Les Bourses européennes se sont montrés hésitantes jeudi, variant dans une marge étroite au gré des publications de résultats d'entreprise, sur fond d'interrogations persistantes quant aux conséquences économiques de la politique du nouveau président américain Donald Trump. En l'absence de "déclaration surprise de M. Trump, si le marché reste sur ses gardes, cela ne justifie pas non plus une consolidation plus marquée", a noté Andrea Tuéni, analyste de Saxo Banque.
L'Eurostoxx a reculé de 0,16% L'indice Dax de la Bourse de Francfort a reculé de 0,27% à 11.627,95 points, freiné par les résultats de Deutsche Bank et Daimler, jugés décevants par les investisseurs. Deutsche Bank, qui a encore été dans le rouge en 2016, avec une perte de 1,4 milliard d'euros, plus élevée que prévu, a chuté de 5,21% à 18,18 euros. En dépit d'une année 2016 record et la promesse de faire encore mieux en 2017, Daimler, a aussi été sanctionné (-2,74% à 68,10 euros). Siemens a cédé 3,18% à 118,90 euros après un bond de 5,63% mercredi à la suite de la publication d'un solide bilan annuel. En revanche, le fabricant de semi-conducteurs Infineon a dominé la séance avec une progression de 2,33% à 17,55 euros. L'indice FTSE-100 de la Bourse de Londres a gagné 0,47% à 7.140,75 points, encouragée par la baisse de la livre grâce à un discours du gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) sur l'inflation plus accommodant que prévu. Le fabricant de produits de santé grand public Reckitt Benckiser figurait dans le peloton de tête (+4,08% à 7.109,00 pence) après l'annonce de négociations sur le rachat de l'américain Mead Johnson Nutrition. Le groupe de restauration collective Compass, qui devrait profiter de la baisse de la livre, a engrangé 3,01% à 1.439,00 pence. AstraZeneca, dont le bénéfice en 2016 a bondi de 24%, a pris 0,60% à 4.272,50 pence. Vodafone a grignoté 0,10% à 193,20 pence, après avoir expliqué que son bénéfice brut d'exploitation (Ebitda) devrait se situer dans le bas de la fourchette précédemment indiquée, en raison de difficultés persistantes en Inde. Royal Dutch Shell a pris 1,57% à 2.258,00 pence, après avoir plus que doublé son bénéfice net 2016. En revanche, le spécialiste du paiement Worldpay a souffert (-2,64% à 280,10 pence). L'indice CAC 40 de la Bourse de Paris a fini quasi stable (-0,01%) à 4.794,29 points. Nokia a gagné 5,49% à 4,46 euros, les investisseurs retenant davantage sa rentabilité, meilleure que prévu, que la perte de 766 millions enregistrée en 2016. Dassault Systèmes a bondi de 5,96% à 76,07 euros, porté par un bénéfice net en hausse de 11% à 447,2 millions d'euros pour l'année 2016 et une approche optimiste pour 2017. A l'inverse, TechnipFMC a cédé 3,35% à 30,30 euros. A Milan, l'indice FTSE Mib a gagné 0,79% à 18.889 points. CNH Industrial a réalisé la plus forte hausse (+5,39% à 8,61 euros), suivi de StMicroelectronics (+5,00% à 13,23 euros) et de Poste Italiane (+3,85% à 6,07 euros). Saipem enregistre la plus forte baisse (-2,75% à 0,46 euro), suivi d'Unicredit (-1,65% à 26,16 euros) et d'UBI Banca (-1,47% à 3,228 euros). A Madrid, l'indice Ibex-35 a progressé de 0,81% à 9.406,40 points. Les investisseurs ont bien réagi aux résultats annuels de CaixaBank, lui faisant gagner 2,94% à 3,50 euros. Banco Santander a pris 1,59% à 5,29 euros et Banco Popular a cédé 0,32% à 0,94 euro. Les titres liés à la distribution d'énergie étaient en hausse: Gas Natural a pris 2,61% à 18,07 euros, Endesa 1,24% à 19,18 euros et Enagas 1,72% à 22,79 euros. L'aciériste Acerinox a connu la plus forte hausse de l'indice (+4,45% à 13,39 euros) après un changement de recommandation. La Bourse de Lisbonne a pris 0,68% à 4.498,21 points, dynamisée par le rebond du secteur énergétique. Le titre de l'électricien EDP a gagné 1,24% à 2,70 euros (contre -0,67% à 2,67 euros la veille) et sa filiale pour les énergies renouvelables EDP Renovaveis a progressé de 0,30% à 5,95 euros (contre -0,24% à 5,93 euros la veille). Galp Energie a augmenté de 0,74% à 13,60 euros. Contre-performance de la journée, la banque BPI a cédé 0,09% à 1,13 euro. L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a gagné 0,53% à 482,19 points. Arcelor Mittal a gagné 2,78% à 7,54 euros et le groupe de télécommunications KPN 2,03% à 2,61 euros. Le groupe de forage pétrolier et gazier SBM a chuté de 2% à 14,70 euros et l'assureur NN Group de 1,24% à 32,21 euros. La Bourse suisse est repartie dans le rouge, l'indice SMI reculant de 0,63% à 8.276,70 points. Les bancaires ont été particulièrement chahutées: UBS a perdu 1,26% à 15,71 francs suisses et Credit Suisse 2,37% à 14,82 francs suisses. L'horloger Swatch, dont le bénéfice a reculé de 47% en 2016, mais qui