Le crime est de prendre à la légère l'étude et le traitement des dossiers lourds et sensibles comme celui de la jeunesse. Euréka! C'est décidé. Le phénomène de l'émigration clandestine sera résolu. Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, a décidé de prendre sérieusement en charge le problème: «Une rencontre sur le phénomène de l'émigration clandestine sera organisée à Alger le 27 septembre prochain», a-t-il déclaré, de Paris, vendredi dernier. Cette rencontre regroupera plusieurs départements ministériels ainsi que les ambassadeurs de 13 pays en Algérie touchés par ce phénomène, a indiqué le ministre au cours d'une rencontre tenue avec des représentants de la communauté algérienne en France. Pour de plus amples informations, L'Expression a pris attache avec la cellule de communication de ce même département. «Nous n'avons pas d'informations complémentaires à vous donner. Il faut attendre le retour du ministre», a déclaré placidement la personne qui est censée être au parfum de l'agenda du ministre. Bizarre! Une chargée de communication qui n'est pas au courant des détails d'une rencontre de cette envergure à moins d'une semaine de sa tenue... Ce rendez-vous va traiter un dossier très sensible, obsédant la jeunesse algérienne: la harga. En 2007, plus de 2340 émigrants clandestins algériens ont été secourus en pleine mer ou interceptés sur les côtes, sans compter ceux ayant succombé. Cependant, cette rencontre augure d'ores et déjà d'un échec certain! Une rencontre de ce niveau se prépare soigneusement en associant au préalable les associations et la société civile. Ce genre de rencontre ne se concrétise pas en un court laps de temps, à moins que le ministre de la Solidarité nationale dispose d'une baguette magique. L'autre question: pourquoi a-t-il choisi le fief des émigrés algériens, Paris pour annoncer, dans l'un de ses palaces feutrés, la tenue de cette rencontre? Pourquoi ne l'a-t-il pas faite à Bachdjerrah ou à Annaba où la marine nationale procède au repêchage, presque au quotidien? Certes, le rendez-vous aura lieu à Alger. Il aura lieu au siège du département de Ould Abbès ou dans une grande salle de conférences, peu importe le lieu. Le ministre Ould Abbès rassemblera-t-il les personnes compétentes et spécialistes du phénomène ou serait-ce un lumineux coup médiatique comme celui du 18 septembre 2007? Cette rencontre avait regroupé des représentants de ministères et de la société civile ainsi que des diplomates de 13 pays africains et européens. Ce rendez-vous n'a visiblement rien apporté, la «monomanie» de la harga ronge les esprits, même ceux des adultes. La rencontre «inopinée» de la semaine prochaine va-t-elle trouver un dénouement pour la mal-vie, la pauvreté, le sentiment d'exclusion qui poussent ces Algériens à affronter les «dents de la mer»? Le manque de perspectives, quant à l'amélioration des conditions de vie, la découverte d'autres horizons seront-ils au centre des discussions? Prendre des risques démesurés pour rejoindre l'Espagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, la France ou la Suisse n'est pas un crime, c'est même un droit. Le crime c'est de prendre à la légère l'étude et le traitement des dossiers lourds et sensibles comme celui de la jeunesse. A bon entendeur salut!