L'armée congolaise a bouclé jeudi un quartier de Lubumbashi où elle a procédé à des arrestations massives d'hommes de différents âges, ont indiqué plusieurs témoins. Le bouclage du quartier Matshipisha-Gbadolite, dans le sud de la deuxième ville de la République démocratique du Congo. Il s'est achevé en début d'après-midi, a indiqué le général Jean-Bosco Galenga, commandant de la police pour la province du Haut-Katanga, sans donner le nombre de personnes arrêtées. L'objectif de ce bouclage était de récupérer trois armes que des manifestants ont volées à la police lors des échauffourées des 20 et 21 décembre où deux commissariats ont été mis à sac, a-t-il expliqué en conférence de presse. Deux armes ont été récupérées et la troisième se trouverait dans un autre quartier qui sera lui aussi bouclé prochainement, a-t-il précisé. La veille, le gouverneur de la province du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe, avait dû fuir sous des jets de pierres après avoir tenté à Matshipisha - quartier réputé habité par des Kasaïens - une marche de la paix destinée à montrer que les autorités maîtrisaient la zone au lendemain d'affrontements meurtriers entre les forces de l'ordre et des jeunes hostiles au président Joseph Kabila. L'armée vient de boucler le quartier et procède à l'arrestation de tous les jeunes garçons, adolescents et jeunes gens, a expliqué un habitant jeudi matin. On arrête tout homme, avec ou sans pièce d'identité. On les met dans des camions pour une direction inconnue, a raconté une autre habitante. Selon des témoins, une manifestation de plusieurs dizaines de personnes représentant des familles de Matshipisha venues dénoncer des arrestations arbitraires a été dispersée sans heurts par la police 09H30 GMT devant le siège local de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), dans le centre de Lubumbashi. Capitale du Haut-Katanga, Lubumbashi est le fief de l'opposant en exil Moïse Katumbi. Mardi, au dernier jour du mandat de M. Kabila, Kinshasa, Lubumbashi et d'autres villes du Congo ont été le théâtre d'affrontements meurtriers. Ces heurts ont opposé les forces de l'ordre à des jeunes entendant dénoncer le maintien au pouvoir du chef de l'Etat à la suite du renvoi sine die de la présidentielle. Le général Galenga a revu à la baisse le bilan de huit morts annoncé la veille par la police nationale. Après vérification, seules six personnes ont été tuées, a-t-il affirmé. M. Kazembe a fait porter la responsabilité des violences à plusieurs dizaines de voyous venus de Mbuji-Mayi et Kananga, les deux grandes villes de la région du Kasaï (centre), dont est originaire l'opposant historique Etienne Tshisekedi. M. Tshisekedi, 84 ans, a appelé à résister pacifiquement contre le maintien au pouvoir de M. Kabila. Le début de la décennie 1990 a été marquée au Katanga, à l'instigation des autorités locales et nationales, par des massacres à grande échelle des Kasaïens résidant dans la région, accusés de voler les emplois des autochtones.