Kering a publié vendredi des résultats 2016 en très forte hausse et supérieurs aux attentes après trois ans de repli, portés par les brillantes performances de Gucci et Saint Laurent qui ont permis de compenser le recul de Bottega Veneta. Le groupe récolte les fruits de la relance de Gucci, son principal centre de profits. Reprise en main début 2015 par l'ancien dirigeant de Bottega Veneta Marco Bizzarri, la griffe florentine a fait l'objet d'une refonte stylistique totale sous la houlette du directeur artistique Alessandro Michele. Avec des chiffres unanimement jugés solides par les analystes, le titre Kering affiche l'une des plus fortes hausses du marché parisien (+2,36% à 10h30). "Kering a fait nettement mieux que prévu. Gucci récolte les fruits d'une brillante relance", souligne Luca Solca, analyste d'Exane BNP Paribas. Après deux années difficiles, Gucci a renoué avec une croissance à deux chiffres pour la première fois depuis 2012. Ses ventes ont grimpé de 12,7% en 2016 en données comparables, signant de loin la meilleure performance du secteur du luxe. Sur le seul quatrième trimestre, les ventes de la marque ont décollé de 21,4%, dépassant toutes les attentes (consensus de +13%), une performance d'autant plus remarquable que, fort de son succès, Gucci a renoncé aux soldes et promotions en fin d'année. Comme ses concurrents, la marque a profité d'un environnement devenu plus porteur pour le luxe en fin d'année, avec un rebond de la consommation en Chine et une amélioration des flux touristiques en Europe. Elle a aussi bénéficié d'une hausse à deux chiffres de ses ventes en ligne et du déploiement des collections d'Alessandro Michele, dont la part a atteint 85% du chiffre d'affaires à la fin 2016. De son côté, Saint Laurent a poursuivi sa très brillante trajectoire, bouclant l'année sur une croissance organique de 25,5%, alors que la marque n'a pas encore opéré la transition avec les collections du successeur de Hedi Slimane, Anthony Vaccarello dont la première collection en septembre a été "très bien accueillie par les distributeurs", selon le directeur financier de Kering Jean-Marc Duplaix. Marges en hausse Ces performances, avec celles de l'équipementier sportif Puma qui a confirmé son redressement, ont permis de compenser la faiblesse de Bottega Veneta, dont les ventes ont décroché de 9,4% l'an dernier, plombées par une exposition excessive à la clientèle asiatique et une offre peu diversifiée. La marque, en perte de vitesse depuis près de deux ans, est passée derrière Saint Laurent en termes de ventes, et Kering a confié à l'ancien PDG de Hugo Boss la charge de la redresser. Au total, en 2016, les ventes de Kering ont progressé de 6,9% à 12,385 milliards d'euros, dépassant le consensus de 12,28 milliards réalisé par Inquiry Financial pour Reuters. A taux de change constants, la croissance a atteint 8,1% (après une hausse de 10,4% sur le seul quatrième trimestre), signant une très forte accélération par rapport aux 4,6% de l'année précédente. Le résultat opérationnel courant du groupe grimpe de 14,5% à 1,89 milliard d'euros (consensus de 1,83 milliard) et la marge opérationnelle atteint 15,2% contre 14,2% en 2015, grâce au redressement de la rentabilité de Gucci à 28,7% et la progression de celle de Saint Laurent qui dépasse pour la première fois la barre des 20%, à 22,0%. Cette forte progression des résultats s'est traduite par une génération de cash flow libre opérationnel quasiment doublée à 1,189 milliard d'euros. La hausse atteint 26% pour le résultat net récurrent part du groupe à 1,28 milliard et le dividende proposé ressort à 4,60 euros, contre 4,0 euros un an plus tôt.