George W. Bush devait dire lundi son refus d'un retrait précipité d'Irak et la nécessité d'agir vite pour parer le risque d'une récession, les deux grands soucis des Américains, lors de son dernier discours annuel sur l'état de l'Union. M. Bush devait se prêter, à cette grand-messe politique avec l'intention de convaincre ses compatriotes - tentés de le croire dépassé et de se préoccuper davantage de la campagne présidentielle - qu'il faut encore compter avec lui jusqu'en janvier 2009. A l'aube des douze derniers mois qui lui restent à la Maison Blanche, la santé de l'économie a supplanté la guerre en Irak en tête des inquiétudes des Américains, disent les sondages. Or, selon une enquête d'opinion pour la chaîne NBC et le quotidien The Wall Street Journal, 64% des Américains désapprouvent la manière dont M. Bush gère les affaires économiques et 67% celle dont il conduit la guerre. Devant l'ensemble de la classe politique, M. Bush devait "rappeller aux gens à quoi ressemblait l'Irak il y a un an", quand il a pris la décision controversée d'y augmenter le nombre de soldats américains, selon sa porte-parole, Dana Perino. Il devait expliquer que, malgré l'amélioration de la sécurité, ce "serait une très mauvaise décision de retirer les troupes de manière irréfléchie". M. Bush a annoncé en septembre le retrait d'environ 30.000 hommes d'ici à juillet. Bien que la majorité des Américains continue à réclamer le retour des soldats, de hauts responsables indiquent qu'il attendra un rapport prévu au printemps pour décider de rappeler ou non davantage de soldats après juillet. Celui ou celle qui héritera de ce lourd dossier sera peut-être dans l'assistance lundi: les candidats démocrates Hillary Clinton et Barak Obama interrompront brièvement leur campagne pour venir l'écouter. M. Bush devait aussi évoquer les chances qu'Israéliens et Palestiniens concluent un accord de paix avant la fin de son mandat. Dans un climat de tensions avec l'Iran, M. Bush entendait montrer du doigt les activités nucléaires et balistiques de la République islamique, dénoncer le soutien aux organisations considérées comme terroristes et l'oppression intérieure, a dit son conseiller Ed Gillespie. Il comptait dire au régime islamique: vous "devriez arrêter cela et rejoindre la communauté internationale des nations" et l'offre américaine de "dialogue est toujours sur la table si les Iraniens sont disposés à cesser l'enrichissement" d'uranium. Face au risque de récession, M. Bush devrait pousser à la mise en oeuvre rapide d'un plan de relance qui a donné lieu à un rare accord politique. "Je ne crois pas qu'il y aura récession", a-t-il dit au programme de radio d'ABC, "l'état de l'Union est fort, les perspectives économiques à long terme pour l'économie sont bonnes, mais nous devons faire quelque chose à court terme". Sa propre administration a reconnu qu'il fallait être "réaliste": le peu de temps qui lui reste et la cohabitation conflictuelle avec un Congrès où ses adversaires démocrates sont majoritaires ne lui permettent plus d'initiatives majeures. M. Bush devait donc appeler cette fois à achever "le travail pas fini", exhorter à pérenniser des rabais fiscaux, à adopter une loi contestée sur les écoutes antiterroristes. Le président n'a plus l'approbation que d'environ 30% des Américains. Les difficultés économiques ajoutent à ses ennuis. Quand M. Bush aura fini de prononcer son discours, "le moment sera venu pour nous tous de porter notre attention sur le prochain président", a dit Mme Clinton lors d'une réunion de campagne dans le Connecticut. "Si nous faisons tous ce qu'il faut, ce sera un président démocrate qui prononcera le discours sur l'état de l'Union l'an prochain", a-t-elle ajouté.