Le court message est-il en passe de devenir le mode d'expression cinématographique le plus prisé ? Le cinéma étant, avant tout, une affaire d'argent, de beaucoup d'argent –un film à petit budget coûte en moyenne 3 milliards de centimes- et aussi de compétences, il est devenu extrêmement périlleux pour les cinéastes de se lancer dans les projets cinématographiques. Faute de moyens, les jeunes, mais aussi les moins jeunes, se lancent de plus en plus dans l'aventure du court métrage, qui ne nécessite pas un budget colossal- à peine une centaine de millions de centimes-, et qui permet aux uns et aux autres d'exprimer une idée de façon rapide et claire en quelques minutes seulement. Le court métrage dure entre 3 et 30 minutes et il existe aussi le très court métrage, nouvelle appellation d'un produit qui dure moins de 3 minutes. Genre, certes sous estimé par rapport aux longs métrages destiné, principalement à la commercialisation, le court est en train de gagner de plus en plus de place chez nous. A la fin de l'année dernière, la fondation des Fennecs d'or, que préside Hamraoui Habib Chaouki, avait lancé l'idée du premier festival du court métrage à Taghit. Le but de cette rencontre était de mesurer les compétences de tous les jeunes qui ont un rapport avec le cinéma, sans pour autant qu'ils soient sortis des grandes écoles. Si école de cinéma il y avait chez nous, un court métrage aurait été une sorte de thèse pour l'étudiant en fin de cycle, mais dans le cas actuel les néophytes du cinéma font leur essais à travers un court, qui ne nécessite ni beaucoup d'argent ni beaucoup de temps, mais stimule l'envie d'aller vers d'autres territoires de la création cinématographique. Mis à part les cinémathèques, et quelques rares cinéclubs qui poussent actuellement un peu partout dans le pays, rares sont les salles de cinéma qui diffusent ce genre de produit. Il arrive souvent à ce que la projection d'un film, annoncée en grande pompe soit précédéé de celle d'un court, mais il aurait fallu que le gérant d'une salle sombre soit conscient de l'intérêt d'un court et de sa portée esthétique et idéologique. Les arènes du spectacle s'ouvrent donc, de plus en plus, à ce mode d'expression, la preuve c'est qu'après quelques rencontres du genre à la salle Ibn Zeïdoun de Riad El Feth, et celle de Taghit, l'Institut Cervantès a ouvert, depuis samedi dernier, ses espaces pour des journées hispano-allemandes auxquelles les Algériens participent également. Ce rendez-vous, qui se clôture demain, est baptisé “Jeunesse et Avenir”. Deux films espagnols et trois films allemands étaient à l'affiche lors de l'ouverture de cette manifestation qui se veut une opportunité pour que les regards des uns et des autres se croisent, se discutent et s'écoutent en quelques minutes seulement. D'autres films ont été également projétés dont celui de Mounès Khemar Houria et Orange de Yahia Mouzahem, El hombre feliz (l'homme heureux) de Lucina Gil, un documentaire qui pose la question existentielle ainsi : “ Existe-t-il un homme heureux ?”. Après chaque séance, des débats sont proposés aux étudiants, notamment aux futurs cinéastes. L'émergence de plus en plus visible de cette forme d'expression est certes liée au manque crucial de moyens, mais va-t-elle s'étaler dans la durée ?