L'or a baissé cette semaine pour atteindre son plus bas niveau en cinq mois après l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis qui a redonné le goût du risque aux marchés. Mercredi, l'or a atteint son point le plus haut en plus d'un mois, à 1 337,51 dollars l'once, les investisseurs peinant à se positionner après la victoire surprise du candidat antisystème. Mais "la perspective grandissante d'une hausse des taux d'intérêts aux Etats-Unis a pesé sur le prix de l'or", a résumé Lukman Otunuga, analyste de FXTM, qui est ainsi tombé vendredi à 1 224,15 dollars, son niveau le plus faible depuis début juin. La Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait profiter de la vigueur de l'économie nationale pour relever ses taux, ce qui rendrait moins attrayante la valeur refuge qu'est l'or. "Les investisseurs pariant sur une hausse de l'or pourraient encore avoir l'occasion de briller si les instabilités qu'apportent la transition vers une présidence Trump venaient à se renforcer", a commenté Lukman Otunuga. Par ailleurs, de juillet à septembre 2016, la demande mondiale d'or a reculé de 10% à 992,8 tonnes par rapport au troisième trimestre 2015, quand la demande a été de 1 104,8 tonnes, a indiqué le Conseil mondial de l'Or, organisation réunissant les principaux producteurs mondiaux. En revanche, l'argent a mieux résisté que l'or au mouvement de vente et a suivi le mouvement de hausse des métaux de base, montant même mercredi à 19,02 dollars l'once, à son plus haut sur plus d'un mois, avant de redescendre fortement vendredi. Le palladium, qui possède également des usages industriels, a aussi atteint son plus haut en un mois jeudi, à 699,02 dollars l'once, avant de redescendre dans une moindre mesure vendredi. Enfin, le platine a suivi le chemin de l'or et est monté mercredi à 1 021,65 dollars l'once, à son plus haut en plus d'un mois, avant de redescendre vendredi à 940,55 dollars, à son plus bas en deux semaines. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.236,45 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 302,80 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 18,59 dollars, contre 18,30 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 974 dollars, contre 1 003 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 685 dollars, contre 625 dollars à la fin de la semaine précédente. Les métaux industriels confirment leur hausse Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont grimpé cette semaine, accentuant leurs gains après la victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines. Les cours des métaux s'inscrivaient déjà en hausse en début de semaine quand l'élection du candidat républicain, qui défend un investissement soutenu dans les infrastructures, a fait s'envoler certains marchés. Les gains du début de semaine se justifiaient par l'optimisme ressenti par les investisseurs lors de la LME Week, rendez-vous annuel des acteurs du secteur qui s'est tenu à Londres la semaine dernière. "Il est ressorti de la LME Week que la Chine semblait avoir passé un cap pour relancer son économie et que la tendance de réticence au risque, présente sur le marché du métal depuis 2011, était finie", ont résumé les analystes de UniCredit. Mais il a fallu attendre l'élection de Donald Trump, dans la nuit de mardi à mercredi aux Etats-Unis, pour voir ce mouvement de hausse conforté. Le plomb a atteint vendredi 2 198 dollars la tonne, à son plus haut niveau depuis plus d'un an. L'étain a atteint 22 000 dollars la tonne lundi, à son plus haut depuis 15 mois. Le nickel a atteint 11 930 dollars la tonne vendredi, au plus haut depuis 16 mois. Le zinc a atteint 2.580 dollars vendredi, au plus haut depuis cinq ans. Le cuivre s'envole après le premier discours de Trump Le cuivre a atteint son plus haut niveau depuis près d'un an et demi à 6 025,50 dollars la tonne vendredi. Le métal rouge a connu un premier pic mercredi au moment du discours de Donald Trump prenant acte de sa victoire et réaffirmant sa volonté d'investir dans les infrastructures. "En deux semaines, les prix ont gagné 26%", a souligné Richard Knights, analyste de Liberum. "Nous pensons qu'une partie de ce mouvement est basé sur une réalité, à savoir des signes de reprise de la demande chinoise, mais qu'une autre, la capacité des Etats-Unis à soutenir la demande mondiale, n'est pour l'instant qu'un fantasme", a tranché M. Knights. "Le plan de Donald Trump est d'investir 1 000 milliards de dollars dans les infrastructures, avec 140 milliards de crédits d'impôts pour les entreprises. Convertir cela en consommation de cuivre est difficile, mais même avec les estimations les plus optimistes, cela ne pèse pas énormément dans la balance face à la Chine", a-t-il expliqué. "Les marchés vont surveiller attentivement la prise en compte de ce programme dans le budget américain", a souligné Jens Naervig Pedersen, analyste de Dankse Bank, après le discours du futur président. "Une seule chose est sûre, (Donald Trump) sera génial pour les investisseurs à très court terme" car chacune de ses déclarations pourrait causer de forts mouvements de marché, prévenait Mati Greenspan, analyste chez eToro. L'aluminium limite ses gains L'aluminium a également atteint son plus haut depuis un an et demi vendredi, à 1 786 dollars la tonne, mais la hausse des cours restait plus modérée que pour le cuivre. "Nous estimons que la reprise de l'activité des fonderies chinoises devrait faire ralentir l'activité", ont commenté les analystes de Macquarie. "Il y a un potentiel de baisse des prix si les investisseurs spéculatifs choisissent d'engranger leurs profits", ont prévenu les analystes de Commerzbank. "Les exportations chinoises ont atteint leur plus bas niveau depuis février, à 350 000 tonnes en octobre. Cependant, cela serait dû à la hausse des prix de l'aluminium en Chine par rapport aux prix du marché mondial, qui a rendu l'exportation moins attractive et qui a favorisé des ventes locales, plutôt qu'à une baisse de la demande", ont-ils affirmé.