La dette de la Chine risque d'exploser, s'est alarmée la banque centrale des banques centrales, l'un de ses indicateurs signalant un creusement potentiel de l'endettement chez le géant asiatique. L'accroissement de la dette chinoise pourrait s'accélérer, montre un rapport trimestriel publié dimanche soir par la Banque des règlements internationaux (BRI), basée à Bâle (Suisse). La "différence entre le ratio crédit/PIB de la Chine et sa tendance à long terme" a atteint 30,1% au premier trimestre 2016, un niveau jamais vu et inquiétant: au delà de 10%, la BRI considère déjà qu'un pays fait face à un risque bancaire. L'institution souligne ainsi la possibilité d'une crise financière en Chine lors des trois prochaines années. La Chine, deuxième économie mondiale, est confrontée à une difficile transition économique, à l'heure où Pékin facilite l'accès au crédit pour doper une croissance au ralenti. Mais de l'avis des experts, la récente stabilisation économique dopée au crédit devrait être de courte durée et les risques financiers pourraient s'aggraver, sur fond de défauts de paiement en cascade sur des prêts bancaires ou obligations d'entreprises non honorées. Le niveau d'endettement de la Chine calculé par la BRI dans son rapport est le plus élevé des 43 pays étudiés, parmi lesquels figurent les Etats-Unis, la Grèce, et le Royaume-Uni. Selon la BRI, ses indicateurs sont destinés à cerner "la surchauffe financière et les potentielles difficultés financières" à moyen terme, et à souligner qu'une croissance rapide du crédit peut "semer les germes" de futures crises. La dette totale de la Chine a atteint 168.480 milliards de yuans (25.000 milliards de dollars) à la fin 2015, soit l'équivalent de 249% du PIB national, avait estimé l'Académie chinoise des sciences sociales, un centre de réflexion gouvernemental. En août, les quatre plus grandes banques commerciales chinoises, contrôlées par l'Etat, ont fait état d'une hausse sensible des créances douteuses à leur bilan au premier semestre 2016. Les banques chinoises ont par ailleurs effacé pour plus de 300 milliards de dollars de ces créances douteuses en trois ans, avait déclaré fin juin un haut responsable du régulateur bancaire chinois. Soucieuses de s'attaquer au problème, les autorités chinoises ont notamment engagé des échanges de dettes contre des actions dans les entreprises endettées. Les analystes estiment cependant que les importantes réserves de devises étrangères de la Chine et le contrôle gouvernemental sur le système bancaire devraient aider à protéger l'économie chinoise des crises financières.
Le Canada candidat à la banque de développement initiée par la Chine Le Canada est candidat pour rejoindre la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII), une structure initiée par la Chine mais qui suscite une vive méfiance des Etats-Unis, a annoncé mercredi à Pékin le ministre canadien des Finances. "Le Canada est toujours à la recherche de moyens de créer de l'espoir et des opportunités pour sa classe moyenne et pour les gens du monde entier", a déclaré Bill Morneau, dans un communiqué. "Être membre de l'AIIB (sigle anglais pour la BAII) est une opportunité d'accomplir cela", a-t-il ajouté. Cette annonce intervient à l'occasion d'une visite en Chine du Premier ministre canadien Justin Trudeau, avant un sommet des dirigeants du G20 les 4 et 5 septembre. La BAII, dont les statuts fondateurs ont été signés en juin 2015, vise à financer des projets d'infrastructures en Asie, où les investissements font cruellement défaut. Sur ses 57 membres fondateurs, une vingtaine sont des pays occidentaux, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Bien que Pékin s'en défende, la BAII constitue de facto un contrepoids au contrôle exercé par les Etats-Unis sur la Banque mondiale (BM) et par le Japon sur la Banque asiatique de développement (BAD), même si les trois organisations affichent leur volonté de coopérer. La BAII, au sein de laquelle des pouvoirs de décision considérables sont accordés à la Chine, reste vue avec méfiance par les Etats-Unis et le Japon, qui ont tous deux ostensiblement refusé d'y adhérer. Tous deux s'inquiétaient de possibles critères de gouvernance au rabais et du risque que Pékin utilise cette nouvelle structure pour favoriser ses entreprises et servir ses propres intérêts géopolitiques. La Chine cherche déjà activement à renforcer son influence diplomatique à travers l'Asie, et jusqu'en Europe, à coups d'investissements massifs dans le cadre de ce qu'elle appelle "de nouvelles routes de la Soie" -- où elle s'efforce d'écouler une partie de ses surproductions dans le ciment et l'acier. Pékin a par ailleurs participé à la création d'une banque de développement propre aux économies émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et dont le siège se situe à Shanghai. La BAII accordera entre 10 et 15 milliards de dollars de prêts par an durant ses premières années d'existence, avait annoncé en décembre son président élu Jin Liqun, un Chinois ayant travaillé auparavant pour la BAD et la Banque mondiale. M. Jin s'est félicité mercredi de la décision du Canada: "Cela témoigne d'une confiance dans les solides fondations que la banque a édifiées dans les premiers mois de son existence", a-t-il indiqué.