Un journaliste et écrivain, Richard Labévière fait partie des rares voix qui se sont élevées pour dénoncer "la propagande médiatique" et les "mensonges d'Etat" fomentés par les Occidentaux dans l'unique but de justifier leurs attaques contre des Etats-nations. Ce spécialiste des questions géopolitiques, était, mercredi matin, l'Invité de la rédaction de la radio Chaîne 3, où il a tenu à dénoncer les politiques des puissances occidentales qui font du "terrorisme un carburant vital à la mondialisation néolibérale sauvage". Auteur de plusieurs ouvrages et d'études sur ce fléau qui est devenu un secteur économique à part entière, M. Labévière qualifie le terrorisme de "gaspillage nécessaire à l'expansion économique" de cette mondialisation. Pour donner une image sur cette "industrie", il indique que le terrorisme et la lutte antiterroriste "créent autant d'emplois, si ce n'est pas plus, que le secteur automobile". Abordant le financement du terrorisme, l'invité de la Chaîne 3 déclare que "toutes les enquêtes menées nous ramènent à l'Arabie Saoudite". "L'Arabie Saoudite finance la progression de l'islam radical comme elle continue à le faire aujourd'hui avec Djabhat Al Nosrah engagée en Syrie" accuse-t-il en soulignant que "ce financement est fait pour favoriser l'expansion du wahabisme, mais surtout pour des raisons de déstabilisation d'Etat qui permettront une redistribution des richesses de la région". Un avis partagé par un certain nombre de journalistes, spécialistes et politiciens, qui ont même osé demander des sanctions économiques contre l'Arabie Saoudite à cause de son soutien au terrorisme selon eux. La propagation du terrorisme au Proche-Orient est la conséquence directe des interventions étrangères qui répondent à l'Agenda de l'administration américaine, explique M. Labévière, pour qui ce plan exécuté par Bush en 2003 a été fomenté bien avant. Comme preuve, il cite la note israélienne de 1982 où il est expliqué que "L'intérêt d'Israël et des Etats-Unis dans la région est de casser tous les Etats-nations". Casser les Etats-nations et les couper en micro-Etats afin de "retribaliser" les arabes, tel est l'objectif de ces puissances dans la région selon ce spécialiste. "Pour le bien de leurs intérêts économiques et pour asseoir leur domination, ils ont décidé de casser les Etats-nations arabes et retribaliser les peuples", a-t-il déclaré. Après avoir fait de l'Irak un brasier et un nid du terrorisme, les puissances occidentales ont pour objectif de détruire l'Etat-nation syrien, indique M. Lavébière. Le conflit syrien, selon lui, n'est pas une opposition entre "des rebelles gentils contre un dictateur méchant, comme veulent nous le faire croire les médias". La cause du conflit, soutient-il, est que "l'axe Etats-Unis, Europe, Israël et pays du Golf veut à tout prix une répartition de la Syrie. En face le régime syrien aidé par ses alliées (Russie, Iran et le Hizbollah libanais) veut conserver un Etat national". Selon M. Lavébière ce conflit syrien n'est pas une simple guerre civile, comme le "prétendent les journalistes qui reprennent la doxa dominante". C'est, plutôt, "quatre guerres dans une guerre", analyse-t-il. Il énumère "la guerre froide avec l'entrée de la Russie", "la guerre de 5000 ans entre l'Iran et l'Arabie saoudite", "la guerre menée par le nouveau sultan Erdogan contre les Kurdes" et enfin "la guerre de la Oumma contre Al Watan opposant les terroristes Globaux (Al Qaidaa) et les terroristes locaux (Daech)". Le conflit n'est pas en phase de règlement mais promet de nouvelles oppositions, prédit l'invité de la Chaîne 3. "Après la reprise d'Alep, les force gouvernementales syriennes vont se reporter sur la reprise de Raqa. Et là, il faut s'attendre à une nouvelle confrontation entre Russes et Américains… car ces derniers ne veulent pas que les factions terroristes qu'ils contrôlent et qu'ils arment depuis plusieurs années perdent la ville pour pouvoir imposer un plan de répartition du pays" explique-il. La seule riposte efficace au terrorisme est un Etat-nation fort Saluant les efforts déployés par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, pour le règlement du conflit libyen, M. Labévière rappelle les leçons de l'Algérie dans le domaine de la lutte anti-terroriste. "Beaucoup de gens rendent hommage, aujourd'hui, à l'Algérie qui, abandonnée de tout le monde, avait mené seule le combat contre le terrorisme, quand quelques idéologues fous inventaient l'idéologie du qui-tue-qui". Selon lui, le pays a pu résister aux tentatives de déstabilisations grâce à la force de son Etat. "La grande leçon à tirer, de l'expérience algérienne, est que la seule riposte efficace au terrorisme mondialisé c'est un Etat-nation forts" déclare-t-il. En plus de la résistance au terrorisme, un Etat-nation fort permet, selon Labévière, sur le plan économique de mener une politique de service public et de résister à cette mondialisation faite pour privilégier les grands groupes et les riches. Il permet aussi, ajoute-t-il, de "cimenter des identités qui aident les sociétés à se reproduire et à se projeter sur l'avenir"