La banque centrale américaine (Fed) devait conclure hier soir une réunion de politique monétaire de deux jours à l'issue de laquelle elle devrait, une fois encore, prolonger sa pause sur les taux d'intérêt. Des chiffres économiques mitigés aux Etats-Unis notamment sur l'emploi mais aussi la situation économique internationale avec le spectre d'un Brexit devraient faire de nouveau patienter la Fed, estiment les économistes. Le Comité monétaire devait publier un communiqué à l'issue de la réunion. Il devait être suivi une demi-heure plus tard par une conférence de presse de la présidente de la Fed Janet Yellen. De nouvelles prévisions économiques de la Fed retiendront toutes les attentions alors que les marchés cherchent à savoir si la banque centrale prévoit toujours deux hausses des taux cette année pour les porter autour de 0,9%. Les taux d'intérêt directeurs se situent actuellement entre 0,25% et 0,50%. "On s'attend à ce que la Fed ne bouge pas lors de cette réunion", a affirmé dans une note Joseph LaVorgna, économiste en chef pour les Etats-Unis pour Deutsche Bank Research. Six mois après le premier relèvement des taux de décembre 2015, qui signait la volonté de la Banque centrale de normaliser progressivement le coût du crédit, la politique monétaire devrait donc rester au point mort. Pourtant il y a encore moins de trois semaines, plusieurs membres de la Fed, dont sa présidente, avait laissé entendre qu'une hausse dès juin était "raisonnable", selon les mots de William Dudley, président de la Fed de New York. Plusieurs indicateurs, dont celui des ventes au détail pour mai publié mardi, ont montré que la croissance économique américaine semble retrouver de la vigueur au 2e trimestre, après un 1er trimestre anémique (+0,8%). L'expansion pourrait atteindre 2,8% d'avril à juin, selon les dernières prévisions optimistes de la Fed d'Atlanta. Du côté de l'inflation, autre critère d'action de la Fed, l'impact de la chute des prix du pétrole commence à s'effacer. Même si l'inflation est loin de l'objectif de 2% de la Réserve fédérale, le rebond des prix de l'énergie se fait sentir. Les prix à l'importation ont fait un bond de 1,4% en mai, la plus forte avancée mensuelle depuis mars 2012. Mais les chiffres de l'emploi en mai ont été très décevants avec 38 000 créations d'emplois seulement, un coup de frein jugé "inquiétant" par la patronne de la Fed. Mme Yellen s'est alors gardée de répéter récemment qu'une hausse des taux pouvait intervenir "dans les prochains mois" comme elle l'avait fait juste avant la publication des chiffres de l'emploi. "Le Comité monétaire qui avait activement préparé les marchés pour une hausse des taux en juin ou juillet jusqu'à ce que la publication du rapport sur l'emploi pour mai ne va pas abandonner son penchant pour un resserrement des taux", estiment les économistes de Barclays Research. "Néanmoins, le brutal ralentissement de l'emploi (...) devrait faire retentir la sonnette d'alarme et suggérer le report (d'une hausse) après le référendum britannique", ajoutent-ils.
Brexit en cause Sur le front international, le vote britannique sur le Brexit, qui intervient le 23 juin, est jugé comme un moment sensible qui peut attiser la volatilité des marchés financiers. Le spectre d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne pourrait aussi avoir "d'importantes répercussions économiques", a récemment mis en garde la présidente de la Fed. Dans une enquête de la chaîne d'informations financières CNBC, les 41 économistes, gestionnaires de portefeuilles et analystes interrogés ont estimé unanimement que les taux resteront inchangés. La moitié juge que les mauvais chiffres de l'emploi sont responsables de ce statu quo. Une bonne douzaine pense que les incertitudes autour du référendum britannique jouent un rôle majeur dans cette décision. La majorité pense que la prochaine hausse des taux sera pour septembre, après le rendez-vous du FOMC de fin juillet, qui est une réunion ordinaire du Comité, sans conférence de presse prévue.