La Banque d'Angleterre (BoE) a quelque peu tempéré les attentes d'un relèvement de taux avant la fin 2014 en pointant la faiblesse de la hausse des salaires malgré une baisse plus rapide que prévu du chômage. Dans son rapport trimestriel sur l'inflation et la croissance publié, la banque centrale britannique a en effet "mis en lumière les contrastes saisissants (des données) du marché du travail, entre la forte croissance de l'emploi et celle faible des salaires", a relevé James Knightley, économiste chez ING. Si l'institution a ainsi salué le repli plus rapide qu'escompté du taux de chômage au Royaume-Uni - qui pourrait tomber sous 6% à la fin de l'année, et autour de 5,5% à mi-2017 (date limite des prévisions de l'institution) - elle a également revu en nette baisse sa prévision de croissance des salaires en 2014, à 1,25% contre 2,5% estimé en mai. Les chiffres publiés par l'Office des statistiques nationales (ONS) ont confirmé cette double tendance, avec une baisse du taux de chômage à 6,4% tandis que les salaires hors bonus ont progressé de 0,6% au deuxième trimestre sur un an - bien plus lentement que l'inflation qui a atteint 1,9% en juin sur un an. Ainsi, "à la lumière d'une incertitude accrue sur l'actuel degré de capacités excédentaires (de l'économie), le Comité (de politique monétaire de la BoE, ou CPM) va porter une attention particulièrement importante aux trajectoires des salaires et des coûts de la main-d'œuvre", a souligné le gouverneur de l'institution Mark Carney, lors d'une conférence de présentation du rapport. Mais le Canadien - qui a récemment fêté sa première année à la tête de la "Vieille dame" de Threadneedle Street, comme est surnommée l'institution - a tenu à préciser que le CPM n'avait "pas de seuil particulier pour la croissance des salaires". "Nous allons plutôt continuer à surveiller un large éventail de données pour jauger les pressions inflationnistes et établir le calendrier d'une première hausse du taux d'intérêt". De plus, Ross Walker, économiste chez RBS, a souligné que "la prévision moyenne d'inflation a été abaissée" à un niveau légèrement inférieur à son rythme voulu de 2%, et ce jusqu'à mi-2017. "Si le CPM avait été proche d'une hausse de taux, ses projections pour l'inflation auraient été plus élevées", a estimé M. Walker.
Hausse de taux "progressive et limitée" Le taux directeur de l'institution est figé au niveau exceptionnellement bas de 0,50% depuis mars 2009, période au cours de laquelle l'économie britannique était en profonde récession, et n'a pas connu de hausse depuis 2007. Les modifications apportées aux prévisions d'inflation "soutiennent quelque peu l'idée qu'une première hausse de taux viendra plus tard (en février 2015) que tôt (en novembre 2014)", a encore noté M. Walker. Le gouverneur a de plus martelé la position de la BoE comme quoi la hausse des taux, lorsqu'elle débutera, ne sera que "progressive et limitée". M. Carney a ainsi prévenu que, conformément aux attentes du marché, les taux devraient progresser de 15 points de base par trimestre, pour atteindre "seulement 2,25% à la fin de la période" couverte par les prévisions de l'institution, soit mi-2017. "Le ton d'ensemble du dernier rapport de la Banque d'Angleterre est passablement prudent, et a provoqué un report des attentes de hausse de taux du marché et un repli de la livre", a résumé l'économiste James Knightley. La banque centrale britannique a tout de même salué la "robustesse" de la reprise économique britannique, en relevant de 0,1 point ses prévisions de croissance pour 2014, à 3,5%, et pour 2015, à 3,0%, tout en abaissant légèrement sa prévision pour 2016 à 2,6% contre 2,8% dans son rapport de mai.
Croissance confirmée au deuxième trimestre La croissance du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a atteint 0,8% au deuxième trimestre par rapport au précédent, a confirmé une deuxième estimation officielle publiée. Sur un an, la croissance a été légèrement révisée à la hausse à 3,2% contre une précédente estimation à 3,1%, grâce à une contribution meilleure qu'estimé du secteur de la construction, a précisé l'Office des statistiques nationales (ONS). Le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron a aussitôt salué cette confirmation attendue de la reprise de l'économie britannique, après déjà 0,8% au premier trimestre, bienvenue à moins d'un an des élections générales. Les chiffres d'aujourd'hui confirment que notre économie a récupéré l'ensemble de sa production perdue durant la grande récession et est désormais plus importante que lors de son précédent pic du premier trimestre de 2008, a commenté un porte-parole du ministère des Finances. L'opposition et les économistes ont toutefois fait remarquer que le PIB par habitant reste inférieur au niveau d'avant la crise, puisque la population du Royaume-Uni a grossi dans l'intervalle. Malgré la reprise, la Banque d'Angleterre (BoE) a aussi cette semaine quelque peu tempéré les attentes d'un relèvement de taux avant la fin 2014 en pointant la faiblesse de la hausse des salaires. Autre risque pour l'économie britannique: la croissance est au point mort dans la zone euro voisine, débouché très important pour ses exportations. L'Allemagne, traditionnel moteur de la zone, a vu son activité se contracter de 0,2% au deuxième trimestre, faisant même moins bien que la France, dont l'économie stagne depuis le début de l'année. L'économie du Royaume-Uni va continuer à avoir des difficultés à se rééquilibrer en faveur de l'exportation, a ainsi souligné Paul Hollingsworth chez Capital Economics.
Chômage en baisse Le taux de chômage au Royaume-Uni a poursuivi sa baisse en juin, diminuant à son plus bas niveau depuis la fin de 2008, mais les salaires réels des Britanniques ont reculé. Le taux de chômage a reculé à 6,4% sur la période de trois mois achevée fin juin contre 6,5% à fin mai, a annoncé l'Office des statistiques nationales (ONS). La baisse est conforme aux attentes des économistes. Le nombre de personnes à la recherche d'un emploi a reculé à 2,08 millions, soit 132 000 de moins qu'à fin mars et 437 000 de moins qu'un an auparavant. Les salaires hors bonus ont progressé de 0,6% sur un an, si bien que leur évolution est restée inférieure à celle de l'inflation, qui a atteint 1,9% en juin sur un an. En incluant les bonus, les rémunérations ont même reculé de 0,2% sur un an. Ces indicateurs sont suivis de très près par les économistes, alors que la Banque d'Angleterre pourrait commencer à relever ses taux d'intérêts à partir de la fin de cette année ou du début de 2015. La banque centrale devrait lever un peu le voile sur ses intentions en publiant son rapport trimestriel sur l'inflation. "La faiblesse continue des salaires devrait se traduire par une hausse des taux très graduelle sur l'année prochaine", a estimé Samuel Tombs, économiste chez Capital Economics.