Les Bourses européennes ont connu de timides variations vendredi, suite à des chiffres moins mauvais que prévus dans la zone euro mais inquiétants en Angleterre, et toujours dans l'attente d'un soutien des banques centrales. Le marché parisien s'est ainsi montré "plutôt rassuré" après la publication des premiers chiffres d'activité en Europe depuis le Brexit, a estimé Renaud Murail, un gérant de Barclays Bourse. Les chiffres du cabinet Markit font état d'un tassement de la croissance de l'activité privée dans la zone euro, mais à un niveau moins mauvais qu'escompté. La baisse est en revanche "beaucoup plus violente au Royaume-Uni, notamment dans le secteur des services, ce qui pousse à anticiper une intervention des banquiers centraux à la hausse. (...) C'est ce qui peut peut-être expliquer l'équilibre du marché", a poursuivi M. Murail. Cette publication "n'a fait que renforcer les arguments de ceux, au sein de la Banque d'Angleterre, qui veulent une baisse de taux ou de nouvelles mesures de soutien en août", a commenté Connor Campbell, analyste chez Spreadex. Dans l'ensemble, les investisseurs n'ont guère pris de risques, alors que les incertitudes demeurent quant aux conséquences d'un Brexit pour l'économie européenne, comme l'a signalé jeudi le président de la BCE Mario Draghi.
L'Eurostoxx 50 a progressé de 0,13% La Bourse de Paris a terminé en très légère hausse de 0,11% à 4 381,10 points, animée par une nouvelle série de résultats d'entreprises. Parmi les valeurs, GTT a plongé (-11,68% à 24,84 euros), sanctionné après la révision à la baisse de son objectif de chiffre d'affaires pour 2016. TF1 a chuté lourdement (-9,38% à 8,68 euros), pénalisé par le fort recul de son bénéfice net au deuxième trimestre, tandis que EDF a pâti (-1,26% à 11 euros) d'une perquisition de son siège par l'Autorité des marchés financiers (AMF). A Londres, l'indice FTSE-100 des principales valeurs a gagné 0,46%, à 6 730,48 points. EasyJet a poursuivi sa chute de la veille, abandonnant encore 3,75% à 1 027 pence. La compagnie aérienne a vu son chiffre d'affaires reculer au printemps et fait face à un été incertain en raison des conséquences du Brexit, des attaques terroristes et du coup d'Etat manqué en Turquie. Le distributeur Marks and Spencer a également reculé (-3,56% à 316,8 pence). Le groupe de télécommunications Vodafone a réalisé la meilleure performance (+4,64% à 235,55 pence) après ses résultats du premier trimestre. L'indice Dax de la Bourse de Francfort a terminé sur un petit repli de 0,09%, à 10 147,46 points, tandis que le MDax des valeurs moyennes a avancé de 0,13% à 20 809,93 points. Les meilleures performances sont revenues au titre immobilier Vonovia (+1,14% à 33,61 euros), suivi du groupe de télécommunications Deutsche Telekom (+0,82% à 15,30 euros) et du fabricant de cométiques Henkel (+0,74% à 109,55 euros). Dans le rouge se trouvaient Volkswagen (-0,21% à 120,60 euros), qui a engagé un vaste rappel de véhicules après le scandale des moteurs truqués, Deutsche Bank (-0,72% à 13,09 euros), après des rumeurs de division de ce géant bancaire en difficulté, mais aussi Lufthansa (-1,20% à 10,31 euros) et Commerzbank (-1,59% à 5,83 euros). A Madrid, l'indice Ibex 35 a fini presque inchangé avec une hausse de 0,19% à 8 599,90 points. L'action de Bankia a bondi (+3,08% à 0,70 euros) après la publication d'un bénéfice net en baisse de 21,22% mais supérieur aux attentes des analystes. La banque Sabadell a elle lâché 7,47% à 1,19 euros, victime de prises de bénéfices. L'indice FTSE Mib de la Bourse de Milan a perdu 0,16% à 16 778 points. La moins bonne performance revient à la BMPS (-3,29%, à 0,312 euro), alors que les discussions se poursuivent sur le plan que la banque entend engager pour céder quelque 10 milliards d'euros de créances douteuses et mener ensuite une augmentation de capital. Plusieurs autres banques étaient en berne comme Banca popolare di Milano (-1,96%, à 0,4196 euro), Ubi Banca (-1,79%, à 2,744 euros) ou Banco popolare (-1,54%, à 2,432 euros). En revanche, deux marques de luxe ont connu une très bonne séance: Moncler (+2,67% à 15,4 euros) et Tod's (+2,53%, à 48,69 euros). L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a gagné 0,31% à 453,35 points. Les meilleures performances reviennent au groupe néerlandais de télécommunications KPN (+2,94% à 3,15 euros) et au sidérurgiste Arcelor Mittal (+1,55% à 5,19 euros). L'indice SMI de la Bourse suisse a grapillé 0,15% à 8.194,73 points, tiré par l'agrochimiste Syngenta (+1,57% à 393,90 francs suisses), que le géant chinois de la chimie ChemChina entend racheter. La plus forte baisse a été subie par Swatch Group,(-2,03% à 255,70 francs suisses) au lendemain de résultats de premier semestre lourdement grevés par Hong Kong et la baisse des flux touristiques en Europe. La Bourse de Lisbonne a clôturé en hausse de 0,53% à 4 650,50 points, grâce notamment aux papetiers The Navigator Company (+2,02% à 2,83 euros) et Semapa (+1,75% à 11,03 euros). Le titre de la banque BPI, dont la cotation avait été suspendue avant l'ouverture puis avait repris après le report de l'assemblée générale des actionnaires, a progressé de 0,63% à 1,12 euro. A l'inverse, le groupe de BTP Mota Engil a cédé 0,94% à 1,69 euro. A Bruxelles, l'indice Bel 20 terminé la semaine sur une note positive : +0,62% à 3 450,27 points. Le groupe pharmaceutique belge UCB a affiché la meilleure performance (+2,55% à 70,44 euros) tandis que l'assureur Ageas s'inscrivait en bas de tableau (-0,38% à 30,28 euros).
