Pas moins de 128 incendies de forêts et feux de récolte ont été recensés depuis juin dernier à travers différentes communes et zones boisées de la wilaya de Médéa, selon la Protection civile. La forte canicule qui a sévi dans la région, notamment à la fin du mois de juin et le début du mois de juillet, est à l'origine des nombreux départs de feux signalés au cours de cette période, a indiqué la même source. Le recours, dans certaines régions agricoles, à l'écobuage, mode de fertilisation ancien consistant à bruler la végétation pour préparer le sol pour de prochaines cultures, est l'une des causes également des multiples feux de récolte enregistrés à travers la wilaya, en particulier la partie Nord-est, rudement affectée par ces sinistres, a-t-on fait observer. Le bilan des pertes, dressé par la Protection civile, fait état de la destruction de 79 hectares de forêts, 28 hectares de maquis, près de trois hectares de broussaille, d'environ six hectares de plantations fruitières, 29 hectares de culture céréalière (blé et orge) et 671 arbres fruitiers. La même source déplore, en outre, la perte de plus de 1170 bottes de pailles, 5 quintaux de fourrage et d'une dizaine de ruches d'abeilles, suite aux différents feux de récolte qui ont eu lieu durant la période considérée.
Plus de 2.200 ha touchés par les incendies depuis juin Une superficie de plus de 2.200 hectares a été parcourue par les feux depuis le 1er juin 2016, sachant que la canicule et les vends chauds ayant sévi durant le week-end dernier ont accentué la dégénération des feux, a indiqué à l'APS un responsable auprès de la Direction générale des forêts (DGF). Entre le 1er juin et le 10 juillet en cours, le bilan fait état de 2.252 ha touchés par les feux se répartissant entre 675 ha de forêts, 451 ha de maquis et 1.126 ha de broussailles, précise le directeur de la protection de la faune et de la flore à la DGF, Abdelkader Benkheira. Ce premier bilan dépasse largement celui de la même période de l'année dernière puisque la superficie brûlée avait été de 1.282 ha entre le 1er juin et le 10 juillet 2015. Le bilan de la DGF fait état de 173 foyers d'incendies enregistrés dans 28 wilayas sur les 40 concernées par ce phénomène. La wilaya de Bejaia vient en tête en terme de superficie brûlée suivie de Sidi Bel Abbes et de Boumerdes. Selon le même responsable, le contexte climatique qui marque l'année 2016, caractérisé par un stress hydrique et des pics de températures, "est très favorable aux incendies". En outre, des pics de températures ont été enregistrés notamment durant juin et début juillet. D'ailleurs, depuis le début de la campagne de lutte et de prévention contre les feux de forêt au 1er juin, la DGF et les services de la météorologie ont émis trois bulletins météo spéciaux (BMS) pour mettre en garde contre des risques élevés d'incendies, note-t-il. Néanmoins, le passage caniculaire assez marqué survenu le week-end dernier avec des pics de température de 40 à 42 degrés, accompagnés de vents chauds du sud, ont aidé les feux à se dégénérer. Deux incendies significatifs se sont produits vendredi dernier: l'un à Boumerdès où les feux ont ravagé plus de 300 ha et l'autre à Bejaia avec une perte de 700 ha. Concernant les raisons de ces incendies, M. Benkheira fait savoir que des investigations menées par la gendarmerie nationale sont en cours pour en connaître les causes exactes.
Conditions climatiques "particulières" en méditerranée à fin juillet Par ailleurs, les services des forêts vont renforcer le dispositif d'intervention suite à des informations parvenues du Système européen d'information sur les feux de forêt (Effis) qui tablent sur des conditions climatiques "particulières" susceptibles de survenir à la fin du mois de juillet et début août prochain dans la région méditerranéenne. L'Effis prévoit un stress hydrique "très élevé" avec des températures "assez élevées" et des vends chauds du sud pour la fin du mois de juillet et le début du mois d'août. "Nous sommes parés pour cette période assez délicate à travers le renforcement du dispositif d'intervention et d'alerte", avance M. Benkheira. Le système Effis, qui couvre tous les pays des deux rives de la Méditerranée, fournit les informations sur les conditions du stress hydrique, l'alerte précoce pour lancer des bulletins et permet aussi d'avoir une estimation post-incendie de la superficie touchée par les feux. Pour rappel, la commission nationale de lutte et de prévention contre les feux de forêts a mis en place un dispositif de lutte contre les feux de forêt au titre de la campagne qui dure du 1er juin jusqu'au 31 octobre. Ce dispositif compte 411 postes de vigie mis en place avec un effectif de 1.025 éléments mobilisés pour la surveillance et l'alerte. La DGF dispose aussi de 485 brigades mobiles avec un effectif de 2.921 éléments, de 301 camions-citernes pour feux de forêt légers, de 27 camions ravitailleurs d'eau de grande capacité et de 1.989 équipements radio. Les forestiers ont recensé aussi 2.450 points d'eau situés autour des massifs forestiers et comptent sur un effectif de 21.500 ouvriers mobilisables en cas de nécessité. La commission a mis en place également 40 comités opérationnels de wilaya en plus de 2.013 comités de riverains qui s'impliquent dans la lutte et la prévention contre les feux de forêts. Outre les moyens de la DGF, la protection civile a mobilisé 22 colonnes mobiles pour venir en renfort. A ce propos, M. Benkheira relève la complémentarité "exceptionnelle" existant entre les éléments de la protection civile et ceux des forêts dans le combat contre les feux de forêt.