L'or a conforté ses gains cette semaine, atteignant de nouveaux plus hauts en treize mois sur fond d'affaiblissement du dollar consécutif à des déclarations jeudi du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi. Les cours du métal jaune, après avoir connu en milieu de semaine un petit accès de faiblesse, sur fond de spéculations grandissantes quant aux mesures supplémentaires d'assouplissement monétaire que pourrait annoncer la BCE lors de sa réunion de jeudi, se sont finalement nettement repris après que l'institution de Francfort se soit prononcée. Dans le sillage des annonces de la BCE, qui a comme prévu accéléré son soutien à l'économie mais dans une mesure bien supérieure à ce que prévoyaient les analystes, le dollar s'est d'abord renforcé face à l'euro avant de s'enfoncer à des plus bas plus vus depuis mi-février face à la monnaie unique européenne, niveaux dont il restait proche vendredi. Logiquement plombé par les annonces de la BCE, qui a nettement renforcé ses mesures de soutien à l'économie européenne, l'euro s'est toutefois brusquement repris face au dollar à partir du moment où Mario Draghi a laissé entendre que la baisse des taux annoncée le jour même ne se poursuivrait pas forcément dans l'immédiat. Or, toute dépréciation du billet vert rend moins onéreux les achats d'or, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises, ce qui a tendance à soutenir les cours du métal jaune. Par ailleurs, ce dernier bénéficiait toujours de son statut de valeur refuge étant donné le scepticisme des investisseurs quant au fait que "la BCE et d'autres banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine (Fed), aient les outils pour lutter contre le ralentissement de la croissance mondiale", a relevé Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. "La tension créée par la tentative infructueuse de la Banque centrale européenne de dévaluer l'euro a renouvelé une vague d'aversion au risque" qui a tiré l'or à la hausse, a abondé Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. L'once d'or a en effet atteint vendredi 1 285,18 dollars, soit un sommet en treize mois, et pourrait bien, selon M. Otunuga, monter sous peu jusqu'à 1 300 dollars, un niveau qu'il n'a plus atteint depuis janvier 2015. Selon l'analyste, l'environnement monétaire actuel, caractérisé par le fait que certaines grandes banques centrales adoptent des taux d'intérêt négatifs, fait de l'or un actif particulièrement performant. De son côté l'argent, considéré comme une option alternative bon marché à l'or, s'est stabilisé cette semaine, ne parvenant pas à profiter aussi pleinement que le métal jaune de l'affaiblissement du dollar. Le métal gris, tout comme les métaux platinoïdes, ont en effet davantage souffert cette semaine de la baisse des cours des métaux de base dans la mesure où ils sont eux aussi utilisés à des fins industrielles. L'argent et le palladium sont toutefois parvenus à se reprendre en fin de semaine, bénéficiant comme l'or de l'affaiblissement du dollar. Le cours du palladium a même atteint vendredi 585,65 dollars, un plus haut en quatre mois. En revanche, le platine a quelque peu repris son souffle cette semaine après avoir signé lundi un nouveau plus haut depuis fin octobre à 1 009 dollars, une hausse surtout imputable à des mouvements spéculatifs, selon les analystes de Commerzbank. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 264,75 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 277,50 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 15,50 dollars, contre 15,43 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 974 dollars, contre 960 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 576 dollars, contre 550 dollars à la fin de la semaine précédente.
Les métaux de base en perte de vitesse Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont lâché du lest cette semaine, souffrant de prises de bénéfices après près d'un mois de hausse quasi ininterrompue et de données mitigées sur le commerce extérieur chinois. Alors qu'ils avaient atteint vendredi dernier de nouveaux plus hauts en plusieurs mois, les cours des métaux de base ont accusé le coup en début de semaine, sous l'effet notamment d'un effondrement des exportations chinoises en février, avant de parvenir à se stabiliser. La Chine a en effet vu ses exportations chuter de plus de 25% le mois dernier, tandis que ses importations plongeaient à nouveau, sous l'effet conjugué d'une conjoncture internationale morose et de l'essoufflement persistant de l'activité dans la deuxième économie mondiale et premier consommateur de métaux au monde. La réaction baissière des cours a toutefois été limitée par les bons chiffres des importations de métaux de base publiés par les Douanes chinoises. "Quoique les importations de cuivre et de minerai de fer ont quelque peu décliné sur un mois selon ces données, cela était dû aux festivités du Nouvel An", ont expliqué les analystes de Commerzbank. Car sur un an en effet, les importations chinoises de cuivre ont bondi de 49% à environ 420 000 tonnes en février tandis que celles de minerai de fer ont progressé sur la même période de 8% à 73,6 millions de tonnes. "En d'autres termes, la demande chinoise pour les matières premières en général et les métaux en particulier ne montre jusqu'à présent aucun signe de faiblesse", ont estimé les experts de Commerzbank. Selon ces derniers, un phénomène de correction a également joué dans l'essoufflement des cours cette semaine, alors que la hausse observée depuis près d'un mois était en grande partie due à des achats spéculatifs.
