L'or a à nouveau cédé du terrain, alors que les investisseurs laissaient les métaux rares de côté, pénalisés par un dollar renforcé par la perspective d'une hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le métal jaune a atteint vendredi son point le plus bas de la semaine, à 1.246,11 dollars l'once au terme d'une semaine de baisse modérée après la chute de la semaine dernière. Le billet vert est soutenu par la publication jeudi d'une hausse de la croissance américaine au deuxième trimestre, à 1,4% contre 0,8% sur les trois premiers mois de l'année. Les marchés estiment que ces données positives vont pousser la Réserve fédérale américaine à relever ses taux directeurs, ce qui tirerait le dollar vers le haut et pousserait les investisseurs à délaisser l'or. "Il est notable, par ailleurs, que l'or a reculé de façon significative après que les marchés ont jugé que Hillary Clinton avait gagné le premier débat des présidentielles américaines", a souligné Jameel Ahmad, analyste chez FXTM. L'or, valeur refuge par excellence, est particulièrement recherché quand des évènements géopolitiques ôtent de la visibilité aux marchés, et l'incertitude autour du résultat des élections présidentielles aux Etats-Unis a perturbé les marchés cette année. "L'argent a reculé dans le sillage de l'or, face au dollar", a résumé Jameel Ahmad. "Les investisseurs les plus pessimistes ont laissé les cours respirer cette semaine", a commenté Lukman Otunga, de FXTM. Les analystes de Commerzbank ont pour leur part rappelé que le cours de l'argent avait particulièrement baissé par rapport à l'or dans les derniers mois. Le palladium a atteint 623,28 dollars en cours de séance vendredi, son plus bas niveau depuis trois mois, et le platine 926,75 dollars, à son plus bas niveau depuis plus de sept mois. Outre le manque d'intérêt pour les métaux rares, le palladium souffre de la faiblesse du rand sud-africain face au dollar et de ventes d'investisseurs spéculatifs, ont noté les analystes de Commerzbank. Les analystes de la banque allemande ont cependant noté que les deux métaux devraient être soutenus par une hausse de la demande. Les joailliers pourraient profiter de la baisse du platine face à l'or, tandis que la forte activité du secteur automobile devrait profiter au palladium. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.251,75 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.258,75 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 17,47 dollars, contre 17,33 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 933 dollars, contre 975 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 642 dollars, contre 674 dollars à la fin de la semaine précédente. Les métaux de base pénalisés par la Chine Par ailleurs, les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont dans l'ensemble légèrement reculé cette semaine, des données en demi-teinte venues de Chine pesant sur les cours. Le cuivre, le plomb, l'étain et le zinc ont évolué à la baisse, tandis que le nickel et l'aluminium résistaient à la tendance. Après une semaine d'activité atone en Chine pendant les célébrations de la fête nationale, le retour des investisseurs du premier consommateur mondial de métaux de base a été marqué par une baisse des cours. "Les indicateurs chinois restent des données cruciales pour les investisseurs, la vigueur de l'économie nationale ayant permis aux cours des métaux de grimper depuis le début de l'année", ont rappelé les analystes de Unicredit, soulignant toutefois que les élections américaines, la politique de la réserve fédérale américaine et la santé des banques européennes faisaient partie des facteurs à surveiller. Le nickel remontait légèrement après avoir nettement reculé la semaine dernière. L'Indonésie, premier fournisseur de la Chine, a modéré cette semaine l'annonce faite vendredi dernier que le pays envisagerait l'exportation d'une partie de son minerai. "Le ministre de l'Energie et des Ressources minérales a annoncé mercredi que les autorisations d'exportations ne seraient probablement pas élargies", ont noté les analystes de Goldman Sachs, citant des informations de presse, ce qui devrait faire grimper les cours du minerai devant le manque d'offre. Le cuivre recule, la Chine importe moins Les cours du cuivre ont atteint jeudi leur plus bas niveau depuis plus d'un mois, à 4.687,50 dollars la tonne. "La Chine n'a importé que 340 000 tonnes de cuivre en septembre, ce qui représente une baisse de 25% par rapport à septembre 2015 et son plus bas niveau depuis février 2015", ont noté les analystes de Commerzbank. "La faiblesse des importations chinoises est partiellement explicable par une hausse de la production locale, qui a grimpé de 10% depuis le début de l'année", ont expliqué les analystes de Barclays. "Mais même en prenant cela en compte, septembre reste le premier mois de l'année où les importations cumulées de cuivre et de concentré de cuivre sont en baisse par rapport au même mois l'année dernière", ont-ils souligné. Goldman Sachs, qui estime que les cours devraient reculer dans les mois à venir, juge que le principal facteur de la baisse sera une offre trop abondante et dont la croissance s'accélère. "Nous sommes par ailleurs conscients que la saison n'est pas propice à la demande, et que des hausses des réserves récurrentes ont tendance à mettre les prix sous pression chaque année", ont-ils cependant reconnu. L'aluminium continue sur sa hausse L'aluminium a atteint jeudi 1.694,50 dollars la tonne, à son plus haut niveau depuis deux mois. Ces gains ont laissé les analystes perplexes. "Nous ne voyons pas de justification à cette hausse, étant donné que de plus en plus d'aluminium arrive sur les marchés. L'institut gouvernemental (chinois) de recherche Antaike estime que des capacités de production vont être remis en marche pour augmenter la production de 1,3 million de tonnes par an avant la fin de l'année", ont remarqué les analystes de Commerzbank. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4,698,50 dollars vendredi, contre 4.767,50 dollars le vendredi précédent. L'aluminium valait 1.691,50 dollars la tonne, contre 1.681 dollars. Le plomb valait 1.995 dollars la tonne, contre 2.082 dollars. L'étain valait 19.440 dollars la tonne, contre 20.050 dollars. Le nickel valait 10.455 dollars la tonne, contre 10.310 dollars. Le zinc valait 2.242 dollars la tonne, contre 2.335 dollars.