L'euro se stabilisait face au dollar jeudi, après avoir souffert de propos jugés prudents par les cambistes du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi alors que le billet vert était aidé par des indicateurs américains meilleurs que prévu. L'euro valait 1,0629 dollar. La monnaie européenne montait face à la monnaie nippone, à 122,49 yens pour un euro contre 121,87 yens mercredi soir. Le billet vert aussi grimpait face à la devise japonaise, à 115,25 yens pour un dollar contre 114,65 yens la veille au soir. La BCE a comme attendu laissé inchangés jeudi ses taux directeurs, à leur plus bas niveau historique depuis mars 2016, ainsi que son vaste programme de rachats de dettes. Les cambistes étaient surtout attentifs à une conférence de presse de M. Draghi pendant laquelle il a déclaré que la récente accélération de l'inflation était à mettre en grande partie sur le compte des prix de l'énergie et que l'inflation sous-jacente ne décollait toujours pas, ont relevé des courtiers. "Les propos les plus pessimistes de M. Draghi ont été sur l'inflation, ce qui a fait temporairement baisser l'euro", a observé Neil Mellor, analyste chez BNY Mellon. De son côté, le billet vert profitait jeudi d'indicateurs meilleurs que prévu, dont la chute surprise des inscriptions hebdomadaires au chômage et la progression inattendue de l'activité dans la région de Philadelphie en janvier. Mais la prudence restait de mise à la veille de l'investiture de Donald Trump à la présidence américaine, a noté Nicolas Chéron, analyste chez CMC Markets. Dans ce contexte, "le dollar suit une trajectoire en montagnes russes cette semaine", a observé Hussein Sayed, analyste chez FXTM. Le billet vert a notamment profité mercredi de propos interprétés comme haussiers de la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed) Janet Yellen. Celle-ci a réaffirmé l'intention de la banque centrale de relever régulièrement les taux d'intérêt à raison de "plusieurs fois par an" jusqu'en 2019. Un tel resserrement rendrait le billet vert plus rémunérateur et donc plus attractif pour les investisseurs. Et comme l'a relevé Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group, "le fait est que la divergence entre les perspectives monétaires de la Fed et celles de la BCE favorise un dollar plus fort face à la monnaie unique". "Le taux de change du couple euro-dollar peut être affecté par d'autres éléments, mais nous pensons que les perspectives monétaires comparées vont rester le facteur clef" dirigeant les mouvements des devises, a abondé John Higgins, analyste chez Capital Economics. La livre britannique, qui avait monopolisé l'attention des cambistes en début de semaine, évoluait jeudi dans une fourchette étroite entre 1,2250 dollar pour une livre et 1,2340 dollar, la devise se stabilisant quelque peu. La livre britannique était tombée lundi face au dollar à ses plus bas niveaux depuis le plongeon éclair du 7 octobre dernier, plombée par un regain d'inquiétude des cambistes avant un discours de la Première ministre du Royaume-Uni Theresa May sur le Brexit. Cependant la livre sterling s'est nettement reprise mardi alors que Mme May défendait une rupture "claire et nette" avec l'Union européenne (UE) mais surtout annonçait que l'accord serait soumis au vote du Parlement britannique.