Se rendre à Chellalet el Adhaoura (100 km au sud-est de Médéa) est une véritable expédition. Les rares clandestins ne quittent Aïn Boucif qu'au bout de trois, voire quatre heures d'attente. La commune de Kef Lakhdar, ancienne capitale des Zirides, est déjà loin derrière nous. Partout, le même paysage aride et monotone défile inlassablement, au fil de la route. Un troupeau de moutons surgit d'on ne sait où, et nous barre la route. Deux enfants, pieds-nus, tentent de regrouper les bêtes chétives sur le bas-côté. A quelques kilomètres de Chellalet el Adhaoura, des habitations primitives disséminées sur les flancs de la montagne, et qui semblent sortir tout droit d'un autre temps. Tafrout, Chenigel, Aïn Ouksir. Des noms dont la seule prononciation rappelle le listing macabre des 300 victimes du terrorisme. Mais aussi, des héros anonymes tels Laïd Yagoub, Ali Hamdi, Kaddour Lacheraf, Nadir Derradji, Nouri Benmessrar, Ahmed Miliani. Des riverains nous font L'honneur de leurs masures : “ le Haut commissariat pour le développement de la steppe a accompli un bon travail, notamment la plantation pastorale, l'électricité, le soutien agricole et l'eau ”. Ce programme est venu en appoint d'autres projets, en attendant des noyaux d'infrastructures pour stimuler le retour des familles déplacées. Plus bas dans la daïra de Tablat, la mise en valeur de 10 815 ha et la revalorisation de 8 010 ha de forêts, l'auto-construction et les forages ont favorisé le retour de quelque 400 agriculteurs. Que ce soit aux Deux-Bassins, Aïssaouia ou Mezghenna, c'est l'amorce de la vitalité : l'électrification rurale atteint un taux de 97,49% l'ouverture de pistes avoisine 258 km alors que le parc immobilier a enregistré, en 2006, 8 221 logements. Mais le chemin de développement reste encore long, et les pouvoirs publics sont déterminés à vaincre les disparités.