Le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé lundi soir une nouvelle phase de dialogue avec la guérilla des FARC, malgré le camouflet infligé la veille avec le rejet inattendu par référendum de l'accord de paix. Le non l'a emporté avec 50,21% des voix. "J'ai demandé à Humberto de la Calle, que j'ai confirmé comme chef négociateur (...), d'entamer les discussions qui nous permettront d'aborder tous les thèmes nécessaires afin d'aboutir à un accord et au rêve de toute la Colombie d'en finir avec la guerre avec les FARC", a déclaré M. Santos dans la soirée lors d'un discours télévisé. "Cela ne signifie pas que la bataille pour la paix a été perdue", avait affirmé plus tôt Timoleon Jiménez, leader de la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), de La Havane, où se sont tenus les pourparlers de paix pendant près de quatre ans. Il s'était dit prêt à "rectifier" l'accord de paix rejeté, tout en assurant que la guérilla resterait "fidèle à ce qui a été accordé" et maintiendrait "le cessez-le-feu bilatéral et définitif afin de soulager les victimes du conflit et respecter l'accord avec le gouvernement". Partis convoqués De son côté, le président Santos a convoqué tous les partis politiques au palais Casa de Nariño "pour les écouter, ouvrir des espaces de dialogue et décider du chemin à suivre". "Je ne me rendrai pas et continuerai à rechercher la paix jusqu'au dernier jour de mon mandat, car c'est le chemin pour laisser un pays meilleur à nos enfants", avait-il sobrement déclaré dimanche, dès l'annonce des résultats. M. Santos et Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jiménez ou Timochenko, ont signé le 26 septembre un accord historique prévoyant notamment la démobilisation des 5765 combattants des FARC et la conversion de la guérilla en mouvement politique légal. Pour entrer en vigueur, ce texte de 297 pages devait être approuvé par les électeurs, une consultation non obligatoire mais voulue par le président pour donner une "plus large légitimité" à la paix. Cessez-le-feu maintenu Le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), Rodrigo Londoño, alias Timochenko, a annoncé que la guérilla maintenait son cessez-le-feu définitif malgré l'échec la veille du référendum sur l'accord de paix. Nous réaffirmons devant la Colombie et le monde que les fronts guérilleros (des Farc) maintiendront le cessez-le-feu bilatéral et définitif afin de soulager les victimes du conflit et respecter l'accord avec le gouvernement, a déclaré Timochenko dans une vidéo diffusée depuis La Havane, siège des pourparlers de paix entre fin 2012 et août 2016. Alors que la plupart des sondages prédisaient depuis des semaines un feu vert au référendum dimanche, ce dernier s'est soldé par une victoire du non, à 50,21%, contre 49,78% pour le oui à l'accord de paix historique signé le 26 septembre entre le président Juan Manuel Santos et le chef des Farc. Peu après l'annonce des résultats dimanche soir, le président Santos a assuré que le cessez-le-feu et l'arrêt des hostilités bilatéral et définitif reste valide et restera en vigueur, comme il l'a été depuis son entrée en application le 29 août. Depuis, les deux parties se sont montrées déterminées à ne pas renoncer au dialogue pour mettre fin au conflit armé qui, depuis un demi-siècle, a fait plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Lundi, Timochenko a répété que la guérilla resterait fidèle à ce qui a été accordé, lançant également un appel en direction du mouvement social et politique colombien pour qu'il soutienne coûte que coûte l'accord de paix. Efforts de paix soutenus Les Etats-Unis ont soutenu lundi l'appel au dialogue du président colombien Juan Manuel Santos après l'échec du référendum sur l'accord de paix visant à mettre fin au conflit armé déchirant ce pays depuis un demi-siècle. La Colombie peut compter sur le soutien continu des Etats-Unis dans sa quête d'une paix démocratique et de prospérité pour tous les Colombiens, a déclaré le porte-parole du département d'Etat, John Kirby. Le président colombien Juan Manuel Santos et la guérilla des Farc se sont dit déterminés à sauver la paix malgré le rejet inattendu dimanche d'un accord lors d'une consultation non obligatoire, mais voulue par le président pour donner une plus large légitimité à la paix. Nous soutenons la proposition du président Santos en faveur d'efforts unifiés pour un large dialogue marquant la prochaine étape vers l'obtention d'une paix juste et durable, a dit John Kirby. La bonne nouvelle est que toutes les parties en présence - même les dirigeants des Farc et le responsable de l'opposition (l'ex-président Alvaro Uribe) - ont affiché leur volonté d'arriver à la paix, a souligné de son côté Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche, tout en reconnaissant que tout le monde avait été surpris par le résultat. Washington a soutenu les longs pourparlers de paix visant à mettre fin à une guerre civile qui a fait plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, s'était rendu en Colombie la semaine dernière pour une cérémonie célébrant la signature de l'accord de paix.