Les cours du pétrole ont atteint jeudi leur plus haut niveau depuis la mi-2015 à New York, après des chiffres hebdomadaires bien accueillis sur l'état des réserves américaines. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a gagné 86 cents à 54,45 dollars sur le contrat pour livraison en avril au New York Mercantile Exchange (Nymex), un niveau sans précédent à la clôture depuis un an et demi. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a gagné 74 cents à 56,58 dollars sur le contrat pour livraison en avril à l'Intercontinental Exchange (ICE). "Le marché a trouvé de l'élan dans le fait que les réserves américaines ont bien moins augmenté que ce qui était prévu", a expliqué Mike Lynch, de Strategic Energy & Economic Research. Avec une hausse de 600.000 barils la semaine dernière, les stocks de brut atteignent certes un niveau sans précédent, selon les chiffres publiés jeudi par le département de l'Energie (DoE), mais les analystes redoutaient bien pire. "Les chiffres du DoE sont favorables par rapports aux attentes du marchés (...) et témoignent d'un marché plus équilibré grâce à une chute des importations", a écrit Tim Evans, de Citi. Certes, la production américaine a, elle, monté, au moment où les analystes craignent de la voir durablement repartir, mais la baisse des importations pourrait être une bonne nouvelle dans le contexte actuel de grands accords entre pays producteurs.
Marché "tiraillé" Ces pactes, auxquels ne participent pas les Etats-Unis, ont été signés par les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d'autres pays comme la Russie et imposent depuis le 1er janvier des baisses de production précises pour chaque signataire. "Les investisseurs entendaient dire que l'Opep respecte bien ces accords", le cartel ayant tenu des propos en ce sens, "mais cela ne se traduisait pas dans les réserves américaines", a expliqué M. Lynch. "C'est maintenant le cas avec cette baisse des importations et cela encourage à croire à un recul des prix dans un proche avenir." Qui plus est, le DoE a aussi annoncé de nettes baisses des réserves d'autres produits que le brut, comme l'essence et, surtout les distillés (fioul de chauffage, gazole...). Dans l'ensemble, "le rapport du DoE va à l'encontre de la récente tendance", c'est-à-dire des bonds de toutes les réserves, "avec des chiffres favorables sur les trois grands domaines - brut, essence et distillés", a écrit Matt Smith, de ClipperData. Pour autant, les observateurs soulignaient que les stocks américains restent à des niveaux très élevés, voire sans précédent, et qu'il est encore bien trop tôt pour évoquer un réel rééquilibrage. Pour le brut, "les deux précédentes semaines avaient vu des hausses de 13,8 et 9,5 millions de barils", a souligné M. Evans, pour qui les chiffres du DoE "ne font peut-être que démontrer le côté irrégulier des importations hebdomadaires." Quant à la hausse de la production, elle risque encore de diriger l'attention vers le pétrole de schiste américain, dont les extractions accélèrent ces derniers mois. Le marché reste "tiraillé entre les baisses effectuées par l'Opep et l'accélération de l'activité dans le schiste", a conclu M. Smith.
Hausse en Asie Les cours du pétrole repartaient à la hausse jeudi en Asie grâce à l'annonce inattendue d'une baisse estimée des réserves américaines de brut. Vers 04h45 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, prenait 46 cents à 54,05 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour avril, gagnait 45 cents à 56,29 dollars. La fédération privée American Petroleum Institute (API) a estimé que les réserves américaines de brut avaient baissé de 884.000 barils au cours la semaine dernière. Toute baisse des stocks américains est interprétée comme une hausse de la demande de la première économie mondiale, ce qui soutient les cours. "Les estimations de l'API sont plus basses que prévu, ce qui réduit les craintes (d'une offre surabondante aux Etats-Unis) et met les cours à la hausse", a déclaré Jeffrey Halley, analyste chez OANDA.
Les stocks de pétrole montent Les stocks de pétrole brut ont légèrement augmenté la semaine dernière aux Etats-Unis et atteint un niveau record, mais leur hausse est plus faible que prévu, selon les chiffres publiés jeudi par le département de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 17 février, les réserves commerciales de brut ont monté de 600.000 barils pour atteindre 518,7 millions de barils, un niveau jamais vu, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient de façon médiane sur un bond de 3,25 millions de barils. Les investisseurs semblaient déjà s'attendre à des chiffres moins défavorables que les prévisions des analystes, puisque l'American Petroleum Institute (API) avait préparé les esprits la veille au soir en tablant carrément sur une baisse des stocks de brut. Habituellement publiés le mercredi, les chiffres du DoE étaient retardés d'une journée à cause d'un week-end prolongé lundi. A ce niveau, les réserves commerciales de brut s'inscrivent en hausse de 8,9% par rapport à la même époque de l'année précédente et restent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période. Le DoE a aussi annoncé un recul de 2,6 millions de barils des réserves d'essence, alors que les experts interrogés par Bloomberg ne s'attendaient qu'à une baisse de 1,5 million. Elles s'affichent exactement au même niveau qu'à la même époque de 2016 et se situent à la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période. Les stocks de produits distillés (fioul de chauffage...) ont aussi plus baissé que prévu avec un recul de 4,9 millions de barils, les experts de Bloomberg ne prévoyant qu'un déclin d'un million. Ils s'inscrivent néanmoins en hausse de 2,7% par rapport à la même période de l'année précédente et se maintiennent au-dessus de la fourchette moyenne à cette époque.
Les raffineries ralentissent Très surveillée par les observateurs au moment où les compagnies semblent accélérer l'extraction de pétrole de schiste, la production américaine a monté de 24.000 barils par jour (bj), passant le seuil des neuf millions de bj à 9,001 bj. Les réserves de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, Sud), également scrutées puisqu'elles servent de référence à la cotation du baril new-yorkais, ont chuté de 1,6 million de barils à 63,0 millions. Toutes catégories confondues, les réserves américaines de produits pétroliers ont baissé de 11,0 millions de barils, soit quasiment l'ampleur de leur hausse la semaine précédente. Les raffineries américaines, actuellement en période de maintenance, ont encore ralenti la cadence, fonctionnant à 84,3% de leurs capacités, contre 85,4% la semaine précédente. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 19,8 millions de bj de produits pétroliers, soit une hausse de 0,7% par rapport à la même période de 2016. Sur la même période, la demande d'essence a baissé de 5,2% mais celle de produits distillés a bondi de 14,4%, dans les deux cas sur un an.