Les cours du pétrole étaient encore orientés à la hausse, hier matin, les investisseurs se prenant à croire en un accord entre l'Opep et la Russie pour réduire la production et soutenir les cours. Vers 02H15 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en janvier, progressait de 48 cents à 48,72 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en janvier, gagnait 47 cents à 49,37 dollars. Les membres de l'Opep se sont donnés jusqu'à leur sommet du 30 novembre pour finaliser leur décision prise fin septembre de réduire leurs productions, effort auquel pourrait se joindre la Russie, important producteur non membre du cartel. Le comité en charge de planifier cet accord est réuni depuis lundi pour à Vienne pour une réunion de travail fermée au public. Dans ce contexte, chaque déclaration d'une partie prenante est disséquée par les investisseurs. Des propos encourageants de la Russie et de l'Iran ont dans ce contexte contribué à faire remonter les cours. Reste à savoir jusqu'où les prix rebondiront. Jingyi Pan, analyste chez IG met en garde sur un potentiel retour sur le marché des producteurs américains de schiste. "Le marché est incertain quant au prix qui réveillerait les géants américains endormis", dit-il, contribuant à participer à la surabondance de l'offre et à peser sur les cours. "La hausse, si elle se poursuit, pourrait se heurter à des résistances. D'autant qu'il faut prendre en compte l'incertitude liée à la position du président élu Donald Trump sur le principe d'une baisse de la production américaine." Les cours sont plombés depuis plus de deux ans par une offre bien trop importante. Dopé par l'Opep La veille, les cours du pétrole ont terminé en forte hausse, dopés par des espoirs renouvelés de voir les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) limiter leurs productions, accélérant ainsi le rééquilibrage du marché. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine de brut, a gagné 1,88 dollar à 48,24 dollars au New York Mercantile Exchange (Nymex) sur le contrat pour livraison en janvier, dont c'était le premier jour comme cours de référence. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a gagné 2,04 dollars à 48,90 dollars sur le contrat pour livraison au même mois à l'Intercontinental Exchange (ICE). "De nombreux opérateurs croient que l'Opep est proche d'un accord et cela arrive au moment où la demande de pétrole augmente aux Etats-Unis", a expliqué Phil Flynn de Price Futures. Un accord de réduction de la production permettrait de se rapprocher plus rapidement d'un rééquilibrage du marché, qui souffre d'un excès de l'offre plombant les cours depuis deux ans. Les membres de l'Opep se sont donnés jusqu'à leur sommet du 30 novembre pour finaliser leur décision prise fin septembre de réduire leurs productions, effort auquel pourrait se joindre la Russie, important producteur non membre du cartel. Le comité en charge de planifier cet accord est réuni ce lundi et pour 48 heures à Vienne pour une réunion de travail fermée au public. Dans ce contexte, chaque déclaration d'une partie prenante est disséquée par les investisseurs. "Les principaux acteurs comme la Russie, l'Iran et l'Irak ont tous dit qu'ils avaient un intérêt à une réduction et cela a aidé le marché à reprendre confiance", a expliqué Phil Flynn. "Vladimir Poutine a affirmé que +geler notre production ne sera pas un problème+", a rapporté Jasper Lawler, analyste de CMC Markets, rassurant ainsi sur les intentions de la Russie. Optimisme iranien L'Iran a pour sa part fait état publiquement de sa bonne volonté en déclarant à nouveau soutenir un accord. Le ministre iranien du pétrole s'est dit optimiste quant à la capacité de l'Opep de parvenir à un accord sur la réduction de la production à la fin de ce mois pour faire remonter les prix du baril. Il y a une possibilité élevée que les ministres du pétrole et de l'énergie de l'Opep arrivent à un accord lors de la réunion de novembre, a déclaré Bijan Namdar Zanganeh à l'issue d'une rencontre avec le secrétaire général de l'Opep Mohamed Barkindo, cité par le site de son ministère, Shana. M. Zanganeh fait référence à une réunion des membres du cartel prévue le 30 novembre à Vienne dont certains responsables attendent une concrétisation d'un accord de baisse de l'offre, annoncé fin septembre à Alger. L'Iran, qui subit encore les conséquences des sanctions économiques occidentales qui l'ont paralysée avant leur levée seulement en janvier, s'est exempté de la réduction de sa production. La production iranienne a augmenté depuis la levée des sanctions internationales après l'accord sur le nucléaire et le pays semblait jusque-là peu enclin à réduire ou même à limiter sa production, ce qui aurait pu faire échouer un accord sur fond de rivalité avec le membre dominant du cartel, l'Arabie saoudite. "Il semble que l'Iran a accepté un accord à condition de ne pas avoir à couper dans sa production mais de simplement devoir la limiter à son niveau actuel", a expliqué Enrico Chiorando, analyste de Love Energy. Teheran exportait 2,44 millions de barils par jour en octobre. Les pays membres et non-membres (de l'Opep) tentent de parvenir à un accord global lors du sommet (...) Nous aurons une meilleure situation dans l'avenir, a assuré le ministre iranien. Téhéran a déjà exprimé ses positions, sur la question de la production, a rappelé M. Zanganeh. Interrogé sur un montant du baril qui pourrait à la fois bénéficier aux producteurs et aux consommateurs, le ministre a indiqué que les membres de l'Opep avaient visé un prix du baril compris entre 55 et 65 dollars. Le secrétaire de l'Opep a lui dit s'être rendu à Téhéran en vue d'obtenir plus de coopération de l'Iran à Vienne, afin que nous puissions mettre en oeuvre l'accord d'Alger, selon des propos relayés par Shana. Vendredi, à l'issue d'une réunion impromptue à Doha entre plusieurs membres de l'Opep et la Russie, le ministre russe de l'énergie, Alexander Novak, s'est également dit confiant sur la capacité des membres du cartel à parvenir à un accord à Vienne. Quant à l'Irak, il avait fait montre de tiédeur quant à l'application de quotas arguant de la lutte contre l'organisation Etat Islamique. L'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole, est l'un des rares pays à s'être d'ores et déjà engagé à limiter sa production dans le cadre de cet accord. Autre facteur positif pour les cours, le dollar qui avait fortement augmenté ces dernières semaines, renchérissant ainsi le coût du brut pour les acheteurs détenteurs d'autres devises, a légèrement reculé lundi.