Les cours du pétrole ont nettement baissé vendredi, souffrant d'incertitudes conjuguées sur l'accord de réduction de la production de l'Opep et sur l'élection présidentielle américaine après l'annonce de la réouverture de l'enquête sur les emails d'Hillary Clinton. Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a perdu 1,02 dollar à 48,70 dollars au New York Mercantile Exchange (Nymex) sur le contrat pour décembre. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 76 cents à 49,71 dollars sur le contrat pour décembre sur l'Intercontinental Exchange (ICE). On a eu quelques nouvelles de l'Opep et les choses semblent toujours très compliquées. On dirait qu'un accord sur une sorte de gel ou de réduction de la production a peu de chances d'arriver, a indiqué Oliver Sloup de iiTrader.com. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a annoncé fin septembre vouloir réduire sa production, planche vendredi et samedi sur ce potentiel accord lors d'une réunion technique, à laquelle doit se joindre la Russie, important pays producteur non membre. Même si cet accord ne doit être finalisé qu'ultérieurement, les représentants des pays producteurs recherchent toujours la formule magique qui pourra obtenir l'approbation des gouvernements à temps pour le sommet prévu le 30 novembre, a indiqué Tim Evans de Citi dans une note. Le marché souffre de surabondance et prévient qu'une baisse plus importante (des cours) est imminente, surtout si l'Opep ne peut pas se mettre d'accord à ce moment-là, a indiqué Bob Yawger de Mizuho Securities USA Fin septembre, l'Opep avait annoncé vouloir réduire sa production ce qui avait provoqué un rebond des cours. Depuis, des dissensions, notamment sur la répartition des quotas pays par pays, sont apparues dans la presse, faisant baisser les prix du brut sur la semaine. Désormais, les investisseurs craignent que l'accord soit tellement édulcoré qu'il devienne inefficace, a estimé Bob Yawger qui n'excluait pas un échec pur et simple des négociations. Principale interrogation des analystes, la position de l'Irak, deuxième producteur du cartel qui leur a semblé peu enclin à accepter l'application de quotas. En fin d'échanges, le brut a, dans la foulée des marchés d'actions, accentué ses pertes après l'annonce de la réouverture de l'enquête du FBI américain sur les emails d'Hillary Clinton. Le directeur de l'agence, James Comey, a écrit à des élus vendredi pour les informer que ses équipes allaient rouvrir ce dossier, précédemment classé et potentiellement dangereux pour la campagne de la candidate démocrate. Le marché est encore en train de digérer l'information et la volatilité a très certainement augmenté. Comme nous sommes vendredi, (...) je pense que les investisseurs ne veulent pas garder ces incertitudes tout le week-end, a expliqué Oliver Sloup. Depuis plusieurs semaines, les analystes jugeaient Mme Clinton largement favorite face au candidat républicain Donald Trump, une hypothèse qui a la faveur de beaucoup d'observateurs car gage de continuité. Concernant la production américaine, le nombre de forages en activité a légèrement baissé la semaine dernière selon le décompte hebdomadaire des puits de pétrole établi vendredi par le groupe privé Baker Hughes. Ce nombre qui a avait tendance à remonter depuis trois mois est perçu comme un indicateur avancé de l'extraction de brut, mais son repli n'a pas suffi à relancer les cours. Légère hausse en Asie Les cours du pétrole étaient orientés vendredi matin en légère hausse en Asie, mais les gains étaient limités par les faibles espoirs sur la portée d'un accord international de réduction de la production de brut. Peu après 04h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, progressait de 4 cents à 49,76 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en décembre, gagnait 3 cents à 50,50 dollars. "Le pétrole a connu un timide rebond à New York jeudi grâce à des déclarations saoudiennes sur la baisse de la production", a observé Jeffrey Halley, analyste chez OANDA. En septembre, la décision de l'Opep de réduire sa production avait fait figure de surprise et les investisseurs se montrent donc prudents à l'approche de la réunion de fin novembre qui doit en théorie l'entériner. "Au moment où l'Irak et l'Iran refusent les réductions pour diverses raisons, et où la Russie parle de gel plutôt que de baisse de la production, la responsabilité d'un accord reposera sur l'Arabie saoudite", a déclaré dans une note M. Halley. "La réunion de l'Opep du 30 novembre semble soudain une perspective bien lointaine, comme la moitié du cartel demande désormais des exemptions", a-t-il poursuivi.