Le gouvernement allemand a adopté un projet de loi visant à brider l'expansion des énergies renouvelables, pour limiter les coûts de la transition énergétique, au risque selon, les critiques, de ne pas atteindre ses objectifs de réduction de CO2. Le projet, fruit de négociations ardues notamment avec les Etats régionaux et qui suscite le courroux du secteur des renouvelables et des associations de protection de l'environnement, prévoit de mettre fin aux subventions systématiques par kilowatt-heure de courant vert, au profit d'un modèle d'appel d'offres, et de plafonner les installations de nouveaux éoliennes et panneaux solaires. Le ministre de l'Economie et de l'Energie Sigmar Gabriel a qualifié la réforme d'une des plus importantes du gouvernement de coalition d'Angela Merkel. Dans le cadre de sa transition énergétique, l'Allemagne va tourner le dos complètement au nucléaire d'ici 2022 et veut s'approvisionner en électricité à 80% d'origine verte à l'horizon 2050. Pour ce faire, les renouvelables sont subventionnés depuis le début des années 2000 et éoliennes et panneaux solaires ont fleuri partout dans le pays. Le transport du courant produit par les éoliennes installées dans le nord vers l'ouest et le sud, plus peuplés et plus industrialisés, a du mal à suivre. Pour laisser le temps aux opérateurs de réseaux de construire de nouvelles lignes, Berlin veut limiter la part des renouvelables à 45% à l'horizon 2025. Elle était déjà à un tiers l'an dernier. La réforme met également fin aux subventions systématiques par kilowatt-heure. Des appels d'offres seront organisés à partir de l'an prochain: pour la construction d'un parc éolien d'une capacité donnée à un emplacement donné, la proposition économiquement la plus viable - c'est-à-dire qui aura le moins besoin de subventions - sera retenue. Le gouvernement espère ainsi faire baisser les prix pour le consommateur. Les industriels notamment font pression en ce sens. Mais en suivant cette voie l'Allemagne va manquer ses objectifs de protection du climat, prévient NiklasSchinerl, de Greenpeace. A cause entre autres du poids toujours prépondérant du charbon -lignite et houille représentent plus de 40% de la production d'électricité- l'Allemagne a du mal à faire baisser ses émissions de dioxyde de carbone (CO2). En porte-à-faux à cause des emplois qui dépendent du secteur du charbon, encore exploité dans deux régions du pays, le gouvernement a garanti le recours à celui-ci pour les années à venir. Le projet de loi adopté en conseil des ministres mercredi doit encore passer devant les députés du Bundestag.