Le programme de consolidation de la croissance, qui s'inscrit dans le processus des réformes économiques, ne peut pas engendrer les résultats souhaités, déduit-on des propos tenus par les spécialistes et professionnels des dossiers économiques du moment. Lors d'une table ronde organisée, hier, au centre de presse "El Moudjahid", M. Abdelmalek Serrai, économiste et consultant international à l'ONU et à la Banque mondiale, a indiqué que "la situation économique actuelle est controversée et le programme de relance de la croissance tel qu'il est dirigé ne peut pas engendrer les résultats souhaités". Cependant, M. Serrai a noté que le niveau de la croissance pour 2008 est insuffisant et que ce taux ne va pas réduire le nombre de chômeurs qui dépasse 2,8 millions. Un chiffre qui est alimenté chaque année par 280 000 à 300 000 jeunes qui se présentent sur le marché du travail, dont seulement 55 000 arrivent à décrocher un poste d'emploi. Afin de régler le problème du chômage, l'économiste appelle à injecter plus d'argent dans les programmes de développement rural et dans l'agriculture qui représente le levier de la croissance économique en Algérie. Un secteur qui a créé 1 158 000 postes d'emploi depuis 2000 et qui ne bénéficie que de 2% du budget de l'Etat. Le secteur de l'industrie et de la PME, suit le secteur de l'agriculture pour l'éradication du chômage et la création de l'emploi, sauf que, selon l'économiste, aucune stratégie industrielle claire et courageuse n'a été suivie jusqu'à ce jour. Les entreprises algériennes des secteurs public et privé subissent les effets de la mondialisation et n'arrivent pas à trouver leur place. En outre, le système bancaire et financier a sévèrement été critiqué par les spécialistes présents à cette table ronde. Ils estiment que malgré la réforme du système bancaire enclenchée, le fonctionnement des banques reste figé. Absence de concurrence entre les différents acteurs du secteur, absence de stratégies, notamment en matière de crédits et de prise de risque, sont parmi les défaillances qui sont relevées. Et pourtant, la Banque d'Algérie, à travers les rapports sur la situation financière du pays, ne manque pas de relever à chaque occasion que les six banques publiques doivent améliorer leurs systèmes de contrôle interne et de gestion du risque-crédit. Par ailleurs, les experts ont dénoncé la bureaucratie et le laxisme exercé à tous les niveaux de l'administration. L'économiste, M. Abdelmalek Serrai, a déclaré que "nous n'avons pas les moyens et les compétences administratives pour consommer nos moyens financiers". Cela veut dire que le problème de l'économie algérienne, qui est en panne, n'est pas financier, mais avant tout un problème de mentalité et de gestion. S'il y a un changement qui doit se faire, ça sera dans la gestion des projets en cours de réalisation et le développement d'une stratégie économique pour la relance de la croissance, sans prendre en compte d'autres considérations que l'intérêt du pays.