Hillary Clinton et Donald Trump ont offert lundi deux visions opposées de l'avenir, lors de la dernière journée de leur campagne présidentielle. Les excès et la violence qui ont marqué cette dernière ont stupéfié bien au-delà des frontières américaines. Pour sa part, le président Barack Obama a apporté son soutien à Hillary Clinton lundi soir lors d'un gigantesque rassemblement à Philadelphie. Il a souhaité voir les électeurs "rejeter la peur et choisir l'espoir" et voter pour la démocrate face à Donald Trump. "Je parie que l'Amérique va rejeter la politique de ressentiment et de culpabilité. Je parie que demain vous allez rejeter la peur et choisir l'espoir", a lancé le président américain. "Il y a huit ans, je vous ai demandé à tous de me suivre dans une aventure", a-t-il lancé, devant un immense drapeau, appelant l'Amérique à faire la même démarche pour son ancienne secrétaire d'Etat. Hillary Clinton a pris la parole à la fin de ce meeting lancé par les chanteurs Jon Bon Jovi et Bruce Springsteen. Elle a regretté "le ton violent pris par la campagne". "Un Brexit puissance 3" Donald Trump, 70 ans, avait cinq meetings prévus dans autant d'Etats. Il a commencé en Floride, s'est ensuite rendu en Caroline du Nord, en Pennsylvanie, New Hampshire et devait finir dans le Michigan, pour un dernier meeting vers 23h00, dans son cas sans célébrités ni paillettes. "Mon contrat avec l'électeur américain commence par un plan pour mettre fin à la corruption du gouvernement et reprendre notre pays aux groupes de pression", a-t-il déclaré à Raleigh (Caroline du Nord). "Je ne suis pas un politicien, je peux le dire fièrement", a ajouté le milliardaire, ancien animateur star de l'émission de télé-réalité à succès "The Apprentice". "Mon seul groupe de pression, c'est vous". "Il est temps de rejeter les médias et l'élite politique qui a saigné à blanc notre pays (...) Les années de trahison vont se terminer", a-t-il promis, anticipant mardi une journée "historique. Ce sera un Brexit puissance trois". Pour son meeting dans le New Hampshire, il était entouré de ses quatre enfants adultes et de leurs trois conjoints, et de son colistier Mike Pence. Appel à voter Après des semaines d'attaques féroces des deux côtés, les deux candidats ont multiplié les appels à aller voter, soucieux de grappiller la moindre voix qui pourrait faire basculer à leur profit les Etats-clés où se jouera mardi l'élection. Ils sont au coude-à-coude dans plusieurs de ces Etats, dont le New Hampshire, la Caroline du Nord et la Floride, ce qui laisse augurer d'une longue nuit électorale. La Floride peut à elle seule décider de la présidentielle si Donald Trump la perd. Au niveau national, Mme Clinton a 3,2 points d'avance, à 45,4% contre 42,2%, selon la moyenne des derniers sondages établis par RealClearPolitics. C.V. différents L'ancienne secrétaire d'Etat, ancienne sénatrice de New York et ancienne Première dame, a pour elle une longue expérience. Elle a les relations, l'argent, le soutien de son parti. Mais beaucoup d'Américains ne l'aiment pas, doutant de son honnêteté. Et la bataille a été plus difficile que prévu face au magnat de l'immobilier populiste, sans expérience politique, grand pourfendeur de l'establishment et d'un système selon lui truqué. Il a su capitaliser sur le malaise d'une partie de l'électorat se sentant laissé pour compte. M. Trump, forte personnalité que personne n'avait au départ pris au sérieux, a vogué de crise en crise mais s'en est toujours sorti. Il a fait voler durant la campagne toute décence politique. Il a menti, insulté les femmes, les Mexicains, les Noirs, les musulmans, et attaqué son adversaire sans relâche. Bonne nouvelle pour Mme Clinton, la participation des Hispaniques, qui n'ont jamais pardonné à M. Trump ses propos sur les Mexicains violeurs, est apparemment en forte hausse en Caroline du Nord et en Floride, où les électeurs pouvaient voter de manière anticipée. Cela pourrait compenser une certaine apathie des électeurs noirs, qui semblent moins motivés que pour Barack Obama en 2012. Quelque 42 millions d'Américains ont déjà voté grâce au vote anticipé. A minuit, Dixville Notch a lancé les élections américaines Les sept électeurs de Dixville Notch, dans les confins du nord-est des Etats-Unis, ont lancé symboliquement l'élection présidentielle. Ils ont commencé à voter dans la nuit de lundi à mardi dans les montagnes des Appalaches. A 00h00 (05h00GMT), Clay Smith a glissé en premier son bulletin de vote dans l'urne. Comme lui, quatre autres électeurs et deux électrices de ce hameau perdu dans les forêts du New Hampshire, à une encablure de la frontière canadienne, ont perpétué cette tradition établie depuis 1960, qui vaut à Dixville Notch le titre de "First in the Nation" (Premier du pays). Quelques instants plus tard, et en tenant compte d'un vote par procuration, le greffier annonçait les résultats: la démocrate Hillary Clinton a remporté quatre voix, son rival républicain Donald Trump deux voix et le candidat indépendant Gary Johnson une voix. Un vote a été annulé, car comportant le nom, écrit à la main, de Mitt Romney, le candidat républicain battu en 2012 par Barack Obama. Pour sa première participation à ce vote nocturne, Nancy DePalma a choisi Mme Clinton. "C'est une forte personnalité, elle a de l'expérience, elle va conduire notre pays dans la bonne direction", a déclaré cette employée d'hôtel qui, aux primaires, avait soutenu le sénateur Bernie Sanders. "Tout le monde devrait aller voter demain (mardi) et faire entendre sa voix", a-t-elle lancé. Habitué à voter à minuit à Dixville Notch depuis 1982, Peter Johnson a relevé qu'"un mouvement populiste se répand sur toute la planète". Pour lui, quel que soit le résultat de l'élection, "Trump a été bénéfique pour le pays". Hormis deux autres villages de cet Etat de la Nouvelle-Angleterre qui votaient aussi dans la nuit, le scrutin débute officiellement à 06h00 sur la côte est (12h00 suisses). Quelque 225 millions d'Américains sont appelés à déterminer qui, entre Hillary Clinton et Donald Trump, succédera à Barack Obama à la Maison Blanche. Après ce passage en Pennsylvanie, la candidate de 69 ans doit achever son marathon électoral en Caroline du Nord, un autre Etat-clé, où son meeting doit débuter par un concert de la chanteuse Lady Gaga.