Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi devait remettre sa démission lundi après-midi au lendemain de sa défaite lors du référendum sur la révision de la Constitution. Son départ ouvre une période d'incertitudes en l'absence d'alternative claire. "Mon expérience de chef de gouvernement s'arrête là", a sobrement résumé M. Renzi, 41 ans, avant même que les 59,11% de non à "sa" réforme constitutionnelle soient officiels. "J'ai perdu, j'en prends toute la responsabilité". Après un dernier conseil des ministres à 18h30, M. Renzi s'est rendu au palais du Quirinale donner sa démission au président Sergio Mattarella. Le chef d'Etat pourrait convoquer des élections anticipées ou, plus vraisemblablement, nommer un gouvernement "technique" chargé de réformer la loi électorale. Les populistes du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue du Nord ont réclamé une dissolution immédiate du Parlement. "Les Italiens doivent être appelés à voter le plus rapidement possible", avec la loi électorale existante, a martelé le chef du M5S, Beppe Grillo. "Nous pensons que l'Italie ne peut pas se permettre des mois de débats sur un nouveau système électoral", a de son côté déclaré le leader de la Ligue du Nord Matteo Salvini. L'actuelle loi électorale, adoptée en mai 2015, prévoit une forte prime majoritaire à la chambre des députés au parti qui dépasserait 40% des voix au premier tour ou qui remporterait un éventuel second tour entre les deux partis arrivés en tête. Selon les derniers sondages, le M5S sortirait vainqueur d'un scrutin de ce type. Mais la prime majoritaire ne s'applique qu'aux députés, alors que l'échec de la réforme du Sénat laisse la chambre haute avec tous ses pouvoirs et une élection à la proportionnelle, ce qui risque de rendre le pays ingouvernable. Les autres formations politiques semblent plutôt s'accorder sur la nécessité d'une nouvelle réforme électorale, et donc de la nomination d'un gouvernement "technique". L'une de ses premières missions sera aussi de faire adopter le budget. Plusieurs noms circulaient avant même le référendum pour prendre la tête de ce gouvernement, dont celui du ministre des Finances Pier Carlo Padoan. Ce dernier a d'ailleurs annulé sa participation à une réunion des ministres des finances de la zone euro à Bruxelles pour rester à Rome. Sa nomination pourrait répondre à un souci de rassurer les marchés. Ceux-ci redoutent une nouvelle phase d'instabilité politique dans la troisième économie de la zone euro. Une source d'"inquiétude" Le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a estimé que la victoire du non était source d'"inquiétude". "Ce n'est pas un message positif pour l'Europe, en des temps difficiles", a-t-il déclaré. La chancelière allemande Angela Merkel a elle exprimé ses regrets. Mais elle a dit accepter la décision de Matteo Renzi. Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Pierre Moscovici a de son côté estimé que l'Italie est "un pays solide avec des autorités solides" et qu'elle saura faire face à cette période d'incertitudes. "Le Conseil fédéral a (...) pris note du résultat de la votation du weekend dernier. La Suisse continuera d'entretenir avec l'Italie des relations intenses, empreintes d'amitié, de pragmatisme et d'intérêts communs", a indiqué un porte-parole du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE). Dans l'émission Forum de la RTS, le conseiller fédéral Didier Burkhatler a également assuré vouloir poursuivre les dossiers ouverts et les bonnes relations avec ses collègues italiens. Il a toutefois reconnu que quand un gouvernement change, "il faut tout reconstruire" et "ça prend du temps des fois". Quant au Kremlin, il a salué le rôle du chef du gouvernement italien dans le développement des relations entre Moscou et Rome. "Il a été en effet le partisan d'un dialogue constructif et actif au plus haut niveau entre nos deux pays, d'un vrai dialogue non pas protocolaire mais significatif, avec des discussions et des décisions concrètes concernant notre coopération", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.