La malvie, la pauvreté, le sentiment d'exclusion, le manque de perspectives d'amélioration des conditions de vie, la découverte d'autres horizons sont autant de facteurs déclenchants qui poussent les Algériens à se jeter à l'eau, à affronter la mer, pour joindre les rives nord de la Méditerranée. Faute d'obtenir un visa pour la France, l'Angleterre ou le Canada, ils décident d'émigrer clandestinement, même au péril de leur vie. Ces jeunes harraga prennent des risques démesurés pour rejoindre l'Europe à la recherche de l'eldorado Le hic, c'est que ce phénomène gagne de plus en plus du terrain, car l'émigration clandestine ne touche pas uniquement le jeune chômeur en quête d'un emploi, mais aussi des fonctionnaires, des étudiants, des commerçants, des femmes, des handicapés, En somme, la catégorie concernée par le phénomène de harraga est la couche moyenne. Et les chiffres existent pour montrer l'ampleur. Les derniers constats dévoilent que 11 Algériens, candidats à l'émigration clandestine, ont été arrêtés vendredi dernier par les gardes-côtes au large d'Arzew, dans la région d'Oran. Agés de 22 à 26 ans, ils tentaient de joindre les côtes espagnoles à bord d'une embarcation de fabrication artisanale. Alors que 26 autres clandestins ont été arrêtés jeudi dernier à l'aube au large de la région de Béni-Saf, dans la wilaya d'Aïn Témouchent, un des principaux points de départ des migrants. Les services de la gendarmerie avaient découvert dans cette région un atelier de fabrication de barques destinées aux candidats à l'émigration. Cela dit, depuis mercredi dernier, au moins 75 migrants clandestins algériens ont été arrêtés. 20 clandestins avaient été arrêtés mercredi à plus de 80 miles nautiques au nord d'El-Kala, dans région d'El-Tarf. 18 autres avaient également été interceptés mercredi au large d'Annaba. Il faut noter qu'auparavant, la France était la destination la plus prisée par les harraga, aujourd'hui la donne a changé de même que le lieu d'embarquement. 65% des personnes qui tentent de prendre le large de manière clandestine sont originaires de l'Ouest, 34% du Centre, 1,5% de l'Est et 1% du Sud. Plus de 1 500 migrants clandestins ont été arrêtés en 2007 en Algérie et 1 016 l'ont été en 2006, selon les forces navales algériennes. Selon M. Ould Abbès, ministre de la solidarité nationale, qui s'est exprimé il y a quelque temps sur ce sujet, 4 000 à 5 000 immigrés illégaux tentent de joindre les pays de l'Union européenne et 2,5 millions résident de manière illégale en Europe. De leur côté, les services des forces navales révèlent que plus de 2 340 harraga ont été interceptés en pleine mer ou sur les côtes algériennes durant la période 2005 à 2007, et 1 302 de ces candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés au large et sauvés d'une mort certaine, tandis que les autres ont été appréhendés sur les côtes au moment où ils s'apprêtaient à embarquer. En somme, le slogan tant scandé par les harraga est : "Vaut mieux être dévoré par les poissons que par les vers de terre " en attendant un mode de vie meilleur.