s'attend à une "croissance saine" en 2017, est monté de 1,00% à 354,20 francs suisses. En tête, LafargeHolcim a pris 1,12% à 54,25 francs suisses. L'indice Bel-20 de la Bourse de Bruxelles a pris 0,33% à 3.586,83 points. Le groupe de métallurgie Umicore affichait la meilleure performance (+1,85% à 53,88 euros). Le groupe immobilier Cofinimmo a reculé de 1,32%, à 104,50 euros. Wall Street poursuit son surplace Wall Street a fini sans grand changement jeudi, au terme d'une séance hésitante, le marché restant sur la défensive après les mesures isolationnistes prises par le président Donald Trump ces derniers jours. L'indice Dow Jones a abandonné 6,03 points ou 0,03% à 19.884,91 alors que le Standard & Poor's-500, plus large, a grappillé 1,30 point (0,06%) à 2.280,85. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 6,45 points, soit 0,11%, à 5.636,20. Les investisseurs tentent de déterminer les conséquences des dernières annonces de Donald Trump, comme sa condamnation (un "premier avertissement") d'un tir de missile balistique iranien dimanche, faisant suite à son décret anti-immigration et au retrait des Etats-Unis du Partenariat transpacifique. Après avoir accueilli dans l'euphorie l'élection du candidat républicain en novembre, pariant sur de rapides baisses d'impôts, des dépenses d'infrastructures et des mesures de dérégulation, le marché marque le pas depuis fin décembre en s'interrogeant sur les priorités véritables de Donald Trump. Le S&P-500, indice de référence des gérants américains, est au même niveau qu'il y a six semaines. "On est tiraillé entre des éléments positifs à court terme, s'agissant des données économiques et de la saison des résultats, et une certaine confusion autour de ce que la nouvelle administration semble juger important pour ses 100 premiers jours", commente Art Hogan, stratège chez Wunderlich Equity Capital Markets à New York. "On se demande quand on aura des choses comme une réforme fiscale", ajoute-t-il. "Le marché n'avait 'prisé' que ce qui lui plaisait, comme les baisses d'impôts", renchérit Arian Vojdani, chez MV Financial à Bethesda (Maryland). "Maintenant on voit l'émergence d'une politique potentiellement protectionniste et populiste, qui serait néfaste pour l'économie mondiale. C'est pour cette raison que le marché est sur la défensive." Les investisseurs ont ainsi largement ignoré la saison des résultats alors que les bénéfices des sociétés du S&P-500 sont désormais attendus en hausse de 7,5% sur le trimestre octobre-décembre, selon les données Thomson Reuters I/B/E/S, ce qui serait leur meilleure performance en neuf trimestres. Les indicateurs économiques ne suscitent guère plus de réaction. Après l'enquête ADP et la composante emploi de l'indice ISM manufacturier mercredi, l'annonce d'une baisse bien plus forte qu'attendu des inscriptions au chômage la semaine dernière laisse pourtant augurer d'une bonne statistique mensuelle des créations d'emplois vendredi. La Réserve fédérale a, comme attendu, maintenu ses taux d'intérêt mercredi à l'issue de la réunion de son comité de politique monétaire mais elle n'a rien laissé filtrer sur la date d'un prochain resserrement, attendant elle aussi d'avoir plus de clarté sur la politique de Donald Trump. Ralph Lauren chute Six des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en hausse, avec en tête le compartiment défensif de l'immobilier qui a gagné 1,25%. Le groupe pharmaceutique Merck, en hausse de 3,35%, a signé la meilleure performance du Dow Jones après ses résultats trimestriels, dont les investisseurs ont surtout retenu des prévisions rassurantes pour 2017. Philip Morris (+3,01%) a aussi été recherché après ses résultats alors que l'assureur Metlife (-4,56%) et les papetiers International Paper (-5,58%) et Resolute Forest Products (-18,3%) ont été lourdement sanctionnés. Sur le Nasdaq, Facebook a fini en baisse de 1,79% à 130,84 dollars après avoir atteint en matinée un record à 135,49. Le réseau social a publié mercredi soir des résultats trimestriels meilleurs que prévu mais en annonçant aussi d'importants investissements pour 2017. Amazon.com, Visa et Amgen devaient à leur tour publier à la clôture. Parmi les valeurs moyennes, Ralph Lauren a chuté de 12,32%, à son plus bas niveau depuis six ans, après l'annonce de la démission surprise de son directeur général. En vedette, Mead Johnson a bondi de 21,41% après l'annonce par le britannique Reckitt Benckiser de négociations avancées en vue de l'acquisition du spécialiste de la nutrition infantile pour environ 16,7 milliards de dollars (15,5 milliards d'euros). Le distributeur Macy's, dont le New York Post a évoqué une possible vente, s'est également distingué en gagnant 5,17%.