celui de l'Opep. Le DoE n'a pas changé ses estimations sur la production américaine, dont la baisse persistante cette année a largement soulagé les investisseurs, et s'attend toujours à ce qu'elle recule nettement au terme de 2016 puis encore un peu en 2017. Le marché va aussi surveiller les chiffres sur l'offre américaine de la semaine achevée le 8 juillet, avec d'abord les estimations de l'American Petroleum Institute mardi à 20H30 GMT, puis les chiffres plus définitifs du DoE demain à 14H30 GMT, a rappelé M. Evans. De plus, les investisseurs attendent un troisième gros rapport mensuel, celui de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) à Paris, qui sera publié mercredi. Au-delà de ces rapports, certains observateurs estimaient que les cours pétroliers profitaient aussi d'un petit affaiblissement du dollar, car ils sont libellés en monnaie américaine et en deviennent plus intéressants. La corrélation inversée entre le dollar et le brut est extrêmement marquée depuis plus de deux semaines, a souligné Kyle Cooper, d'IAF Advisors.
L'AIE relève sa prévision de croissance La consommation mondiale de pétrole devrait augmenter plus que prévu en 2016, contribuant au rééquilibrage en cours du marché, a indiqué mercredi l'Agence internationale de l'énergie, estimant toutefois que la persistance de stocks élevés pourrait menacer la récente stabilité des prix. La demande mondiale d'or noir devrait croître de 1,4 million de barils par jour (mbj) cette année pour atteindre 96,1 mbj, soutenue notamment par une Europe plus gourmande au second semestre, contre une précédente prévision de hausse de 1,3 mbj, a détaillé l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. En 2017, la consommation est anticipée en hausse de 1,3 mbj à 97,4 mbj, tirée essentiellement par les pays non membres de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). "Depuis quelque temps maintenant, ce rapport souligne la grande tendance vers un retour du marché à l'équilibre. Les ajustements apportés à nos données ce mois-ci suggèrent que peu de choses ont changé: le marché connaît une transformation extraordinaire d'un surplus majeur au premier trimestre 2016 à un quasi-équilibre en deuxième trimestre", a expliqué l'agence basée à Paris. Mais l'AIE a prévenu que la persistance des stocks de produits pétroliers à des niveaux élevés pourrait menacer la récente stabilité des prix, qui évoluent depuis plusieurs semaines entre 45 et 50 dollars le baril après le plancher de 27,10 dollars touché en janvier. La décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne constitue un élément d'incertitude supplémentaire, même s'il est prématuré d'évaluer son impact sur la demande mondiale de pétrole, a-t-elle indiqué. La production devrait, elle, décliner de 0,9 mbj à 56,5 mbj cette année dans les pays n'appartenant pas à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), avant une timide reprise de 0,2 mbj en 2017. Sur le seul mois de juin, cette évolution a pesé sur l'offre mondiale, qui a diminué de 750 000 barils par jour par rapport à la même période en 2015, même si elle s'est inscrite en hausse de 600 000 barils par jour à 96 mbj par rapport au mois de mai, affecté par de gigantesque feux de forêts au Canada et des sabotages d'installations pétrolières au Nigeria. La production de l'Opep a, elle, atteint son plus haut niveau en huit ans, à 33,21 mbj, la part de marché des producteurs du Moyen-Orient atteignant même 35% de la fourniture mondiale d'or noir, un sommet depuis la fin des années 1970.
L'Opep table sur une poursuite du rééquilibrage Le rééquilibrage du marché pétrolier se poursuivra en 2017, avec une demande mondiale qui continuera à croître face à une production d'or noir toujours déclinante dans les pays n'appartenant pas à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a indiqué mardi le cartel pétrolier. Les conditions de marché contribueront à éliminer les stocks de pétrole globalement excédentaires en 2017, a relevé l'Opep dans son rapport mensuel publié à Vienne. Selon le cartel, qui pompe environ un tiers du pétrole mondial, la demande mondiale d'or noir devrait croître de 1,2 million de barils par jour (mbj) l'an prochain pour atteindre environ 95,3 mbj, après une hausse de même ampleur en 2016, à 94,2 mbj. Les pays hors OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) se tailleront la part du lion en consommant 1,1 mbj de la hausse attendue, tandis que les pays développés n'utiliseront que 0,1 mbj de plus en 2017. La demande sera en particulier tirée par les carburants, dans un contexte de rebond des ventes de véhicules aux Etats-Unis, en Chine et en Inde, et le secteur pétrochimique. Dans le même temps, la production continuera à décliner dans les pays hors-Opep: pénalisée par de vastes incendies de forêts au Canada, elle se contractera plus que prévu en 2016, de 0,9 mbj à 56 mbj, et continuera à baisser l'an prochain, bien que plus timidement (-0,1 mbj à 55,9 mbj). En conséquence, la demande auprès de l'Opep devrait atteindre 31,9 mbj en 2016 (soit 14,9 mbj de plus en un an) et 33 mbj l'an prochain, selon le cartel, qui compte 14 pays depuis que le Gabon a réintégré l'organisation le 1er juillet. Mardi, les prix du pétrole progressaient en cours d'échanges européens, rebondissant après leurs pertes de la veille grâce à un dollar affaibli et des perturbations de la production au Nigeria et en Irak. Le marché reste toutefois en proie à des inquiétudes récurrentes concernant un excès d'offre, que l'Opep a contribué à alimenter en s'abstenant de baisser ses objectifs de production pour maintenir ses parts de marché. Les ministres du cartel ne s'étaient pas fixé de plafond de production lors de leur réunion à Vienne le 2 juin, jugeant leur production raisonnable et validée par la progression des prix après un plus bas atteint en janvier