Une cérémonie haute en couleurs et riche en symboles a ouvert vendredi soir, de très belle manière, les Jeux Olympiques de Rio. Le Brésil a démontré que la magie n'était pas affaire de moyens et a offert un très beau moment en accordant au marathonien Vanderlei Cordeiro de Lima le suprême honneur d'enflammer la vasque olympique. Vanderlei Cordeiro de Lima a embrasé la vasque olympique et Rio a embrassé ses Jeux. Le temps d'une soirée, la cité carioca a chassé ses idées noires pour offrir au monde une cérémonie d'ouverture haute en couleurs, bien menée et festive. Une jolie soirée, longue mais pas interminable (en dehors du discours de Carlos Nuzman, le patron du Comité d'organisation), colorée sans être kitsch, joyeuse sans être outrancière. Le coup d'envoi idéal de cette quinzaine olympique. Au Maracana, à la silhouette méconnaissable sans son légendaire tapis vert, le ton a été donné, et bien donné. Loin de la démonstration de force technologique de Pékin en 2008, dont le budget était vingt fois supérieur à celle de Rio, la cérémonie de vendredi a prouvé, si besoin était, que la magie n'est pas affaire de moyens. Et des moments magiques, il y en a eu quelques-uns dans la mythique enceinte carioca, notamment dans la partie initiale de la soirée. Comme ces trois lettres "RIO", dessinées dans le ciel par un feu d'artifice inaugural. Cet hymne brésilien, joué tranquillement, à la guitare. Ou la lumineuse "girl from Ipanema" de Tom Jobim, repris par tout le public. La musicalité de cette soirée aura été une de ses grandes réussites. Et c'est aussi sur les notes d'Ipanema que Gisele Bündchen est apparue sur scène...
Vanderlei Cordeiro de Lima plutôt que Guga Bien plus tard, au cœur de la nuit heure française, ce furent les épisodes traditionnels et néanmoins fondamentaux. La lecture du serment des athlètes. La déclaration officielle de l'ouverture des Jeux, expédiée par le président par intérim du Brésil, Michel Tomer, littéralement hué par le public qui, même venu pour faire la fête, a tenu à lui rappeler le contexte. Une vague de colère dans cette soirée festive. Puis la flamme est arrivée. Rituel toujours magique. La fin, pour elle, d'un long voyage. Ce n'est donc pas Pelé, ni Gustavo Kuerten, pourtant annoncé par plusieurs médias au début de soirée, qui l'a amenée à destination. C'est Vanderlei Cordeiro de Lima, le héros malheureux du marathon des Jeux d'Athènes, qui a eu cet immense privilège d'allumer la vasque olympique. Kuerten, lui, au son des "Guga! Guga!" du Maracana, s'est "contenté" de faire pénétrer la flamme dans le stade. En choisissant Cordeiro, ou encore le marin Robert Scheidt pour prononcer le serment des athlètes, Rio est allé au bout de son idée dans cette cérémonie qui aura toujours joué la carte de l'authenticité plutôt que celle du tape-à-l'œil.
Le rêve, leur patrie commune Puis, comme toujours, en plein cœur de cette soirée, occupant à lui seul la moitié du programme, le défilé des délégations, des 207 (!) délégations, a offert une paradoxale parenthèse. En termes de rythme, c'est anti-spectaculaire au possible. Pire qu'une litanie de remerciements pendant les César. Mais cela n'a aucune importance. Ce n'est conçu ni pour dynamiser la cérémonie ni pour satisfaire les téléspectateurs, mais pour offrir aux athlètes un instant unique. C'est leur moment. La matérialisation d'un rêve de gosse, souvent et, en réalité, les Jeux ne s'inscrivent jamais autant au cœur de leur propre légende qu'en ces moments-là. Seule une infime partie de ces athlètes connaitra l'ivresse d'un sacre olympique dans les quinze prochains jours. Ils ne sont pas tous du même pays et, sportivement, bien souvent pas du même monde. Mais le rêve est leur patrie commune. Et tant que l'on y verra l'œil émerveillé de l'unique représentant des Tuvalu, petit archipel du Pacifique, côtoyer les sourires d'enfants, drapeau au bout du bras, de champions comme Michael Phelps, Rafael Nadal ou Teddy Riner, qui ont tant et tant gagné, les Jeux Olympiques auront un sens. Ceux de Rio, eux, ont maintenant une âme, celle que lui a conférée cette cérémonie réussie. Vite, la suite.