Les taux d'emprunt bougent peu Les taux d'emprunt ont peu bougé vendredi sur le marché de la dette en zone euro, à l'occasion d'une séance peu animée au lendemain d'une réunion sans surprise de la Banque centrale européenne. "Aujourd'hui, ce qui a joué ce sont plutôt les annonces concernant le QE", le programme d'assouplissement monétaire de la BCE, indique Cyril Regnat, un stratégiste obligataire de Natixis. Les investisseurs ont opté pour l'attentisme, dans la foulée de déclarations d'Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, qui a laissé entendre qu'il n'y aurait "pas d'annonce sur le QE (assouplissement monétaire, ndlr) avant le quatrième trimestre", relate M. Regnat. Les investisseurs avaient par ailleurs déjà pris en compte les conclusions de la réunion de la BCE la veille. L'institution monétaire s'est dite "prête" à agir et "en mesure" d'intervenir pour soutenir encore plus l'économie de la zone euro si nécessaire, a indiqué son président Mario Draghi, jugeant "encourageante" la résistance des marchés de la zone euro jusqu'ici après le vote britannique. Les indicateurs du jour ont par ailleurs peu joué sur le marché. En zone euro, la croissance de l'activité privée s'est tassée en juillet, après le vote sur le Brexit, atteignant un plus bas depuis 18 mois. Au Royaume-Uni, l'activité privée s'est contractée au mois de juillet pour atteindre son plus bas niveau depuis avril 2009 à cause du Brexit. A 18H00 (16H00 GMT), le taux à dix ans de l'Allemagne a légèrement reculé à -0,030% contre -0,017% jeudi sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Le taux de la France s'est également détendu à 0,210% contre 0,217%. Parmi les pays du sud de la zone euro, l'Italie a vu son taux reculer un peu à 1,234% contre 1,245%, celui de l'Espagne terminant à 1,114% contre 1,124%. Le taux d'emprunt du Royaume-Uni a fini à 0,798% contre 0,834%. Aux Etats-Unis, le taux d'emprunt à dix ans se situait à 1,559% contre 1,556% et celui à 30 ans à 2,285% contre 2,291%. Le taux à deux ans était à 0,698% contre 0,678%.
La livre britannique déprime L'euro baissait vendredi face au dollar, les cambistes craignant une aggravation des risques géopolitiques en Europe, tandis que la livre britannique souffrait d'un mauvais chiffre au Royaume-Uni, un mois après la victoire électorale du "Brexit". Vers 21H00 GMT (23H00 HEC), l'euro valait 1,0976 dollar - après être tombé à 1,0956 dollar, au plus bas depuis près d'un mois - contre 1,1024 dollar jeudi vers la même heure. La monnaie européenne reculait très légèrement face à la monnaie nippone, à 116,55 yens contre 116,60 yens la veille. Le dollar avançait face à la devise japonaise, à 106,19 yens contre 105,76 yens jeudi. L'euro est victime "d'inquiétudes géopolitiques", a avancé Boris Schlossberg, de BK Asset Management, citant les conséquences d'une fusillade meurtrière en Allemagne. La livre britannique baissait face à l'euro, à 83,71 pence pour un euro, et, plus encore, face au billet vert, à 1,3112 dollar pour une livre. La devise suisse montait légèrement face à l'euro, à 1,0835 franc pour un euro, mais baissait un peu face au billet vert, à 0,9872franc pour un dollar. La devise chinoise a terminé en baisse face au billet vert, à 6,6795 yuans pour un dollar à 15H30 GMT contre 6,6755 yuans pour un dollar jeudi à la même heure.