La prévention contre le risque sismique a été le thème d'une table ronde animée, hier, par une pléthore d'experts au centre de presse du quotidien El Moudjahid. Un tour d'horizon sur l'état actuel du bâti au pays, et les mesures à prendre afin de réduire un tant soit peu le risque, sont les principaux volets développés par les différents intervenants. Abdelkrim Chaouche Yellès, directeur du Craag, déplore, d'emblée, le caractère congestionnel des centres urbains du pays. « La stratégie de concentration du bâti se poursuit ce qui n'est guère rassurant du point de vue sismique. Tout le risque est là ». Il est important, dira le directeur, d'aérer les villes et trouver des moyens pour décongestionner la population. Citant des exemples de villes ayant connu des catastrophes suites aux mouvements sismiques s'y produisant, il insiste pour dire que « nos villes doivent être spacieuses ». M. Yellès note également la nécessité de préserver les espaces verts qui servent, dit-il, de bases de repli en cas de catastrophes. Laissant entendre l'urgence de remédier à la politique actuelle du bâti, ce docteur en géophysique indique qu'« il faut aller crescendo : du plus facile au plus compliqué. Il faut penser à éviter les aspects irréversibles ». Pour ce faire, le directeur du Craag plaide le retour aux anciennes actions « de grande envergure », soulignant, à titre d'exemple, le projet du barrage vert. L'application et le respect des lois ne sont pas à négliger, affirme pour sa part le directeur du Centre de gestion sismique (CGS), M. Mohamed Belazougui. Celui-ci regrette la non-application du décret portant prévention contre les risques. Le décret en question stipule, indique-t-il, que « toute construction faite sans permis de construire doit être démolie sept jours après le constat ». Le directeur du CGS appelle, dans le même chapitre de la prévention, à la relance du comité de coordination urbanistique, installé dans les années 1990, et mettre en cohésion les structures des parties concernées. Point de vue soutenu par M. Chelghoum, expert en parasismique. Se référant aux méthodes suivies de par le monde, cet expert indique que « les grands projets nécessitent, avant leur lancement, des débats exhaustifs auxquels participeront l'ensemble des secteurs impliqués ». En ce sens, et à titre illustratif, il relève que des aspects n'ont pas été étudiés dans le grand projet de l'autoroute est-ouest. En revanche, M. Bouandal Mohamed El Bachir, conseiller au ministère des Ressources en eau, estime que les mesures antisismiques ont toujours été prises dans la construction des barrages hydrauliques. « Compte tenu des grands risques que présentent ces infrastructures en cas de séisme, tous les éventuels dangers qui pourraient être présentés sont pris en considération dans la construction des barrages », a-t-il rassuré. Pour mieux renforcer la sécurité dans ce domaine, le représentant du ministère dira que « la police des eaux doit avoir son statut d'autorité pour une présence et une implication efficaces ». Le risque ne vient pas uniquement du mouvement sismique, puisque la météorologie a toute sa part, comme le souligne M. Anbar, de Météo-Algérie. Ce météorologiste espère, à son tour, voir l'installation d'un système d'alerte précoce qui tienne en compte de la spécificité météorologique de chaque région du pays. Pour ce qui est de l'intervention dans les cas de catastrophes, le représentant de la protection civile, le lieutenant Chergui Abdelkader, souligne les deux principaux jalons de la politique suivie par ce corps d'intervention, et qui sont la formation du personnel et la sensibilisation des citoyens sur les risques.