Malgré l'opération de la Minusca, le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) poursuit lentement sa progression vers Bambari. Le FPRC et le Mouvement patriotique centrafricain (MPC) ont promis de prendre Bambari pour en déloger Ali Darass, le chef de l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC) qui y a établi son quartier général il y a quelques années. La guerre entre la coalition et l'UPC fait rage depuis plusieurs mois dans cette province de la Ouaka. L'opération de la Minusca samedi 11 février ne semble pas avoir complètement stoppé l'avancée des troupes de la coalition FPRC-MPC vers le Sud, en direction de Bambari. Si plusieurs pickups ont été détruits à Ngawa 1 par l'hélicoptère des Nations unies, les éléments de la coalition ont semble-t-il poursuivi à pied, empruntant les sentiers pour entrer discrètement dans Ippy, à une douzaine de kilomètres plus au Sud. En douceur, sans combattre, les hommes du FPRC ont donc franchi la fameuse ligne rouge établie par l'ONU. A Ippy se trouve une base temporaire de la Minusca et des casques bleus mauritaniens et bangladais. De nombreux déplacés y avaient trouvé refuge, mais certains ont repris la route. Plusieurs centaines de familles seraient arrivées à Bambari, selon une source humanitaire qui explique que leur décompte est toujours en cours. Par ailleurs le FPRC serait en train de renforcer ses positions à l'autre bout de la ligne de front. " [Dimanche] soir, nous avons vu une trentaine de motos sur lesquelles il y avait des combattants armés arriver du Nord ", confie une source à Kaga Bandoro. Des combattants rejoints par d'autres dans la nuit et qui seraient tous partis au petit matin vers Mbrès en contournant le check-point de la Minusca censé empêcher la traversée de Kaga Bandoro. Une fois à Mbrès, les combattants sont à peine à une journée de Bakala où commence la ligne de front. Ville stratégique Pour un groupe armé, Bambari constitue un carrefour stratégique à plusieurs égards. L'homme fort de la ville, Ali Darass, y a mis en place un système de prélèvement de taxes sur les commerçants qui y vivent ou qui y transitent. Moyennant finance, l'UPC accorde sa protection aux transhumants qui convoient les troupeaux de bovins. Par ailleurs, en 2015, un rapport de l'ONG Global Witness démontrait que les compagnies internationales qui exploitent le bois dans la région payaient une redevance aux groupes armés et notamment à l'UPC. Mais surtout, Ali Darass tire d'importants profits du commerce du café dans la Ouaka, et des mines d'or de Ndassima à une soixantaine de kilomètres au nord de Bambari. Enfin, la ville a un intérêt opérationnel majeur. Le FPRC qui, avec son allié le MPC, a promis de prendre la ville, rappelle régulièrement ses velléités de partition de l'est de la Centrafrique. Partition à laquelle Ali Darass s'est toujours dit opposé. En prenant Bambari, la coalition s'octroierait des revenus conséquents, se débarrasserait d'un ennemi encombrant, et s'assurerait une liberté de mouvement pour ses troupes dans la moitié est du pays. Mais Bambari est coupée en deux. La partie occidentale de la ville est contrôlée par les anti-balaka de Gaëtan Boade qui verraient d'un bon oeil qu'Ali Darass soit poussé dehors mais qui craignent cette partition. Des anti-balaka qui pour le moment restent l'arme au pied.