Qualifiant la réunion d'Alger "d'extrêmement importante", Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach et actuel vice-président de l'Association algé- rienne de l'industrie du gaz, a estimé que "tous les signaux sont positifs pour le moment" quant à un éventuel accord sur le gel de la production pétrolière des pays de l'Opep. "Les pays de l'Opep ont intérêt à geler leur production actuelle et il faudrait que tout le monde respecte ce gel sur le terrain", a-t-il préconisé sur les ondes de la Radio nationale. Les pays membres de l'OPEP, et non OPEP notamment la Russie, ont prévu une réunion informelle en marge du forum énergé- tique qui se tiendra à Alger du 26 au 28 septembre pour essayer de fixer un quota de production susceptible de rééquilibrer l'industrie et de favoriser un retour à la normale des prix, malgré que l'OPEP et la Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole de la planète, ont déjà tenté de parvenir à un accord pour soutenir les prix lors de la réunion de Doha, le 17 avril dernier. Mais les négociations ont capoté en raison de la rivalité entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. L'Arabie Saoudite, poids lourd de l'Organisation, souhaitait que l'Iran participe à un tel gel, mais Téhéran demandait à revenir d'abord à son niveau de production d'avant les sanctions liées au dossier nucléaire. A cet effet, l'expert en énergie Abdelmadjid Attar, a prédit hier qu'un éventuel accord sur le gel de la production de pétrole, lors de la réunion informelle à Alger, ferait augmenter les prix du baril à 60 dollars à partir de 2017. "Il faut même réduire la production, car ce qu'on perdra en quantité on le gagnera en prix, c'est la dernière chance pour stabiliser les prix et les faire augmenter à 60 dollars en 2017", at- il soutenu. Mais si les producteurs ne parviennent pas à un tel accord (le gel), les prix "ne vont pas dépasser 45 dollars/baril en moyenne et c'est ce qui correspond au prix d'équilibre par rapport aux capacités de consommation mondiale actuellement," a-t-il affirmé en estimant qu'un prix de baril au dessus de 100 dollars est par contre à "oublier complètement". L'expert reconnaît cependant qu'un accord sur le gel de la production de l'Opep ou encore sur une réduction de la production se trouvera confronté aux besoins pressants de certains pays, notamment l'Irak, d'augmenter leurs productions. D'autre part, le niveau de production de l'Opep et même des pays hors Opep, influe certes sur les prix, mais demeure un seul facteur parmi beaucoup d'autres, souligne M. Attar. Aujourd'hui, "ce n'est pas uniquement l'Opep qui va faire baisser ou augmenter les prix! l'Organisation détient 80% des réserves mondiales de pétrole mais ne représente que 35% de la production mondiale... des pays comme la Russie et les USA (non Opep) produisent ensemble deux fois plus que l'Arabie Saoudite", a-t-il fait remarquer. "Une simple grève au Nigeria peut augmenter le baril de 2 ou trois dollars, un début de conflit politique au Moyen Orient peut créer une crise", soutient-il pour montrer l'impact important des conflits politiques sur les prix du baril. Selon M. Attar, pas moins de sept paramètres fondamentaux décident aujourd'hui des prix mondiaux du pétrole. Il y a d'abord l'offre et la demande: aujourd'hui l'offre est supérieure d'au moins 2 millions barils/jour à la demande. Il y a ensuite la production aux Etats-Unis, 3ème producteur après la Russie et l'Arabie Saoudite, qui a sensiblement augmenté depuis 2006 grâce aux hydrocarbures non conventionnels. La première économie mondiale produit aujourd'hui près de 10 millions barils/jour et possède plus de 500 millions de barils en stocks. La récession économique mondiale et la baisse de la consommation mondiale en énergie ainsi que le dollar qui s'est renchéri d'environ 25% par rapport à l'euro depuis 2014 constituent d'autres déterminants essentiels des cours de brut, résume-t-il. Mettre le paquet sur le gaz Toutefois, un prix plus ou moins élevé du baril de pétrole profitera certes à l'Algérie, mais, avec des réserves gazières de l'ordre de 22.000 milliards de m3, le pays devrait compter plus sur son gaz que sur son pétrole, recommande M. Attar. "Il faut mettre le paquet sur le gaz dont il faudrait absolument économiser la consommation à travers notamment le développement des énergies renouvelables", conseille-t-il en rappelant, que la place des exportations algériennes de gaz sur le marché méditerranéen est tellement importante "qu'aucun pays ne peut la concurrencer". L'Algérie sera également appelée à exploiter le gaz de schiste le jour où elle acquerra la technologie et les moyens logistiques nécessaires, a-t-il encore prédit. En attendant, il faut préserver la production gazière conventionnelle: le pays produit 83 milliards m3 de gaz/an et en consomme 40 milliards de m3, un niveau de consommation qui a augmenté de 300% par rapport à l'an 2000 et avec une production de l'électricité tirée toujours à 99% du gaz naturel, ce qui représente "un gros problème", estime l'expert. Il estime, qu'une bonne part de la production électrique devrait en revanche se faire à partir des énergies renouvelables. En plus, les 40 milliards de m3 sont consommés à hauteur de 70% par les ménages, par des secteurs non productifs de plusvalue et par le secteur des transports, alors que l'Industrie n'en consomme que 15%, selon lui. "Si l'on continue avec ce rythme de consommation et si on ne développe pas les énergies renouvelables, l'Algérie pourrait cesser d'exporter du gaz en 2030", avertit M. Attar qui sugg ère, en parallèle, de faire augmenter graduellement les prix de l'énergie dans le pays.