La 15ème réunion du Forum international de l'énergie (IEF15) a ouvert ses travaux hier au Centre international des conférences d'Alger en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et de plusieurs délégations venues pour débattre des perspectives et des défis énergétiques mondiaux. Placé sous le thème "la transition énergétique mondiale: un rôle renforcé pour le dialogue énergétique", l'IEF15 accueille les ministres de l'Energie de 54 pays membres, les patrons de compagnies pétrolières et gazières et de responsables d'organisations internationales dont l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) ainsi que d'experts. Plusieurs analystes s'accordent à dire qu'un dialogue constructif entre les pays producteurs eux-mêmes et entre ces derniers et les pays consommateurs constitue, à travers ce forum, une opportunité pour dialoguer et se concerter sur les questions énergétiques. L'Algérie a "le souci constant" d'instaurer "un véritable esprit" de dialogue et de concertation entre les différents acteurs de la scène énergétique régionale et mondiale, a soutenu mardi à Alger, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. "L'Algérie a le souci constant d'instaurer un véritable esprit de dialogue et de concertation entre les différents acteurs de la scène énergétique régionale et mondiale", a déclaré M. Sellal dans une allocution prononcée, à l'ouverture de la 15ème réunion ministérielle du Forum international de l'énergie (FIE). Il a ajouté que "ce besoin de dialogue et de compréhension mutuelle ne s'est jamais autant fait ressentir" que depuis le début de ce siècle marqué par "un paradoxe frappant", faisant remarquer que d'un côté, "une parfaite connaissance des enjeux et défis planétaires, une rapidité jamais égalée dans les déplacements des personnes et des informations et des capacités humaines au développement paroxystique". Il a expliqué que face à cela "nous notons une frustrante incapacité à faire régner la paix, à sortir des populations entières de la misère, à relancer une économie mondiale en difficulté permanente et construire notre maison commune pour la léguer dans un état convenable à nos enfants". Pour M. Sellal, dans ce monde "tourmenté et incertain, il nous faut refuser le fatalisme et la résignation et regarder vers l'avenir avec optimisme et détermination". Il a assuré que ce forum était un "message d'espoir" et contribuera "certainement", à cet "élan positif de confiance" car il s'agit d'une "rencontre d'intérêt" susceptible d'apporter de "la visibilité et de la stabilité" aux marchés, de relancer la croissance de l'économie mondiale et "finalement, d'oeuvrer pour le bien-être des citoyens du monde". M. Sellal a souligné qu'après un quart de siècle d'existence, il convient de réfléchir au sein de ce forum sur les voies et moyens de faire "avancer" le dialogue énergétique mondial. Il a affirmé, dans ce cadre, que la 15ème réunion ministérielle offrait "une occasion idoine" pour échanger et entamer "la convergence vers les perspectives globales et durables". Le Premier ministre a soutenu, que l'Algérie "n'épargnera aucun effort", dans ce sens, et invite tous les autres acteurs à "s'engager résolument sur cette voie". Pour M. Sellal, cette réunion se tient alors que le marché pétrolier entame sa troisième année de "contraction brutale" et "de grande détérioration" des cours en raison du "déséquilibre persistant" entre l'offre et la demande, relevant qu'"objectivement, cet état de fait ne sert les intérêts d'aucun pays au monde". Il a soutenu que les producteurs "doivent légitimement" pouvoir proposer leurs produits dans un cadre de "stabilité" assurant des revenus "suffisants" pour couvrir leurs réinvestissements et "stimuler" la croissance économique et "le progrès social". Le Premier ministre a souligné que leur leurs parts, les pays consommateurs sécuriseront leurs approvisionnements sur "le moyen et le long termes", en menant des politiques énergétiques "visibles" afin de permettre aux producteurs de "mieux cerner" leurs investissements en évitant les "distorsions" d'un marché "non maturé". L'Algérie milite pour un prix juste et raisonnable M. Sellal a affirmé que l'Algérie militait pour la formation d'un prix "juste et raisonnable" permettant les investissements dans la chaîne énergétique, la rémunération des producteurs, la sécurisation de l'approvisionnement des consommateurs et la stabilité des marchés, ajoutant que les principaux acteurs énergétiques "se doivent d'aboutir à un accord sur les niveaux de production pour conforter durablement les cours". "Faute de quoi, les marchés connaîtraient des perturbations si graves qu'elles mettraient en péril à terme, la viabilité de l'industrie pétrolière et entraîneraient l'économie mondiale dans un long cycle de récession", a-t-il soutenu. Le Premier ministre a assuré qu'en dépit de la "sévérité du choc pétrolier" qui a réduit de moitié ses revenus, l'Algérie "résiste" et ses indicateurs macroéconomiques demeurent "relativement stables", expliquant que des réformes sont lancées dans le cadre d'un nouveau modèle de croissance qui doit mettre "nos modes de gouvernance économique en conformité avec les standards internationaux en terme d'efficacité et de rationalité". Pour lui, un consensus national a été bâti pour opérer la diversification de l'économie nationale vers la création