Le cinéma algérien va-t-il reprendre une place éminente parmi les cinémas du monde ? Certains films réalisés ces dernières années, la restauration de certaines salles de cinéma, la création en 2004 d'un centre national de cinéma semblent en effet marquer, à plusieurs titres, une rupture... Le cinéma algérien est né au cœur même de la lutte de Libération nationale, lorsque le FLN organise dans le maquis un service cinématographique qui produira quatre émissions pour la télévision dont les plus significatives, “Les Infirmières de l'ALN” et “L'Attaque des mines de l'Ouenza” qui seront portées devant le public international, grâce à l'effort des canaux de télévision des pays “socialistes”. Ces courts métrages inauguraux vont donner naissance à un cinéma militant, glorifiant ses combattants à travers des films devenus des classiques : Le Vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina en 1966, l'Opium et le Bâton en 1970 d'Ahmed Rachedi. Il faut rappeler que dès l'année 1960, le cinéma algérien s'organise sous l'égide du GPRA. Un comité va se former suivi d'un service des premières archives du cinéma algérien. En 1963 paraît sur les écrans Peuple en marche. Réalisé par N. Guenifi, Ahmed Rachedi et René Vautier, le film-documentaire s'impose comme la première vraie réalisation de l'Algérie indépendante. Il va donner le coup d'envoi, en 1964, à la création d'un centre de cinéma, de la cinémathèque algérienne et d'une école de cinéma, l'Institut national du cinéma (INC) et, en 1967, l'Oncic (Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique) voit le jour qui, dès 1974, va avoir le monopole de la production cinématographique. La production de films en Algérie ira crescendo en s'installant à la troisième place alors – et cela pour une longue période – des cinémas arabophones, derrière l'Egypte et le Liban. Entre 1965 et 1988, le cinéma algérien a suscité beaucoup d'espoir, il en sort environ cinq films par an et les salles obscures du pays sont largement fréquentées par la population. Du film de guerre on passe aux films qui, dès les années 1970, ont pris en charge les préoccupations sociales Leila et les autres de Sid Ali Mazif en 1977, Ali au pays des mirages de Rachedi ou encore Le Charbonnier de Mohamed Bouamari en 1972 et en 1976, Merzak Allouache défraye la chronique avec un petit chef-d'œuvre Omar Gatlato. La nationalisation a été fatale au cinéma qui bat de l'aile dès les années 1980. Quelques réalisateurs Saïd Ould Khelifa, Merzak Allouache ou Mehdi Charef vont s'établir à l'étranger à la recherche de fonds privés, notamment en France et en Italie. À partir de ces années 1980 et jusqu'en 2002, les films algériens ne sont, à quelques exceptions près, plus totalement financés et produits par l'Algérie. En 1988, une mort programmée du cinéma algérien est entamée avec la dissolution des entreprises cinématographiques Caaic, Enpa et l'Anaf suivi d'un processus de liquidation, entamé dans la précipitation et qui du jour au lendemain condamna le cinéma algérien engendrant un vide juridique. Espoir En 2003, un nouvel espoir avec l'Année de l'Algérie en France a permis à de nombreux cinéastes de faire des films avec une aide financière de 5 à 7 milliards de centimes accordée à 11 projets. Puis en 2004, l'espoir renaît avec la création du Centre national de cinéma et de l'audiovisuel sous la direction de Mohamed Abdelkrim Aït Oumeziane. Mais cela suffira-t-il à relancer un secteur vraiment malade ? Pourtant des espoirs sont nés avec la restauration des salles de cinéma et l'acharnement de certains réalisateurs à faire coûte que coûte des films, ce qui a permis des coproductions avec des pays étrangers (France et Italie par exemple). Ainsi sont nés L'autre Monde de Allouache, Viva Laldjéria de Moknache et d'autres films primés dans diverses manifestations cinématographiques. N. B.