Les cours du pétrole ont baissé vendredi, l'actualité du marché se résumant à un indicateur hebdomadaire qui témoignait une nouvelle fois du risque de reprise marquée de la production américaine. Le prix du baril de "light sweet crude", référence américaine du brut, a perdu 46 cents, à 53,99 dollars sur le contrat pour livraison en avril au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a cédé 59 cents à 55,99 dollars sur le contrat pour livraison en avril à l'Intercontinental Exchange (ICE). "Le marché a fini la semaine sous une certaine pression", a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. "On fait face à une hausse des réserves aux Etats-Unis (...) et à une production qui continue de monter au moment où le nombre de puits actifs a encore augmenté." Selon un décompte hebdomadaire publié ce vendredi par le groupe Baker Hughes, cinq unités se sont ajoutées cette semaine aux puits en activité aux Etats-Unis, dans la lignée d'une tendance observée depuis plusieurs mois. "A une cinquantaine de dollars le baril, le niveau des cours encourage la reprise des forages", a écrit Matt Smith, de ClipperData. Si cette hausse reste cette fois minime et n'est pas une surprise pour les investisseurs, elle s'inscrit dans un contexte de réserves de brut sans précédent: jeudi, les chiffres du département de l'Energie (DoE) avaient encore fait état d'une légère progression des stocks la semaine précédente. Les compagnies américaines semblent largement encouragées à faire repartir leur activité par le fait que de nombreux autres pays, dont les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), sont en train de mener des baisses concertées de production à la suite d'accords conclus fin 2016.
Rééquilibrages Mais, "le marché est plutôt dans le flou quant à l'efficacité des baisses de production lors des prochains mois", a reconnu M. Lipow. Certes, l'Opep a récemment assuré que les accords sont quasiment respectés à 100%, mais le marché manque de preuves concrètes, certains analystes voyant quand même un bon signe dans une chute des importations vers les Etats-Unis. Toutefois, "les chiffres sur les exportations, que ce soit de l'Opep ou non, ne témoignent pas d'un respect de ces accords", a prévenu M. Smith, remarquant notamment que le cartel avait mené en février des cargaisons supérieures à leur niveau de l'automne. Quand bien même les pactes seraient bien respectés, ils ne sont pour le moment censés courir que pour six mois et les analystes se demandent de plus en plus quelle sera leur pérennité. "Il y a toujours de l'incertitude, notamment sur la durée pendant laquelle l'Opep va maintenir ses baisses de production", a expliqué James Williams, de WTRG Economics. En fin de compte, la semaine ne s'est pas révélée décisive pour le marché, qui l'achève proche de son niveau de vendredi dernier, même s'il a entretemps réussi à finir au plus haut depuis un an et demi à New York. Cette dernière séance a surtout été marquée par "des rééquilibrages de comptes avant le week-end", a écrit Tim Evans de Citi. "En ce qui concerne le pétrole, c'était une journée pauvre en actualité."
Baisse en Asie L'or noir repartait vendredi matin à la baisse en Asie après avoir touché à New York son plus haut niveau depuis la mi-2015. Vers 03H30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, reculait de 11 cents à 54,34 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour avril, cédait 12 cents à 56,46 dollars. Le département américain de l'Energie (DoE) a fait état jeudi d'une hausse de 600 000 barils la semaine dernière des stocks de brut à un niveau certes sans précédent, mais finalement moins élevé que ce que redoutaient les analystes. "La hausse est moins forte que ce à quoi le marché s'attendait, ce qui fait que la baisse n'efface pas tout ce que les cours ont récemment gagné", a observé Pan Jingyi, analyste chez IG Markets.