de richesses et "mieux l'arrimer" à l'économie mondiale. Il a ajouté qu'à l'instar des autres indicateurs de développement humain, l'Algérie enregistre "d'excellents" résultats en matière d'accès à l'énergie avec des taux de raccordement et de fourniture de l'électricité et du gaz supérieurs à 90% sur l'ensemble du territoire national. "Mon pays poursuivra également, le développement de l'ensemble de ses ressources énergétiques, fossiles et renouvelables, ainsi que son potentiel d'efficacité énergétique, dans le cadre d'une transition maîtrisée et en accordant une importance particulière aux énergies propres comme le gaz naturel", a-t-il assuré. M. Sellal a estimé que "l'énorme potentiel" mondial d'énergie renouvelable et d'efficacité énergétique doit être développé au service d'une croissance économique "durable" et d'une transition énergétique "résolue, adaptée et graduelle", tenant compte des intérêts de tous et de la responsabilité de chacun dans la situation "de détresse écologique et environnementale" dans laquelle se trouve le monde aujourd'hui. Par ailleurs, M. Sellal a relevé que l'Algérie saluait "le succès" de la conférence des Nations unies sur le climat où elle a déposé contribution nationale "ambitieuse et fournie", ajoutant qu'elle souligne également, l'importance de l'accord des Nations unies sur les objectifs de développement durable, pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous dans le cadre d'un nouvel agenda de développement durable. "Votre Forum empreint de convivialité et d'engagement saura privilégier un vrai dialogue de l'esprit. C'est justement, cet esprit qui veillera sur le foyer de notre maison commune", a-t-il conclu. Nécessité d'un dialogue producteurs-consommateurs pour stabiliser le marché Le secrétaire général du Forum international de l'Energie, Xiansheng Sun, a relevé la nécessité d'engager un dialogue entre les pays producteurs et consommateurs d'énergie face à un marché en proie à des perturbations. "Le moment est venu pour rapprocher les points de vue entre producteurs et consommateurs, et ce forum est là pour renforcer le dialogue entre les différentes parties", a indiqué M. Sun lors de son allocution à l'ouverture de la 15ème réunion de ce forum (IEF15). M. Sun a tenu à saluer la contribution de l'Algérie dans la sécurisation des approvisionnements en gaz et dans la stabilisation du marché pétrolier. Pour lui, ce forum d'Alger est une opportunité pour réussir le dialogue entre producteurs et consommateurs. Pour sa part, le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, a considéré cette réunion comme un espace de concertation entre producteurs et consommateurs en ajoutant que c'est également une occasion permettant aux sociétés internationales de connaître davantage les différentes catégories d'énergie et les capacités existantes en Algérie pouvant déboucher à des partenariats. Il a également soutenu que l'IEF15 était une occasion supplémentaire pour se concerter sur la question de la transition énergétique et les perspectives de l'industrie pétrolière et gazière, les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. La concertation entre les acteurs du marché énergétique sera au cœur des débats de ce forum qui se tient à un moment crucial du marché énergétique international caractérisé notamment par un marché pétrolier en déprime. Mme Royal salue la contribution de l'Algérie dans la réflexion concernant la transition énergétique La ministre française de l'Environnement, de l'Energie et de la mer, chargée des Relations internationales sur le climat, Ségolène Royal a salué mardi à Alger la contribution de l'Algérie dans la réflexion concernant la transition énergétique. "Nous avons parlé de la conférence de Paris sur le climat, et j'ai remercié le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de l'engagement de l'Algérie pour sa réussite et sa contribution dans la réflexion concernant la transition énergétique", a indiqué Mme Royal, dans une déclaration à la presse, au terme de l'audience que lui a accordée M. Sellal, en marge du Forum international de l'énergie (FIE qui se déroule au Centre international de conférences (CIC), Abdelatif Rahal. Mme Royal a ajouté que M. Sellal lui avait assuré que l'Algérie allait ratifier l'accord "très prochainement", relevant qu'elle était "vraiment enchantée" parce que "c'est très important cet effet d'entraînement" sur l'Afrique que peut jouer l'Algérie par rapport aux enjeux climatiques. "Tout le monde est frappé par les effets des changements climatiques et ils sont très importants. C'est en relevant ces défis qu'on crée des activités, notamment dans l'investissement dans l'industrie de l'eau, des déchets, du renouvelable et c'est là le segment positif du changement climatique", a-t-elle estimé. L'IEF15 examinera en sessions et tables rondes les perspectives et les défis de stabilité des marchés gaziers, les défis du gaz naturel, la chaîne du GNL et ses implications sur la structure du marché, les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique: les perspectives et les défis de l'après COP21 et enfin la gouvernance de l'énergie et le dialogue énergétique mondial revisité. Il s'agira aussi de l'accès à l'énergie durable: un facteur critique pour le développement humain, et le rôle de la technologie dans le renforcement de la sécurité énergétique.