A la veille de la réunion de l'Opep, prévue le 1e février, M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines et président de l'organisation pétrolière, a indiqué que "la plupart des membres de l'Opep pensent qu'on ne doit pas augmenter la production, parce qu'on a suffisamment de pétrole disponible". Dans un entretien accordé à la chaîne d'informations Euronews, M. Khelil a précisé que "le prix du pétrole n'est pas seulement déterminé par l'offre et la demande". Refusant de lier exclusivement l'évolution des prix aux fondamentaux, le président de l'Opep a cité d'autres facteurs responsables de la flambée des prix, à savoir le manque d'investissement et les questions géopolitiques. Il a souligné, par exemple, qu'au moment de la crise Iran-Etats-Unis, le prix du pétrole est monté. Par ailleurs, la dévaluation du dollar a une forte influence sur le prix du pétrole, a-t-il ajouté, "et aussi quand vous avez la crise des subprimes, et la récession, ça peut avoir également un impact important sur la demande, et donc, sur le prix du pétrole". Pour M. Khelil, se sont là tous les éléments qui seront étudiés lors de la réunion de vendredi, ajoutant, cependant, qu' il y a beaucoup de réserves sur le marché et "le problème, c'est qu'au second trimestre, la demande pourrait baisser". Concernant l'évolution des prix pour cette année 2008, le président de l'organisation ne s'inscrit pas dans la logique de certains experts qui prédisent un prix proche des 120 dollars le baril. "Je ne crois pas que le prix du pétrole va monter si haut", a-t-il estimé. Evoquant la possibilité d'une récession, il a déclaré que "cette récession aurait un impact sur la demande, donc il pourrait y avoir moins de demande cette année que l'année dernière. Cela aura un impact sur la livraison de brut". M. Khelil a insisté, à ce titre, sur le fait que l'Opep ne produit pas plus de 40 % de la production totale, "60 % viennent d'autres pays, et nous comptons sur ces autres pays producteurs pour faire face à la hausse de la demande cette année". Ce qui ramène le ministre à conclure que "s'il y a moins de demande, il n'y a pas de raison que l'Opep fournisse plus de pétrole". A une question relative à la cotation du prix du pétrole en euro, M. Khelil a répondu que "passer à une autre devise ne va pas changer vraiment la donne". Pour ce qui est des capacités de l'Opep à étendre son volume de production de façon signifiante, son président a souligné que l'un des premiers obstacles pour l'exploitation de nouveaux forages, pour le développement, que ce soit au sein de l'Opep ou non, reste les ressources humaines. "Dans les années 1990, quand le prix du pétrole était très bas, le plus gros de la main-d'œuvre a alors quitté le secteur pétrolier. Et aujourd'hui que nous avons besoin de plus de main-d'œuvre, elle n'est pas disponible. Il y a donc beaucoup de formation à entreprendre pour obtenir cette main-d'œuvre". Deuxièmement, le coût. Les services sont deux fois plus chers. Un problème vient également des signaux émis aux pays producteurs par les pays consommateurs quand ils décident de se tourner vers le solaire, miser sur le nucléaire ou produire du bio-éthanol. "C'est un mauvais message que vous donnez, on se dit ensuite, pourquoi augmenter la production, si demain la demande ne suit pas?". M. Khelil a, par ailleurs, tempéré les récentes déclarations annonçant la création d'une Opep du gaz pour le mois de juin. Selon lui, c'est n'est pas le bon moment pour avoir une organisation de ce genre, ajoutant qu'il ne vois pas ce "qu'elle pourrait faire pour aider à stabiliser le marché, car il est déjà établi via des contrats à long terme et des prix qui ont été fixés sur la base de ceux du pétrole".