Plancher atteint D'autres analystes se montraient également partagés sur la capacité des métaux industriels à poursuivre dans l'immédiat la tendance haussière entamée début février. Ainsi, selon les analystes d'Unicredit, si une reprise des cours paraissait logique étant donné le mouvement excessif de vente ayant frappé les métaux de base depuis novembre, les conduisant à atteindre de nouveaux plus bas pluri-annuels mi-janvier, "le rebond pourrait être allé trop loin trop tôt pour beaucoup de métaux". "La prochaine évolution (des prix) ne devrait pas voir une poursuite de ces mouvements d'achats (...) mais un recul des cours et leur stabilisation dans une fourchette de variation située au-dessus de leurs récents plus bas", ont-ils ajouté. De même, dans une note publiée mardi, les analystes de Goldman Sachs ont estimé que la récente remontée des prix n'était pas durable étant donné l'environnement financier de la Chine, principal moteur de la demande mondiale de métaux industriels. "La seule réelle possibilité pour la croissance de la demande de métaux est une amélioration des ventes de propriété et des prix qui entretiendront finalement une activité de construction plus soutenue", ont-ils détaillé, jugeant que les actuelles données économiques n'allaient pas dans le sens d'une telle politique.
Cuivre et aluminium temporisent après les données chinoises Les cours du cuivre comme de l'aluminium se sont quelque peu essoufflés cette semaine, tout en restant proches des plus hauts en respectivement quatre mois et quatre mois et demi atteints vendredi dernier, les investisseurs se montrant prudents après les chiffres contrastés sur le commerce extérieur chinois et dans l'attente de plus amples informations sur les fondamentaux de l'offre et de la demande. La tonne d'aluminium a ainsi atteint lundi 1 605 dollars, au plus haut en près de cinq mois, avant de retomber jeudi à 1 548 dollars, un minimum en quinze jours. Ainsi, même si les importations chinoises de cuivre ont connu une très forte appréciation sur un an en février, les analystes de Capital Economics ont jugé qu'elles ne reflétaient pas pour autant une hausse de la demande des consommateurs pour le métal rouge, mais davantage des arbitrages d'investisseurs spéculatifs. Du côté de l'aluminium, plusieurs analystes soulignaient la forte chute des exportations chinoises de ce métal en février sur un mois, semblant traduire les réductions de production engagées par plusieurs fonderies. "Les exportations d'aluminium sont tombées au plus bas en deux ans à 280'000 tonnes en février", ont relevé les analystes de Commerzbank, précisant que cela était dû à "une production domestique en baisse et à une plus faible demande internationale". Mais "même si les exportations d'aluminium ne grossissent plus en glissement annuel, elles restent à des niveaux records en termes absolus", ont néanmoins tempéré les analystes de Capital Economics. La plupart des autres métaux industriels ont signé de nouveaux plus hauts en début de semaine avant de repartir à la baisse. La tonne de plomb est ainsi montée lundi jusqu'à 1 895 dollars, au plus haut depuis début juin 2015 tandis que la tonne d'étain s'est échangé le même jour jusqu'à 17 350 dollars, un sommet en quasiment un an. De son côté, le nickel a grimpé lundi jusqu'à 9 480 dollars, un maximum en près de quatre mois. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4 932 dollars vendredi, contre 4 922 dollars le vendredi précédent. L'aluminium valait 1 559 dollars la tonne, contre 1 578,50 dollars. Le plomb valait 1 842,50 dollars la tonne, contre 1 848 dollars. L'étain valait 16 865 dollars la tonne, contre 16 610 dollars. Le nickel valait 8 795 dollars la tonne, contre 9 060 dollars. Le zinc valait 1 795,50 dollars la tonne, contre 1 848 dollars.