Vingt-deux civils ont été massacrés à l'arme blanche samedi et dimanche, dans l'Est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris dimanche de sources concordantes. Le drame s'est produit à Eringeti et dans ses environs, dans le territoire de Beni, zone du nord du Nord-Kivu ensanglantée depuis plus de deux ans par une vague de massacres ayant fait plus de 700 morts, ont indiqué l'administrateur territorial, Amisi Kalonda, un porte-parole militaire et un militant associatif. M. Kalonda a imputé l'attaque aux Forces démocratiques alliées, rébellion ougandaise musulmane installée dans la région depuis plus de vingt ans et accusées par les autorités congolaises d'être responsables des tueries en série dans la région. Les ADF ont encore endeuillé la population de Beni territoire à Eringeti et dans ses environs. Hier, ils ont tué dix civils à Eringeti, a déclaré M. Kalonda, joint par téléphone de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Douze autres corps ont été retrouvés [dimanche] dans des villages environnants par l'armée qui poursuivait les assaillants, a-t-il ajouté. Selon lui, l'attaque a commencé en début d'après-midi samedi contre la ville d'Eringeti, déjà frappée par plusieurs massacres similaires. Le mode opératoire, c'est toujours le même, a dit M. Kalonda : les victimes ont été tuées à l'arme blanche et à la machette. Confirmant l'attaque, un porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC) a déclaré que l'armée avait tué quatre rebelles ADF. Le bilan est très lourd pour les civils, a ajouté l'officier sans donner de chiffre des victimes. Les ADF ont attaqué Eringeti et ses environs, a déclaré pour sa part Teddy Kataliki, président de la Société civile du territoire de Beni, coalition d'associations locales. Déjà hier, 10 corps ont été retrouvés, et aujourd'hui 12 autres corps de civils, a-t-il ajouté, estimant qu'il s'agissait d'un bilan encore provisoire. Nous ne comprenons pas cette situation qui continue à endeuiller le territoire de Beni, a-t-il dit. Joint vers 17h45 GMT, il a fait état d'une autre attaque en cours contre la ville d'Oicha, plus au sud depuis 14h00 GMT. Le capitaine Hazukay a confirmé que l'armée était en opération dans cette zone, et a refusé de donner plus de détails avant que celle-ci ne soit achevée. Des membres des mouvements citoyens portés disparus Dans son homélie de Noël, l'archevêque de Kinshasa a apporté son soutien aux mouvements citoyens qui, selon lui, " ne réclament que leurs droits de vivre un peu plus dignement ". Pourtant, à Kinshasa, 8 membres des mouvements citoyens Filimbi, la Lutte pour le changement (Lucha), Compte à rebours et Nouvelle élite congolaise, sont portés disparus depuis une dizaine de jours, d'après leurs proches. L'épouse de l'un d'eux s'est exprimée sur RFI. Nicole Kapinga est l'épouse de Carbone Beni, l'un des membres de Filimbi interpellés à Kinshasa. Elle s'inquiète de sa disparition. " Je ne sais où on l'a amené. Je ne lui ai pas parlé. Je ne l'ai pas vu. C'est très compliqué pour moi, témoigne Nicolas Kapinga. Je veux juste la libération de mon mari parce qu'il est porté disparu. ?a fait maintenant 15 jours, c'est trop pour nous. Et on va entrer en 2017 sans lui. Je ne sais même pas s'il est en vie ou s'il est mort. Moi j'ai envie qu'on le libère, qu'on puisse le voir, moi et mes enfants. On a besoin de lui. " Contacté à ce propos, le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende explique que cela ne relève pas de la compétence du gouvernement et invite Nicole Kapinga et les autres personnes dans sa situation à s'adresser " au poste de police du lieu d'arrestation ou se plaindre auprès du tribunal ". Par ailleurs à Mbuji Mayi, deux membres de la Lutte pour le changement (Lucha) ont été interpellés le 21 décembre après avoir distribué des tracts appelant à une mobilisation le 19 décembre. Selon leur avocate, ils sont inculpés pour " appartenance à un mouvement insurrectionnel ".