Lors d'une conférence-débat sur les risques sismiques et les catastrophes naturelles, organisée hier, au centre de presse d'"El Moudjahid", des professionnels et des spécialistes en séismologie, ont appelé à la mise en place d'une stratégie de prévention efficace, basée sur une politique nationale de gestion des risques sismiques. A cette occasion, les spécialistes ont préconisé une politique de prévention basée sur le respect des normes de construction parasismique. Ils ont tenu à rappeler que l'Algérie est une zone à forte activité sismique et que "l'Algérien doit intégrer cette notion dans ses mœurs". En outre, le CTC (organisme nationale de contrôle technique de la construction), a été épinglé par les experts, qui ont critiqué la façon dont cet organisme a géré le séisme de 2003 de Boumerdès. Ils estiment que le séisme de 2003, a représenté un déclic pour les pouvoirs publics, parce qu'il a permis de revoir la réglementation du contrôle technique de construction. La nouvelle législation prévoit que le CTC vérifie le niveau de conformité des travaux par rapport aux normes algériennes ou à défaut celles en vigueur en Algérie, des documents techniques réglementaires (DTR) en vigueur en Algérie, l'avis technique valide, agréments, certificats ou rapports d'essais préalables, et le guide technique et règles professionnelles. Cependant, les anomalies constatées sont notifiées et suivies tout le long du processus de contrôle par le moyen de rapports de visites de chantiers adressés au maître d'ouvrage. Sur le plan juridique, la nouvelle législation prévoit plusieurs amendements sur les obligations attachées à la problématique de sécurité, de solidité et de stabilité des ouvrages. Quant au plan de la démarche, le processus technique d'études géologique et géotechnique et de maîtrise d'œuvre est intimement lié au processus de contrôle technique. Néanmoins, le représentant du CTC a signalé des anomalies dans l'application de la législation. Il a annoncé qu'"on assiste à une transgression flagrante de cette loi puisque pour le programme sur le relogement des sinistrés du séisme du 21 mai 2003 -à titre d'exemple- le maître d'ouvrage a sous-traité le contrôle technique à l'entreprise de réalisation". "Ce qui nous met devant une situation inédite du contrôlé qui choisit son contrôleur", a-t-il ajouté. Par ailleurs, un expert a rappelé le rôle du bâti parasismique, dans la limitation des dégâts matériels. Il estime que, lors d'un tremblement de terre, le sol ondule selon des mouvements verticaux et latéraux. La construction parasismique a pour principal objectif de prévenir l'effondrement des bâtiments, notamment en y intégrant un ou des dispositifs destinés à limiter la réponse du bâtiment à l'oscillation du sol (appuis antisismiques...). La protection des infrastructures peut aussi faire appel à leur renforcement. Il a indiqué que la réduction de l'effet des mouvements du sol sur le bâtiment peut être obtenue de plusieurs manières, entre autres, rendre le bâtiment assez "souple" pour que l'énergie des mouvements du sol ne le brise pas sous sa propre inertie ; monter le bâtiment sur des amortisseurs qui vont absorber une partie de l'énergie du mouvement du sol et une troisième technique qui est aussi employée depuis peu : il s'agit de mettre en place un contrepoids au sommet du bâtiment, qui va se déplacer en réponse aux mouvements du sol de sorte que le centre d'inertie du couple (bâtiment, contrepoids) ne bouge pas lorsque le sol tremble.