Les cours du pétrole reculaient hier dans les échanges matinaux en Asie face à la perspective d'augmentation de la production américaine, alors que l'euphorie consécutive à l'accord de réduction de l'Opep retombait quelque peu. Vers 02h30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en janvier, perdait 50 cents à 51,29 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en février cédait 42 cents, à 54,52 dollars. Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont parvenus à se mettre d'accord mercredi dernier sur une réduction de leur production, ce qui a déclenché un rebond des cours, bien au-dessus du seuil psychologique des 50 dollars. L'Opep est aussi parvenue à gagner le soutien de la Russie, gros producteur extérieur au cartel. Mais une semaine après, l'élan apporté par cet accord semblait être retombé, les investisseurs attendant de voir comment il allait être appliqué, selon les analystes. Avec des cours au-dessus des 50 dollars, les producteurs américains de pétrole de schistes s'apprêtent à réveiller certaines de leurs installations qui avaient été mises en sommeil, ajoutent-ils. L'éclat de l'accord diminue rapidement, a commenté Jeffrey Halley, analyste chez OANDA. Le marché manque de conviction. Alors que la réalité d'un monde noyé par le pétrole se refait sentir, les pays producteurs devront faire la preuve de leur réelle détermination à respecter (l'accord) pour, vraisemblablement, la première fois de leur histoire. Alex Furber, analyste chez CMC Markets, renchérit après l'optimisme initial, le marché recommence à considérer l'excès d'offre actuel, le retour du pétrole de schiste américain et le fait de savoir si l'Opep va respecter les niveaux décidés. Rythme moins soutenu La veille, les cours du pétrole ont terminé en légère hausse, poursuivant à un rythme moins rapide la hausse entamée après l'annonce d'une réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en milieu de semaine précédente. Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a gagné 11 cents à 51,79 dollars sur le contrat pour livraison en janvier au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a pris 48 cents à 54,94 dollars sur le contrat pour livraison en février à l'Intercontinental Exchange (ICE). Quand on prend en compte que le marché a monté de 12% la semaine dernière, commencer la semaine de manière relativement calme n'est pas vraiment une surprise, a indiqué Phil Flynn de Price Futures Group. Les membres de l'Opep sont parvenus à se mettre d'accord mercredi sur une réduction de leur production de 1,2 millions de barils par jour à partir de janvier 2017, ce qui a déclenché un rebond des cours. Les interrogations se portent désormais sur les pays non membres du cartel dont l'Opep espère qu'ils vont également réduire leur production, de 600 000 barils par jours. La Russie, important pays producteur non membre du cartel, devrait supporter la moitié de cet effort de réduction, mais a indiqué avoir produit en novembre à un niveau record. Autres producteurs La réduction de la production dont parle la Russie serait basée sur son niveau de novembre, donc la Russie produirait toujours nettement plus de brut au cours du premier semestre 2017 qu'il y a seulement quelques mois, ont indiqué les experts de Commerzbank dans une note. Une réunion entre pays producteurs membres et non-membres de l'Opep à ce sujet, qui devait se tenir à Doha vendredi, devrait finalement avoir lieu samedi à Vienne. Nous restons sceptiques sur le fait que les producteurs non membres de l'Opep s'alignent pour promettre leurs propres réductions alors que l'annonce de l'Opep de la semaine dernière a déjà pris largement la responsabilité de rééquilibrer le marché, a indiqué Tim Evans de Citi dans une note. Dans l'immédiat, le pétrole a profité du repli lundi du dollar qui avait beaucoup monté ces dernières semaines. Le pétrole, libellé en dollar, devient mécaniquement plus accessible pour les opérateurs utilisant d'autres monnaies quand le cours du billet vert baisse. Sur le plan américain, la clef pourrait venir de la demande a indiqué Phil Flynn estimant que si la demande restait à un niveau élevé cela pourrait suffire à faire repartir les cours à la hausse. Autre facteur de plus long terme jugé encourageant pour les cours, le rejet par les autorités américaines du tracé d'un oléoduc controversé dans le Dakota du Nord (nord des Etats-Unis). Cela devrait rendre le pétrole du Dakota du Nord un peu cher, a estimé Phil Flynn. A l'inverse, le retour des producteurs américains de pétrole non conventionnel, encouragés par un rebond des prix du baril, pourrait à terme annihiler une partie des efforts de l'Opep faisaient remarquer plusieurs analystes.